Les entraves restent nombreuses pour éloigner la gent féminine des carrières scientifiques, singulièrement dans cette vaste catégorie que l’on appelle « ingénieur ». C’est ce qui est sorti d’un atelier organisé samedi le 12 octobre 2019 par l’association des Femmes Ingénieures Actives dans le Développement Inclusif (FIADI en sigle) sous le thème « L’ingénieur, source de solutions durables » dans les enceintes de l’Institut de Pédagogie Appliquée (IPA)
« La situation des femmes dans les métiers de la construction démontre avec éloquence que l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas encore atteinte. Ce que vivent les femmes dans l’industrie de la construction est l’illustration, quasi caricaturale, que notre société tolère aujourd’hui encore que les femmes soient exclues des pans de notre économie aussi importants que la construction », a lancé Dr Ir Michèle Mukeshimana, enseignante à l’Université du Burundi et conférencière du jour.

Dr Ir Michèle Mukeshimana, enseignante à l’Université du Burundi : « Une infime partie de filles qui osent embrasser la formation d’ingénierie parvient à percer. Après les études, elles ne trouvent presque pas d’emploi suite aux clichés et stéréotypes »
Dans son exposé, Mukeshimana a montré qu’au Burundi, le taux d’activité des femmes est évalué à 59,4 % avec des variations suivant l’âge. La formation en Ingénierie créée en 1982 avec la Faculté des Sciences Appliquées pour la formation des ingénieurs en Génie Electromécanique et en Génie Civil est en grande partie frequentée par les hommes. La création de l’ITS a permis de sortir plus d’ingénieurs orientés dans le domaine industriel. Pour le moment, d’autres Universités/Ecoles d’enseignement supérieur ont ouvert les facultés/institut en Ingénierie avec des domaines variés : génie civil, électromécanique, Informatique, Agronomie, … « Une infime partie des filles qui osent embrasser la formation d’ingénierie parvient à percer. Après les études, elles ne trouvent presque pas d’emploi suite aux clichés et stéréotypes », a-t-elle indiqué.
Femme et ingénierie, une problématique à la fois sociale et sociétale
« Préjugés, stéréotypes, commentaires déplacés et la vision de la société sur le métier technique sont les principales contraintes qui freinent la gent féminine. A cela s’ajoute le manque de modèle », a fait remarquer Mme Mukeshimana. Même constat pour Jeannette Kaneza, présidente de la FIADI. Selon elle, les jeunes filles ne s’imaginent pas ingénieures parce qu’elles ne connaissent pas beaucoup de femmes qui ont choisi cette voie, parce que leurs référents (parents, professeurs) ne leur parlent pas spontanément (comme ils le feraient avec des garçons !) de ces métiers, parce que les médias et la société toute entière véhiculent des stéréotypes de genre qui les écartent de toute idée de profession technique.

Les jeunes femmes membres de l’association FIADI
Malgré cela, tout n’est pas (encore) perdu
La FIADI, avec ses douze filles en majorité ingénieures, s’est donnée comme mission de redorer le blason de la femme dans l’ingénierie. Comme l’a souligné Jeannette Kaneza, leur association veut fournir aux jeunes filles des modèles en qui elle pourront s’identifier. « Comment souhaiter devenir ingénieure alors que tous les ingénieurs dont on entend parler sont des hommes ? Il nous est donc primordiale de donner plus de visibilité aux femmes qui pourront avoir de l’influence sur les jeunes filles », a-t-elle martelé.
Pour réduire la pauvreté et accélérer le développement industriel, Mme Mukeshimana estime la présence des femmes ingénieurs impérative. Pour cela, une sensibilisation et une bonne présentation des enseignements d’Ingénieur est nécessaire. En plus, il faut encourager les jeunes filles à viser plus loin dans leur formation professionnelle avec des exemples à l’appui mais également d’entreprendre des activités susceptibles d’encourager les jeunes filles à embrasser le domaine technique.
Constituant plus de 50,8 % de la population, les femmes devraient avoir une place de choix dans tous les secteurs du pays, en particulier ceux servant de base au développement industriel, pilier du développement durable.
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