Les barrières socio-culturelles sont pointées du doigt comme un obstacle majeur à l’épanouissement de la femme Burundaise. Du 22 au 23 mars 2022, Search for Commun Ground (SFCG) a organisé le 3ème Forum des femmes au chef-lieu de la province de Ngozi. L’objectif de ce forum était de contribuer au développement des ménages et à la croissance économique du pays
L’autonomisation de la femme Burundaise a focalisé l’attention du gouvernement et de différentes organisations ces dernières années. Les barrières socio-culturelles sont pointées du doigt. Ce forum est l’une des activités de SFCG à travers son projet Tuyage dont l’objectif principal est de faciliter l’accès à l’information et de promouvoir le discours économique. Selon Grace Fleur Francine Uwitonze, directrice du projet Tuyage à SFCG, l’organisation de ce forum s’inscrit dans la mission de contribuer au développement et à l’autonomisation financière de la femme. « Aujourd’hui, nous sommes en train de travailler sur un volet qui a trait à l’autonomisation de la femme », a-t-elle souligné.
D’après cette responsable, c’est à la suite du résultat dévoilé par une étude sur les barrières culturelles qui entravent l’autonomisation de la femme que ce forum a été organisé. «Nous avons pris l’engagement de discuter avec les femmes évoluant dans des milieux différents, mais aussi en présence des médias pour voir dans quelle mesure nous pouvons être porteur d’un message pouvant contribuer à la diminution de ces barrières», a expliqué Mme Uwitonze. Pour elle, il est aussi question d’insister sur le changement de mentalité. « Nous essayons d’aborder cette problématique qui consiste à considérer la femme comme un être de seconde zone dépourvu de toutes possibilités », a-t-elle martelé avant de rappeler que le rôle de la femme est incontournable dans le développement du pays.

Grace Fleur Francine Uwitonze, directrice du projet Tuyage à SFCG : « Aujourd’hui, nous sommes en train de travailler sur un volet qui a trait à l’autonomisation de la femme ».
Les barrières socio-culturelles pèsent toujours lourd sur l’épanouissement de la femme
Au Burundi comme dans la plupart d’autres pays dans le monde, la femme est plus touchée par la pauvreté que l’homme. Les résultats de l’enquête menée par SFCG sur les barrières socio-culturelles auxquelles fait face la femme sont claires. Selon cette enquête, le rôle de la femme dans la société joue largement en sa défaveur.
Ainsi, l’étude a mis l’accent sur le rôle traditionnel des femmes qui ne se limitait qu’à la prise en charge du ménage et à l’obéissance envers son mari. Cela, alors que le contrôle et la gestion des finances restent la chasse gardée de l’homme. Cette opinion est largement partagée dans les zones rurales et parmi les personnes peu instruites », a révélé cette enquête présentée aux participants du forum. Selon les auteurs de l’enquête, « les femmes comme les hommes contribuent à approfondir cette perception dichotomique ».
Les femmes sont dépourvues d’outils leur permettant d’atteindre l’autonomisation financière
En ce qui concerne les obstacles sociaux à l’autonomisation économique des femmes, l’étude a souligné le manque d’indépendance et de levier économique des femmes. Sensées s’occuper du ménage, la femme ne fait que se rabattre sur un travail non rémunéré et ne dispose que de peu de temps à consacrer à d’autres activités.
La supériorité présumée des enfants nés garçons par rapport à leurs sœurs plombe également l’épanouissement socio-économique de la femme. « Les filles sont plus susceptibles d’être retirées de l’école et d’être retenues à la maison », conclue l’enquête. En effet, les mères non scolarisées ne se rendent pas compte de la nécessité de scolariser leurs filles. Ce qui aboutit à la perpétuation de ce phénomène social dans certains ménages.
Les femmes endurent le poids de leur condition. Certains maris restent réticents à l’autonomisation de leurs femmes. « Les maris craignent l’inconduite sexuelle lorsque leurs épouses voyagent pour des raisons professionnelles. Aussi, les employeurs hésitent à embaucher des femmes de peur qu’elles ne tombent enceintes », explique le document.
Cette étude qui s’est focalisée sur les barrières socio-culturelles a soulevé également l’ultime revendication des femmes. Elle déplore que le fait que les femmes ne jouissent pas du droit successoral les rend d’autant plus dépendantes de leurs maris.
Des avancées, mais …
L’étude conduite par SFCG relève certaines avancées. « Davantage de femmes se sont lancées dans le commerce, sont devenues vendeuses dans les magasins ou ont même occupé des postes administratifs », affirme l’expertise. Malheureusement, l’étude montre que l’autonomisation économique des femmes consiste en grande partie à contribuer à l’amélioration des conditions de vie de leurs ménages.
Aussi, les politiques publiques telles que le financement des municipalités depuis 2015 contribuent à l’autonomisation des femmes, « car les activités génératrices de revenus sont majoritairement exercées par des femmes en milieu rural », observe ce document qui attribue également une place importante à la société civile qui s’active notamment dans l’éducation des filles.
Alors que le thème du 3ème forum des femmes était « Ensemble pour la transformation des normes et barrières socio-économiques discriminatoires pour le relèvement économique inclusif », SFCG soutient que l’autonomisation de la femme contribue largement au développement du pays.
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