Entreprendre pour un jeune n’est pas toujours synonyme d’une promenade de santé. Dorine Niyongabo l’a découvert à ses dépens. Elle s’est lancée dans un projet de fabrication de savon liquide à Ngozi. Mais le parcours s’est avéré plus laborieux que prévu. Pour autant, elle n’a pas lâché prise. Elle pense donner à son entreprise un second souffle après des débuts difficiles. Burundi Eco vous amène à la découverte de cette entrepreneuse infatigable
Après avoir obtenu son diplôme A2 en gestion et comptabilité, Mme Dorine Niyongabo ne perd pas de temps à errer dans la ville de Bujumbura où elle venait de terminer ses études. Elle monte chez elle à Ngozi. C’est via les radios rwandaises facilement captées au nord du Burundi qu’elle suit les émissions en entrepreneuriat. Petit à petit, elle attrape la fibre entrepreneuriale. Cette ressortissante de la colline Rubuye dans la commune Ngozi décide d’aller suivre une formation en entrepreneuriat au Rwanda, plus précisément à l’école Eden Business Center de Ruyenzi, dans le district de Kamonyi. Elle apprend entre autres la fabrication des savons, des jus, mais aussi de la peinture. Elle y apprend également la transformation des déchets en énergie. Elle rentre avec un certificat de formation et une riche documentation.

Dorine Niyongabo promotrice de DBPC a du mal à se procurer les produits qu’elle utilise comme l’acide sulfonique, la soude caustique, etc.
Le choix du savon s’est imposé à elle
De retour à Ngozi, Mme Niyongabo veut coûte que coûte lancer sa propre entreprise. Elle opte pour la fabrication du savon pour plusieurs raisons. D’abord le savon est un produit de première nécessité. Tout le monde en a besoin et tout le monde doit l’acheter. Elle sait que le savon liquide qu’on utilise est importé. Mais ce qui plaide définitivement en faveur du savon c’est la disponibilité des produits qui servent à sa fabrication.
Un début hésitant
En juillet 2016, elle décide de se lancer avec un capital de 300 mille FBu qu’elle avait gagné dans le recensement électoral de 2015. Avec ces maigres moyens, elle parvient à se procurer de petites quantités de matières premières. Elle commence à fabriquer le savon DBPC qui porte le nom de sa toute nouvelle entreprise qu’elle distribue en premier lieu aux voisins et aux amis. Au départ, elle travaille dans la maison de ses parents où une chambre lui était réservée. Ensuite, elle mène une petite campagne publicitaire auprès des banques, des hôtels et autres institutions, mais aussi au marché de Ngozi. La nouvelle se répand alors comme une trainée de poudre : Dorine Niyongabo fabrique un bon savon liquide pour le nettoyage des vitres et des voitures, mais aussi pour la lessive.
Un coup de pouce au destin
Quand Mme Niyongabo entend parler du soutien que le projet PRODEFI apporte aux jeunes entrepreneurs, son sang ne fait qu’un tour. Elle s’y intéresse et parvient à se faire inscrire au concours annuel des projets organisé par PRODEFI. Le coup d’essai se révèle être un coup de maître. Son projet remporte la 3ème place. Il est primé à hauteur d’un million de FBu. Les responsables de PRODEFI intéressés par son projet viennent lui rendre visite à la maison où elle travaillait encore. PRODEFI loue par la suite un local pour elle et c’est parti !
Une production prometteuse
DBPC parvient vite à produire entre 10 et 20 bidons de 5 l de savon liquide par jour. « Au départ, on vendait un bidon à 10 mille FBu. Mais après avoir calculé, on a fixé le prix du bidon de 5 l de savon liquide à 13 mille FBu. On peut facilement vendre 3 à 5 bidons par jour », a indiqué cette mère de 2 enfants au reporter de Burundi Eco. Elle se rappelle sa participation à une foire à Bubanza. Elle parvenait à vendre plus de 200 bidons par jour. « C’était la période faste », se rappelle-t-elle avec mélancolie. Cette manne l’a beaucoup aidée à régulariser la situation administrative de son entreprise. Mais même dans les périodes difficiles, elle a déclaré qu’elle gagne autour de 200 mille FBu de bénéfice par mois.
DBPC en difficulté depuis 3 mois
Grâce à son entreprise Mme Niyongabo a pu donner de l’emploi à deux autres personnes. Dans la phase de démarrage, elle s’est même permis d’embaucher quatre travailleurs temporaires qui l’aidaient dans le marketing. Elle les rémunérait à raison de 10 mille FBu par jour. Mais depuis trois mois, son entreprise a des problèmes. Elle a du mal à se procurer les matières premières qu’elle achetait au Rwanda. Elle a des difficultés à se procurer l’acide sulfonique, la soude caustique le ungaro ainsi que les colorants. « Ils sont de plus en plus chers. La solution serait de les faire venir de Kampala. Mais là alors il faudrait les commander en grandes quantités pour qu’ils soient rentables. Chose qui n’est pas dans mes moyens », a fait savoir Mme Niyongabo. Ses employés sont en chômage technique en attendant la relance de la production qu’elle espère pour bientôt.
Une vision optimiste malgré des difficultés passagères
Malgré ces difficultés passagères, Mme Niyongabo garde le sourire. Elle se désole d’avoir été obligée d’arrêter la production, car les commerçants grossistes du marché central de Ngozi lui demandaient avec insistance de les approvisionner pour qu’ils puissent vendre son produit au détail. Mais elle ne s’avoue pas vaincue. Elle compte relancer bientôt les activités de DBPC. Elle compte partir au Rwanda pour s’approvisionner en matières premières. Elle voudrait aussi labéliser son produit en utilisant des emballages neufs, car elle utilisait jusque-là des emballages de récupération. Elle voudrait aussi se procurer des machines pour pouvoir produire de grandes quantités. En fait, jusque-là, elle fabriquait manuellement son produit. Elle regrette beaucoup que les banques n’accordent pas de crédit sans hypothèque. Elle trouve que c’est une excellente idée que l’Etat ait pensé à mettre sur pied une banque pour les jeunes. « Vivement que cette banque commence à fonctionner, on en a vraiment besoin », indique la jeune dame.
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