Le gouvernement du Burundi a mis en service trois barrages hydroélectriques,à Ruzibazi (15 MW), l’interconnexion Rusumo Falls (26,5 MW) et Kabu 16 (20 MW). La population espérait la fin des coupures intempestives du courant électriques, mais le déséquilibre entre l’offre et la demande d’électricité continue à aggraver les pannes de courant et les interruptions de service. Le réseau électrique du Burundi souffre également de la vétusté des infrastructures.
Plus de 50 MW ont été ajoutés au réseau électrique du Burundi ces deux dernières années. Il s’agit exactement de 26,5 MW en provenance du barrage régional Rusumo Falls construit sur la rivière Kagera, 20 MW produits par le barrage hydroélectrique Kabu 16 et 15 MW versés dans le réseau électrique depuis juillet 2022 en provenance du barrage hydroélectrique de Ruzibazi. La mise en service de ces centrales hydroélectriques marque le début de ce que les cadres du ministère ayant l’énergie dans ses attributions qualifient de « Renaissance du secteur énergétique au Burundi » et a donné l’espoir à une population fatiguée par les interruptions de service.
La construction de ces centrales hydroélectriques fait partie des initiatives entreprises par le gouvernement du Burundi en collaboration avec ses partenaires pour faire face au déficit énergétique. Pourtant, il est difficile d’évaluer leurs impacts sur terrain. Le déséquilibre entre l’offre et la demande sans cesse croissante d’énergie entraîne des délestages de plus en plus fréquents.
Pour rappel, la Regideso estimait en 2023 que le pays disposait d’une capacité de production installée d’environ 90 MW, dont environ 49 MW seulement de capacité hydroélectrique installée. Le reste de la capacité installée provenait des centrales thermiques exploitées par la Regideso totalisant 41 MW dont 30 MW servis par la société Interpetrol grâce à un contrat signé avec cette société nationale, mais qui devait être résilié selon les décideurs, car le coût d’achat était élevé.
La production de l ‘énergie reste donc insuffisante. Les données de la Banque mondiale révèlent que le taux d’électrification national est de 12 % de la population avec une différence considérable entre les taux d’accès dans les zones urbaines et rurales. Les experts évoquent un besoin de 1000 MW pour satisfaire la demande de l’énergie au Burundi.
La vétusté des infrastructures électriques empire la situation
A part le faible taux d’électrification du pays, le secteur énergétique du Burundi souffre de la vétusté des infrastructures du réseau électrique. Ce dernier connait des pertes techniques et commerciales élevées et des interruptions fréquentes de l’approvisionnement. Des explications confirmées par Ir Ibrahim Uwizeye, ministre ayant l’énergie dans ses attributions :« Le réseau est vétuste et parfois s’accommode mal au transport de l’électricité », a-t -il précisé devant les représentants du peuple avant de promettre que le gouvernement burundais prévoit, avec l’aide de ses partenaires au développement de réhabiliter les centrales hydroélectriques qui ne fonctionnent pas et d’améliorer les réseaux de transport et de distribution d’électricité» .
La mauvaise qualité du service électrique compromet les opportunités de croissance économique du pays. La Régie de Production et de Distribution d’Eau et d’Électricité (Regideso) n’a pas investi suffisamment dans l’entretien et la réhabilitation du réseau de distribution de l’électricité. Ce qui entraîne une mauvaise qualité de service et une satisfaction de la demande considérablement réduite. Actuellement, les ménages et les industries sont obligés de s’appuyer sur des générateurs diesel, qui coûtent plus cher et sont aussi affectés par les pénuries de carburant, ce qui entrave la productivité ainsi que la consommation.
Le salut viendra -t-il du projet Ascent ?
La Regideso compte commencer à réhabiliter le réseau de distribution d’électricité de Bujumbura et de sa périphérie au mois de janvier prochain à travers le financement de 190 millions USD en provenance de la Banque Mondiale et d’autres partenaires.
Selon Jean Albert Manigomba, directeur général de la Regideso, le projet permettra de relever les défis liés aux coupures intempestives d’électricité au Burundi et va aussi résoudre le problème de la mauvaise qualité des services d’électricité. Le projet va également appuyer des réformes clés grâce à des conditions basées sur la performance en ce qui concerne la structure tarifaire, la politique de raccordement électrique et les normes du réseau afin d’éliminer les obstacles à l’électrification et d’assurer la viabilité à long terme des investissements.
L’implémentation de ce projet est un atout pour les investisseurs Burundais qui identifient le manque d’accès à l’électricité et la fiabilité du réseau comme des obstacles majeurs à l’investissement. Les délestages récurrents inadapté, le réseau de distribution et les installations de raccordement délabrés et/ou inexistants entravent le développement économique.
Vers l’émergence énergétique ?
A part, les centrales hydroélectriques récemment mises en service, le gouvernement compte aussi verser environ 50 MW dans réseau électrique du Burundi en provenance du barrage hydroélectrique Jiji-Mulembwe dont la construction va bientôt prendre fin. Le Burundi aura plus de 100 MW supplémentaires. Et pour faire face à la rareté des ressources énergétiques et par conséquent soutenir le développement durable, le gouvernement du Burundi a encouragé les acteurs du secteur privé à participer à la production et à la fourniture de l’électricité pour satisfaire la demande. Parmi les réformes mises en place pour inciter le secteur privée à investir dans le secteur de l’énergie figurent la promulgation de la loi portant réorganisation du secteur de l’électricité au Burundi en 2015 pour permettre la libéralisation du secteur de l’énergie et la promulgation d’un décret portant fixation des statuts de Regideso en novembre 2023 qui préconise le recrutement compétitif du comité de direction de cet organe, la validation et le lancement de la stratégie d’électrification du pays.
Ces efforts fournis par le gouvernement du Burundi commencent à donner des fruits dans le but de réduire le déficit énergétique. Le secteur privé tente d’investir dans le domaine de l’énergie. De plus, des contrats de partenariats publics- privés ont été signés. C’est ainsi qu’en 2023, une centrale thermique de 7,5 MW a été construite par la société Gigawatt Global sur la colline Mirama en commune et province Gitega . D’autres acteurs privés comme Weza power et Kirasa Energy participent dans la production d’énergie au Burundi .
Pourtant, les investisseurs qui embrassent le domaine énergétique se heurtent à une faible consommation d’électricité au Burundi, soit 24,5 kilowattheures (kWh) par an et par ménage qui est l’une des plus faibles d’Afrique subsaharienne. Ils éprouvent des difficultés à entretenir leurs infrastructures énergétiques. Nonobstant, le rôle du secteur privé pour atteindre l’objectif d’accès universel à l’énergie reste incontournable.
D’un côté, le gouvernement du Burundi prévoit atteindre l’accès universel à l’énergie en 2030. De l’autre côté, le Plan National de Développement 2018-2027 prévoit que la capacité de production de l’énergie sera égale à 400 MW en 2027 au moment où la production actuelle de l’énergie tourne autour de 120 MW.
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