Commerce

Détaxation du sucre : Bientôt une file de moins ?

Le ministre ayant les finances dans ses attributions a annoncé ce 13 juin 2024 la volonté du gouvernement du Burundi de détaxer le sucre. Et tout cela dans le but de faciliter la tâche à quiconque voudrait importer le sucre de l’étranger. Cette stratégie parviendra-t-elle à maîtriser la pénurie du sucre ?

Les quantités du sucre importées oscillent autour de 45 mille tonnes par an, soit plus du double de la production annuelle de la Sosumo.

« Il y avait trop de taxes sur le sucre, à savoir : la taxe sur la consommation, la TVA et les droits de douane à hauteur de 100 %. Ces mesures avaient pour objectif de protéger la Sosumo. Cependant, dans le budget révisé, nous avons supprimé la taxe sur la consommation, puis la TVA et enfin nous avons demandé que les droits de douane soient réduits de 100 % à 25 % dans la région. Ces mesures ont été prises pour faciliter l’importation du sucre de l’étranger. En effet, les industriels ne peuvent pas être compétitifs s’ils importent le sucre à un prix élevé ».

Audace Niyonzima, ministre des Finances, a annoncé ces changements lors de la séance plénière du 13 juin 2024 à l’Assemblée Nationale.

Une détaxation qui vaut la peine

Depuis sa création, la société sucrière du Moso a du mal à satisfaire sa clientèle. Sa capacité de production annuelle oscille autour de 20 mille tonnes. Une production qui évolue en dents de scie pour diverses raisons dont la vétusté du matériel, les aléas climatiques, la vieillesse des variétés de cannes à sucre cultivés, etc. Si la production stagne et chute parfois, la demande, elle, ne cesse d’augmenter. D’ailleurs, lorsque la Sosumo a commencé à produire le sucre, la population burundaise n’était que de 4 millions d’âmes contre 12 millions aujourd’hui. Sans parler de la multiplicité des entreprises agroalimentaires et de celles qui fabriquent des boissons qui nécessitent absolument l’utilisation du sucre et en grande quantité.

Pour résorber ce déficit, le choix restant est de faire recours à l’importation. Les quantités du sucre importées oscillent autour de 45 mille tonnes par an, soit plus du double de la production annuelle de la Sosumo. Malgré tout cela, le sucre reste une denrée rare au Burundi. Les différentes parties prenantes n’ont cessé de demander la libéralisation du commerce de cette denrée stratégique. Mais comme l’a dit un jour un responsable de la Sosumo « Importer plus de sucre peut être stratégique, mais aussi délicat. Le gouvernement a le devoir de protéger ses entreprises ».

Mille et une stratégies toujours en suspens

Pour protéger son entreprise et essayer d’éviter qu’elle soit noyée par les importations, plusieurs stratégies ont été envisagées. On citerait entre autres, un projet de réhabilitation, modernisation-extension de la Sosumo. Ce projet visait à réhabiliter les équipements de la Sosumo devenus obsolètes. L’objectif était de porter la production annuelle du sucre à 35 mille tonnes. Le coût de l’investissement y relatif s’élevait à plus de 132 milliards de FBu.

Le gouvernement du Burundi a également manifesté sa volonté de s’associer avec une entreprise indienne opérant en Ouganda du nom de Sarrai group. Dans une correspondance du 27 novembre 2023, le chef de cabinet civil du chef de l’Etat a demandé à la direction de la Sosumo d’accélérer le processus de partenariat avec cette société dans le but d’augmenter la production du sucre.

Un mois après, dans une émission publique, le chef de l’Etat a fait savoir qu’il a déjà visité Sarrai group. Selon ses témoignages, cette entreprise dispose des capacités et des compétences susceptibles de maîtriser les pénuries du sucre au Burundi. Surtout que c’est cette même entreprise qui a ressuscité la filière sucre en Ouganda, un pays qui jadis importait le sucre au Burundi. C’est pour cette raison que le chef de l’Etat a demandé à la société Sarrai Group de venir au Burundi pour s’associer à la Sosumo.

Le Burundi attendait beaucoup de Sarrai group

Le Burundi attendait beaucoup de ce partenariat qui devrait commencer avec le début de l’année 2024. Dans les prévisions, après trois ans, la production annuelle de cette société devrait atteindre 300 000 tonnes. Avec cette production, on envisageait une exportation annuelle de 200 000 tonnes de sucre. Ce qui constituerait une source de devises pour le Burundi. Au niveau de la création d’emplois, avec ce partenariat, le personnel devrait atteindre un effectif de 12000 personnes. En ce qui est du capital de cette nouvelle société, la part du Burundi serait constituée par les plantations de canne à sucre. Le reste serait libéré par la société Sarrai Group, selon le Président Ndayishimiye

En attendant la concrétisation de toutes ces stratégies, les consommateurs paient un lourd tribut en paie cher. Les pénuries du sucre s’éternisent. Les ménages se contentent de petites quantités de sucre disponibilisées dans les quartiers par les différents distributeurs agrées du sucre de la Sosumo. Ceux qui en consomment encore déplorent que le sucre est distribué irrégulièrement et souvent d’une façon inéquitable après des heures et des heures de queues devant les lieux de distribution, les cahiers de ménages dans les mains.

Signalons que la campagne sucrière de cette année a débuté au cours de cette semaine. La Sosumo projette une production de 20 mille tonnes, des quantités qui seront disponibles dans les différents points de ventes dans deux semaines selon les responsables de cette société.

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Florence Inyabuntu.

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