L’Isabu en collaboration avec la société FOMI et la direction de la fertilisation des sols a rectifié les doses des engrais de FOMI pour trois cultures entre autres la pomme de terre, le maïs et le riz. C’est dans l’objectif de permettre aux agriculteurs d’augmenter la production agricole. Certains représentants des agriculteurs s’inquiètent du fait que les dépenses risquent d’être énormes. Et les paysans auront du mal à s’approvisionner en intrants suite au manque de moyens financiers
Il y a deux ans qu’on a mené des essais sur l’évolution de la performance des engrais de FOMI sur les cultures vivrières, entre autres le riz, la pomme de terre et le maïs, indique le directeur de la fertilisation des sols au ministère ayant l’agriculture dans ses attributions. Après ces essais, les chercheurs ont proposé de nouvelles formules à utiliser pour trois principales cultures vivrières pour permettre aux agriculteurs d’augmenter la production. Pour la pomme de terre, on va désormais utiliser 400 kg des engrais de FOMI Imbura et 200 kg des engrais de FOMI Bagara au lieu de 200 kg des engrais FOMI Imbura et 150 kg des engrais FOMI Bagara par ha auparavant. Pour le maïs, on va utiliser 270 kg des engrais de FOMI Imbura et 100 kg des engrais de FOMI Totahaza au lieu de 150 kg des engrais de FOMI Imbura et 75 kg des engrais FOMI Totahaza auparavant par ha.
Pour le riz, on va utiliser 45 kg des engrais de FOMI Imbura et 300 kg des engrais de FOMI Totahaza au lieu de 100 kg des engrais Imbura et 200 kg des engrais de FOMI Totahaza par ha auparavent. Avec ces nouvelles formules, le directeur de la fertilisation des sols fait savoir que la production agricole pourra augmenter de 30%.

Les chercheurs de l’ISABU ont proposé de nouvelles formules à utiliser pour trois principales cultures vivrières pour permettre aux agriculteurs d’augmenter la production agricole.
Sera-t-il facile de s’approvisionner pour le paysan ?
Festus Ciza, président de FOPABU Ijwi ry’Abarimyi fait remarquer que depuis qu’on a commencé à utiliser les fertilisants de FOMI, certains agriculteurs se sont inquiétés que le rendement n’est pas bon par rapport à celui généré par les engrais minéraux. Ce sont à titre illustratif les producteurs du riz dans la plaine de l’Imbo. « Je me dis que c’est la raison pour laquelle on vient d’augmenter les doses pour ces trois cultures», confie-t-il. Il se réjouit de ces ajustements, car cela rentre dans le cadre de l’augmentation de la production agricole. Néanmoins, il reste pessimiste que les agriculteurs vont travailler à perte du fait que les dépenses sont devenues énormes, car les doses ont été beaucoup revues à la hausse. «Imaginez que pour la pomme de terre par exemple, les doses ont été presque multipliées par deux», renchérit-il. Ce représentant des agriculteurs indique que la plupart de ses collègues avaient déjà des difficultés à s’acheter des fertilisants suite au manque de moyens financiers. Et le fait d’augmenter les quantités des engrais de FOMI à tel niveau risque d’empirer la situation. Les paysans seront obligés de semer dans des poquets sans fertilisants. Et, selon lui, l’impact est que la production sera mauvaise.
Prière augmenter la subvention des engrais
Il demande à l’Etat d’augmenter la subvention des engrais qui est déjà fixé à 40% et de le ramener au moins à 60% pour permettre aux agriculteurs de s’en procurer facilement. Sinon, les conséquences de cette augmentation des doses des engrais de FOMI risquent d’être fâcheuses. Déjà, les agriculteurs disent que la production agricole n’est pas bonne actuellement. Ce qui est à l’origine de l’augmentation des prix des denrées alimentaires qui s’observe actuellement. A titre d’exemple, c’est la toute première fois que le riz s’achète à 2500 FBu. Et de préciser que l’augmentation des doses des engrais de FOMI risque d’aggraver la situation. Plus le coût de production augmente, plus les prix des denrées alimentaires seront élevés pour ne pas travailler à perte. Et le consommateur va payer les pots cassés.
La société FOMI tranquillise
Nonobstant, le directeur général adjoint de la société FOMI éclaire que les engrais de FOMI sont de bonne qualité et génèrent d’une bonne production agricole. Il renchérit que les recherches sont toujours dynamiques. Et, petit à petit, il y aura un moment où les sols burundais seront fertiles grâce à l’utilisation des engrais de FOMI. Et d’ajouter que d’autres recherches sur les autres cultures comme le patchouli, le café, le thé etc, sont en cours pour permettre aux agriculteurs d’augmenter la production agricole.
Quid de la valeur ajoutée des engrais de FOMI ?
Puisqu’il y a actuellement une forte dégradation du patrimoine foncier par l’érosion physique et chimique qui est à l’origine du mauvais rendement agricole, Salvator Kaboneka, professeur à l’Université du Burundi dans la Faculté d’Agro Bio-Ingénierie fait savoir que l’utilisation des engrais de FOMI permettra aux agriculteurs d’augmenter la production agricole. Il y aura une nette valeur ajoutée pour plusieurs raisons. Selon Kaboneka, les engrais de FOMI contiennent 50% de matière organique et 50% de la matière minérale. Et la matière organique permet de dégager l’espace libre pour faciliter la circulation de l’eau et de l’air. Elle contrôle certaines conditions physiques du sol, notamment la porosité. Selon toujours lui, ce n’est pas un paramètre moindre, car elle permet aux racines d’entrer en profondeur pour puiser les éléments nutritifs. «Nos sols sont extrêmement pauvres en calcium, en potassium et en magnésium. Alors, pour améliorer la fertilité du sol, il faut ajouter de la matière organique, donc du fumier», martèle-t-il. Elle séquestre l’aluminium et le fer et libère le phosphore. Dans les engrais de FOMI, il y a donc de l’engrais, du fumier et de la dolomie et c’est le triangle de base pour l’augmentation de la production agricole d’un pays au sol acide et pauvre en matière organique comme le Burundi.
Kaboneka poursuit que la fertilisation organo-minérale générale est donc une enveloppe globale pour pouvoir rendre fertile le sol et augmenter la production agricole. Elle contient du fumier, des engrais et de la dolomie et c’est ce triangle de gestion optimale du sol qui devrait être utilisé au Burundi.
Notons que depuis que le programme national de subvention des engrais au Burundi a été mis en place au mois de mars 2013, l’utilisation des engrais au Burundi a plus que triplé, indique Emmanuel Ndorimana, secrétaire permanent au ministère ayant l’agriculture dans ses attributions. Elle est passée de 8000 tonnes à près de 65 000 tonnes par an. De surcroît, l’utilisation de la dolomie pour corriger l’acidité des sols a augmenté énormément et atteint actuellement près de 20 000 tonnes par an.
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