Education

Encore du chemin à faire pour aspirer à l’éducation inclusive

Le chemin vers une éducation inclusive est parsemé d’embûches. Les programmes d’enseignement et les infrastructures inadaptés, le manque du personnel qualifié et de supports pédagogiques limitent encore l’accès aux apprenants en situation de handicap. D’où l’intérêt de mobiliser des efforts pour  révéler ces défis en créant un environnement propice à l’éducation inclusive

Régis Bigirindavyi, président et représentant légal de APEIH : « Favoriser l’accès à l’éducation aux personnes vivant avec un handicap est le seul moyen de leur garantir un développement durable ».

 

« Donner accès à l’éducation aux personnes vivant avec un handicap est le seul moyen de leur garantir un développement durable », a déclaré Régis Bigirindavyi, président et représentant légal de l’Association pour la Promotion de l’Environnement Inclusif aux personnes vivant avec Handicap (APEIH).

Edifax Ndayikengurutse, directeur du centre de référence pour l’éducation inclusive de Bujumbura, soutient la même idée. Selon lui, de nombreux exemples montrent que les enfants souffrant de difficultés motrices ou d’autres formes de handicap ont des compétences supérieures ou égales à celles de leurs pairs valides. Il se base sur les résultats de l’année scolaire écoulée, où les trois élèves vivant handicap lauréats de cet établissement qui ont participé au concours de la 9eme année ont tous réussi.

Un chemin plein d’embûches

Selon M. Ndayikengurutse, ce chemin vers l’environnement inclusif aux apprenants vivant avec un handicap est semé d’obstacles. Il nous décrit la réalité des apprenants de son établissement, qui est également partagée par la majorité des autres apprenants en situation de handicap. L’un des problèmes majeurs est celui de la communication, surtout avec les sourds. Ce directeur explique que le langage des signes utilisé par cette catégorie de personnes n’est pas développé dans la société burundaise. Ce qui rend difficile la transmission des connaissances et l’apprentissage.

Un autre problème concerne le taux élevé d’abandons scolaires. Celui-ci est dû principalement aux difficultés de déplacement des apprenants que ce soit de l’école vers la maison ou vice versa, surtout pour les établissements qui ne disposent pas d’internats. Selon ce directeur, certains enfants doivent être accompagnés et portés sur le dos par leurs parents en raison de leur handicap. « Les parents les amènent à l’école le matin et viennent les récupérer à midi. Cependant, certains parents ne peuvent pas tenir toute l’année scolaire, faute de moyens financiers et n’ont pas d’autres choix que de contraindre leurs enfants de raccrocher », dit-il.

Il y a aussi ceux qui vont à l’école seuls et à pied. Ceux-ci sont souvent exposés aux accidents de la route. D’ailleurs, cet établissement compte déjà cinq enfants heurtés par des voitures au cours de l’année scolaire en cours. Les parents démunis n’ont pas la capacité de payer un transport quotidien et choisissent que leurs enfants abandonnent l’école.

À la rescousse de ces élèves reléguées au second plan

Pour faire face à ces défis et à bien d’autres que rencontrent cette catégorie d’apprenants, Bigirindavyi suggère une prise de conscience collective face aux problèmes des personnes vivant avec un handicap. Il insiste sur le fait qu’envoyer à l’école les enfants en situation de handicap est essentiel tant pour leur développement que pour celui du pays.

Même son de cloche pour M. Ndayikengurutse. Pour lui, il est important que les écoles inclusives soient dotées d’un internat, car cela permettrait un meilleur suivi, tant pour leur santé que pour leurs études.

Des progrès qui restent insignifiants

Rubin Karorero est conseiller au bureau de l’éducation inclusive au sein du ministère ayant l’éducation dans ses attributions. Il indique que le Burundi a fait de grands progrès depuis la création de ce département en 2010 avec l’aide de l’ONG Handicap International. Les écoles qui accueillent des enfants handicapés sont aujourd’hui au nombre d’environ 19.

Néanmoins, il constate qu’il y a eu un problème de pérennisation des acquis de ce projet. Cela fait qu’il y’ait encore pas mal de défis. Il souligne notamment le manque d’infrastructures et de programmes d’enseignement adaptés à cette catégorie d’apprenants. Pour les écoles à vocation pédagogique, il suggère la formation d’enseignants capables d’enseigner également aux enfants vivant avec handicap. « Cela nécessiterait d’inclure ces formations dans les curriculums de ces écoles », précise-t-il.

Depuis sa création en 2023, l’Association pour la Promotion de l’Environnement Inclusif aux Personnes vivant avec Handicap (APEIH) a déjà mis en œuvre plusieurs initiatives visant à lutter pour une société inclusive, malgré des ressources limitées. On peut citer notamment les formations en langage des signes qu’elle a dispensées à des personnes non handicapées afin qu’elles puissent aider les sourds à accéder aux différents services.

A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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