Au moment où beaucoup de jeunes qui terminent leurs études attendent d’être embauchés par l’Etat, Gérard Nihakura, habitant la colline Gasenyi de la commune Rusaka n’est pas sur la même longueur d’onde. Il montre comment il a procédé pour pouvoir se prendre en charge en pratiquant ce qu’il a appris à l’Institut des Techniques Agricoles du Burundi implanté à Gisozi (ITABU-Gisozi)

Gérard Nihakura, agriculteur habitant la colline Gasenyi de la commune Rusaka : « L’entretien des pépinières nécessite beaucoup de moyens »
«Il y a quelques années que j’ai terminé mes études secondaires à l’ITABU-Gisozi. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de continuer mes études universitaires. J’ai pensé automatiquement à mettre en pratique les connaissances acquises à l’école secondaire pour que je puisse vivre», indique Nihakura.
Il fait savoir que sa famille l’a soutenu pour démarrer ses premières activités. On lui a cédé une petite propriété foncière et des semences de pomme de terre. Avec les techniques agricoles modernes qu’il a appliquées, il se réjouit du fait que la récolte a été bonne (2 tonnes). A cette période, le prix d’un kilogramme de pomme de terre était 450 FBu. Après la vente, on lui a payé 900 000 FBu. Avec ce montant (capital), il souligne qu’il parvient à se prendre en charge via la multiplication, la production et la commercialisation des pommes de terre. Juste après, fait remarquer qu’il a pensé à produire d’autres cultures. Ce sont entre autres les légumes et les fruits. Malheureusement, il lui manquait les semences, car il n’y avait pas d’agriculteurs qui faisaient la multiplication des fruits et des légumes dans cette localité. C’est pour cette raison qu’il s’est lancé dans la multiplication des plants de choux, d’épinards, d’oignons rouges, d’avocatiers, de pruniers du japon, d’aubergines et d’amarantes.
Lors de l’entretien avec le journal Burundi Eco, Nihakura était entrain d’entretenir les pépinières de ces légumes et fruits implantées sur sa colline natale. En tenant compte de l’effectif de ceux qui en ont besoin, il dispose de 1000 plants de choux dont chacun coûte 25 FBu, 3000 plants de pruniers du japon dont chacun coûte 300 FBu et 500 plants d’avocatiers dont chacun coûte 2000 FBu. Une fois qu’il parvient à tout écouler, il peut gagner 1.925.000 FBu. Il dispose également de 3000 plants d’oignons rouges. Rien n’est gratuit, certifie-t-il. L’entretien des pépinières nécessite beaucoup de moyens : l’eau pour faire l’irrigation, la main d’œuvre… Pour relever ce défi, il a aménagé une canalisation de 800 m pour faciliter l’irrigation.
La valeur ajoutée de l’irrigation
Cette pratique lui permet de vaquer à ses activités agricoles même pendant la saison sèche. Il n’y a point d’arrêt des activités toute l’année. Nihakura s’inquiète du fait que la plupart des gens savent que l’eau est utilisée pour faire la propreté, la cuisson et étancher la soif seulement alors qu’elle peut être utilisée également dans l’irrigation des plantes.

Champ de pomme de terre appartenant à Gérard Nihakura
Les perspectives d’avenir
Nihakura compte mettre en place une légumière pour faire la commercialisation des légumes. A ce même endroit, il veut y ériger un hangar de stockage des pommes de terre et un restaurant. «Je n’ai pas de souci avec la clientèle car, depuis que la RN18 est goudronnée, il y a beaucoup de passagers qui veulent s’approvisionner ici», indique-t-il.
Les défis
Les défis ne manquent pas, s’inquiète-t-il. Il cite notamment le changement climatique et le manque de financement pour exploiter une grande étendue. De plus, il ne dispose pas d’une moto pompe pour faciliter la pratique de l’irrigation. A cela s’ajoute l’érosion qui ne cesse d’emporter la terre arable. Pour lutter contre cela, il a planté des grévilleas dans les champs. Il les vend à ceux qui fabriquent des portes, des chaises, des lits et des fenêtres.
Sa famille compte actuellement sur lui pour vivre. L’insécurité alimentaire a été maîtrisée. De plus, les habitants de cette localité saluent ses initiatives. Ils indiquent que n’eût été lui, ils n’allaient pas cultiver par exemple les oignons rouges du fait qu’ils avaient en tête que cette culture n’est pas rentable à cet endroit.
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