Dans la zone de Gatumba, située dans la province de Bujumbura, les inondations causées par la montée des eaux du lac Tanganyika et le débordement de la rivière Rusizi ont de nouveau envahi les habitations. Cette situation survient peu de temps après une précédente inondation dans la même région, suite à laquelle le gouvernement avait mis en place un plan de relocalisation pour les populations sinistrées.

Au Burundi, la zone Gatumba est considérée comme la première victime des inondations.
Les habitants de Gatumba, commune de Mutimbuzi, province de Bujumbura confirment que plusieurs localités de cette zone ont été de nouveau touchées par les inondations, notamment les quartiers Kinyinya I et II, Vugizo, proches de la rivière Rusizi, ainsi que Mushasha I et II et Gaharawe, situés près du lac Tanganyika. Les résidents de ces quartiers appellent à une solution durable, en particulier à la construction d’une digue et au désensablement de la rivière Rusizi, dont le lit est obstrué par une quantité considérable de sable. Cette accumulation de sable empêche un écoulement normal de l’eau et favorise ainsi son débordement vers les zones habitées. Dans certains endroits, les habitants peuvent même traverser la rivière à pied. Ce qui explique le débordement à chaque occasion. Les berges ne sont pas assez solides et la rivière manque de profondeur pour gérer le volume considérable d’eau.
Pour limiter les dégâts, certaines personnes ont construit des passages surélevés reliant leurs habitations qui sont presque entièrement submergées. Cependant, les habitants estiment qu’ils ne retrouveront pas la tranquillité tant qu’une digue ne sera pas érigée pour contenir les eaux de la rivière Rusizi, principal facteur des inondations. En plus, lorsque le lac Tanganyika déborde, l’eau n’a d’autre issue que de pénétrer dans les habitations. En cette période de forte pluviométrie, les inondations s’intensifient et perturbent davantage la vie des populations de Gatumba qui se voient contraintes de se déplacer en permanence.
Les inondations deviennent cycliques au Burundi
La montée des eaux du lac Tanganyika et les débordements de la rivière Rusizi ont posé de graves problèmes dans des zones comme Gatumba. Par ailleurs, la rivière Murembwe a également provoqué d’importantes inondations, envahissant terres agricoles et plantations de palmiers à Rumonge. Ce qui a des conséquences néfastes sur la production agricole.
Les inondations liées à la montée des eaux du lac Tanganyika ont contraint des milliers de personnes vivant sur ses rives à abandonner leurs habitations. De nombreuses maisons, plages, églises, ainsi que des infrastructures publiques telles que des routes et des bâtiments stratégiques, ont été gravement endommagées, rendant ces zones presque abandonnées.
Des localités comme Nyabugete, Gatumba et Kibenga ont vu leurs habitations submergées. Les habitants ont tenté diverses méthodes pour limiter les dégâts, comme empiler des sacs de sable ou utiliser des motopompes, mais sans succès. Les maisons ont été détruites et d’autres abandonnées. De nombreuses personnes ont été contraintes de fuir, cherchant refuge dans des zones plus sûres, mais souvent trés éloignées.
Une situation particulière à Gatumba
Gatumba subit des inondations depuis au moins cinq ans. Mais la situation est devenue particulièrement difficile entre 2023 et 2024. Les habitants vivaient pratiquement sous l’eau et les routes se sont transformées en rivières artificielles. L’utilisation des pirogues était indispensable pour se déplacer. La population faisait face à de nombreuses difficultés, notamment des pénuries alimentaires, des conditions de logement précaires et un accès limité aux services de base. Les femmes et les enfants étaient particulièrement vulnérables, leurs besoins étant souvent plus spécifiques que ceux des autres membres de la communauté.
Face à cette situation et après plusieurs mois d’inondations, le 16 avril 2024, le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, en collaboration avec le système des Nations Unies, a publié un communiqué pour mobiliser des ressources et soutenir la mise en œuvre du plan de réponse aux impacts du phénomène El Niño. Le gouvernement a reconnu que le Burundi fait partie des pays les plus touchés par les changements climatiques à l’échelle mondiale et a appelé ses partenaires au développement à l’aide pour faire face à cette crise.
En réponse à cette situation, une mesure de délocalisation a été prise pour déplacer environ 2 000 ménages de Gatumba vers des sites situés dans les communes de Mubimbi et Kabezi dans la province de Bujumbura. Toutefois, cette initiative n’a pas été bien accueillie par une grande partie des habitants de Gatumba qui ont exprimé leur préférence pour rester dans la plaine de l’Imbo malgré les risques encourus. Ce qui a conduit à un échec partiel de cette mesure de relocalisation.
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