La destruction des kiosques et des maisons construits anarchiquement le long des routes se poursuit dans la municipalité de Bujumbura et dans d’autres coins du pays. Les victimes pleurent à chaudes larmes. Ils disent que cette activité va les plonger dans une pauvreté criante. Le maire de la ville de Bujumbura leur demande d’aller occuper des stands dans les marchés réhabilités. Reportage
Nous sommes samedi le 19 juin 2021 dans la zone Cibitoke de la commune Ntahangwa. Vers 11 h, une nuée de gens s’observe sur la RN9. Ils assistent avec amertume à la démolition des kiosques et des maisons construits de façon anarchique le long de cette route nationale qui relie la capitale économique au chef-lieu de la province Bubanza. Des maisons, des salons de coiffure, des boucheries, des alimentations, des débits de boissons, des studios, des restaurants, des cafeteria etc, construits anarchiquement le long de la RN9 ont été rasés. Des jeunes garçons vigoureux tenaient en main des marteaux et d’autres matériels en fer pour rendre facile ce travail. Ils visaient des kiosques ou toutes autres infrastructures marqués de croix en couleur rouge sur leurs murs. Les passagers qui empruntent la RN9 qui assistaient à cette opération ont été pris d’une peur panique. Lors de cette activité, ils s’arrêtaient un à un pour regarder ce qui se passe. C’était comme s’il s’agissait d’un travail fastidieux.
Les commerçants s’en inquiètent. «C’est pour nous une journée cauchemardesque», déplore un propriétaire d’un salon de coiffure démoli. Les larmes aux yeux, ce coiffeur ne voit pas sur quel pied danser. Un propriétaire d’une boutique qui a subi le même sort abonde dans le même sens : «Cette boutique me permettait de prendre en charge ma famille». Ces commerçants font savoir que la perte subie est énorme. Certains parmi eux avaient déjà payé des avances aux proprietaires de ces infrastructures. Ils craignent que leurs avances ne leur soient pas remises. Selon toujours eux, la pauvreté va trop affecter les victimes.

La destruction des kiosques et des maisons construits anarchiquement le long des routes se poursuit dans la municipalité de Bujumbura et dans d’autres coins du pays.
La sensibilisation n’a pas été effective
Une des propriétaires des parcelles dont les boutiques ont été détruites se lamente du fait que la mairie de Bujumbura n’a pas avisé la population de cette démolition. Selon lui, ils ont été surpris. La sensibilisation n’a pas eu lieu comme il le fallait. Raison pour laquelle les pertes socio-économiques sont énormes. L’administration, de la base au sommet, aurait pu organiser des campagnes de sensibilisation. Nonobstant, cela n’a pas eu lieu, déplore-t- elle.
Des pertes socio-économiques seront enregistrées
Un ex-administratif s’exprimant sous couvert d’anonymat indique que la perte n’est pas seulement du côté des proprietaires des boutiques. Selon lui, même le gouvernement va enregistrer une grande perte pendant une certaine période en attendant que ces commerçants s’installent dans les autres endroits. «Ces commerçants payaient des taxes aux communes et à l’OBR. Alors, passer à leur démolition aura un impact négatif sur l’économie du pays, car c’est une activité qui est en train d’être effectuée sur tout le territoire national », indique-t-il.
On ne fait pas d’omelette sans casser les œufs
Néanmoins, il laisse entendre que la taille des routes sera élargie. Selon toujours lui, les gens se sont arrogés le droit de construire des maisons et des kiosques au bord des routes sous prétexte que ces endroits sont situés juste à côté de leurs parcelles. Ils profitent de la distraction de certains administratifs et c’est déjà devenu une habitude. Dans certains coins du pays, des cabarets sont créés au bord des routes et les amateurs de la sainte mousse y installent des chaises pour se mettre à l’aise. Et d’ajouter qu’il a été constaté que de petits marchés ont poussé autour des routes dans différents quartiers de la ville de Bujumbura. Selon toujours lui, cela constitue un handicap au niveau de la mobilité parce que les routes sont devenues exiguës et cela ne cesse pas de causer des accidents. Pire encore, d’autres construisent des kiosques ou des maisons dans la partie réservée aux installations de la Regideso et de l’Onatel. Selon lui, il était déjà temps que le gouvernement réagisse pour inverser la tendance. Et, pour gagner le pari, cet ex- administratif estime qu’on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs.
Jimmy Hatungimana, Maire de la ville de Bujumbura fait savoir que tous les kiosques ou autres infrastructures construites anarchiquement doivent être détruites. Il cite par exemple ceux qui sont construits dans la partie réservée aux installations de la Regideso ou de l’Onatel. Selon lui, un délai suffisant a été accordé aux propriétaires de ces infrastructures pour qu’ils procèdent à leur destruction de leur propre gré. Nonobstant, Il indique qu’il a été constaté que certains de ces propriétaires n’ont pas répondu à cet appel. Selon Hatungimana, c’est la raison pour laquelle l’administration elle-même s’est décidée à les détruire. Pour ceux qui disent qu’il s’observe quelques irrégularités dans l’accomplissement de cette activité, Hatungimana demande aux administratifs à la base d’inverser la tendance. Il demande aussi aux propriétaires des kiosques qui ont été détruits d’aller louer des stands dans les marchés réhabilités de la municipalité de Bujumbura comme celui de Ngagara qui est jusqu’à maintenant occupé à seulement 30%.
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