Entrepreneuriat

Entrepreneuriat en Afrique : Le domaine du numérique peine à sortir du lot

Le jeune entrepreneur ou l’entrepreneur ayant déjà une expérience professionnelle avérée sont confrontés aux mêmes difficultés quand ils décident d’entreprendre en Afrique. L’environnement des affaires en général et l’environnement culturel et social en particulier, sont autant de facteurs qui ralentissent l’entrepreneuriat en Afrique. C’est ce qui est sorti du débat sur « La nuit des idées » organisé le 31 janvier 2019 par Yaga, un collectif de blogueurs burundais

Christian Roland, directeur d’Alpha-Omega en Côte d’Ivoire: « Il y a des entreprises qui naissent lundi et disparaissent vendredi »

Cette soirée dédiée à « La nuit des idées » a été spécialement marquée par la projection d’un documentaire dénommé «Afropreneurs» réalisé dans le but de donner la parole aux entrepreneurs du numérique de six pays d’Afrique francophone, avec un triple objectif, à savoir : rencontrer les acteurs de l’entrepreneuriat, relayer les informations et inspirer le public qui veut entreprendre. « Un entrepreneur c’est un aventurier. Mais c’est un aventurier qui s’arrange pour ne pas aller vraiment dans l’inconnu. C’est quelqu’un qui fait un pas après l’autre en s’assurant qu’à chaque fois qu’il pose un pas, la terre est ferme », indique Christian Roland, Directeur d’Alpha Oméga Services en Côte d’Ivoire. Du Caire au Cap en passant par Abidjan ou Nairobi, de jeunes Africains tentent de relever le défi de la révolution numérique. Ils sont souvent dans des incubateurs ou travaillent en groupes restreints sans grands moyens si ce ne sont leurs ordinateurs et une connexion internet pas toujours fiable. Toutefois, ils ont tous un point commun : ils sont motivés, ont des idées innovantes voire révolutionnaires.

La culture entrepreneuriale étant moins ancrée dans l’esprit des africains, les « business Angels » n’existent pas ou presque. L’entrepreneur est livré à lui-même avec ses propres ressources. Ce qui fait défaut à la majorité. Les banques sont frileuses, car elles estiment que l’asymétrie d’informations est trop importante pour avoir une bonne visibilité sur la qualité de crédit des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des startups. Les fonds d’investissement ont des tickets d’entrée trop élevés pour les PME et les startups, et les institutions de microfinance proposent de faibles ressources de financement et des taux d’intérêt trop lourds pour les jeunes entrepreneurs.

Seuls les plus forts parviennent à percer

« L’obstacle majeur quand vous avez identifié un besoin de la société dans laquelle vous vivez et que vous avez décidé de mettre en place un projet d’entreprise pour répondre à ce besoin, vous rencontrez la résistance de votre entourage à qui, naturellement, vous parlez de votre projet », estime Mohamed Diaby, PDG de « Waleya » en Côte d’Ivoire. Généralement, on vous dit que c’est très risqué de laisser un poste dans une entreprise pour se lancer dans l’entrepreneuriat ou quand vous débutez votre carrière après les études, on vous suggère plutôt de chercher du travail.

L’autre enjeu est la capacité des « apprentis entrepreneurs » d’être structurés, sérieux, rigoureux, courageux et résistants aux pressions et chocs extérieurs. Il existe deux catégories d’entrepreneurs en Afrique. Les entrepreneurs par défaut et les entrepreneurs par vocation. La probabilité de réussir pour les premiers est quasiment nulle, car, pour eux, entreprendre est une période de transition en attendant de trouver un travail parfait dans une entreprise ou d’être nommé dans l’administration. Les entrepreneurs par vocation ont, au départ de l’aventure, 50% de chance de réussite, car l’entrepreneuriat est en effet une vocation. Il est nettement plus difficile d’entreprendre et réussir que de passer brillamment un entretien d’embauche et décrocher un travail de rêve.

Qu’en est-il de « e-commerce » ou le commerce électronique ?

Le marketing est crucial pour une plateforme d’e-commerce : il remplit deux fonctions clés. La première est d’attirer des visiteurs sur la plateforme et la deuxième de convertir ces visiteurs en clients. Un frein important au développement de l’e-commerce en Afrique est le manque de confiance qu’ont les consommateurs envers ces plateformes. Les infrastructures logistiques d’abord (réseaux routiers, adressage des rues, points de relais) mériteraient d’être améliorées. La Banque Africaine de Développement (BAD) estime que 60 % de la population vit à plus de deux kilomètres d’une piste bitumée, rendant ces potentiels clients hors de portée des circuits de livraison. Une autre difficulté est que le taux de pénétration de l’internet est faible. Le marketing se concentre donc très majoritairement sur les canaux internet.

« Quand on entreprend et réussit en Afrique, on peut entreprendre et réussir partout ailleurs dans le monde. On devient aguerri aux nombreux challenges possibles de l’entrepreneuriat », conclut Sassoum Niang, Directeur Général de Jumia Market basé au Sénégal.

A propos de l'auteur

Bonaparte Sengabo.

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