Genre

Gitega : Un centre pour l’autonomisation des femmes : Un pas vers l’indépendance économique

Pour soutenir les femmes en situation de vulnérabilité, la commune de Gitega a mis en place un centre de formations pour le développement de leurs compétences. Le passage à l’artisanat féminin comme solution durable permet non seulement de générer des revenus, mais aussi d’apporter une autonomie financière

Les femmes encadrées demandent de l’aide pour obtenir des Cartes d’Assurance Maladie (CAM) ».

Située au centre du pays, la commune de Gitega est actuellement le chef-lieu de la capitale politique du Burundi. Elle est limitée au Nord par les communes de Giheta et Bugendana, à l’Est par les communes d’Itaba et Butezi, à l’Ouest par la commune de Nyabihanga, et au Sud par la commune de Makebuko.

Depuis 2021, cette commune a regroupé des femmes en situation de vulnérabilité au sein d’une coopérative. « Cette initiative est née du constat que la commune accueillait chaque jour des femmes en difficulté, notamment des femmes chef de ménage, des femmes abandonnées par leur mari, ainsi que des mères célibataires en quête d’assistance » a annoncé Jacques Nduwimana, administrateur communal de Gitega lors d’un entretien avec les reporters du journal Burundi Eco en date du 31 juillet 2024.

Et d’ajouter :« Dans un premier temps, nous avons envisagé de leur donner un petit capital pour exercer des activités de petit commerce, mais ce programme n’a pas eu les résultats escomptés, car certaines femmes sont revenues en expliquant avoir subi des pertes, qu’elles sont tombées malades, ou avoir utilisé le capital pour se faire soigner. Nous avons conclu que pour leur offrir une aide durable, il était essentiel de leur enseigner des métiers pouvant générer des revenus en milieu urbain. Dans ce sens, nous avons décidé de développer l’artisanat féminin comme solution ».

Objet du projet de regroupement

M.Nduwimana a indiqué qu’au départ, une cinquantaine de femmes ont été regroupées au sein de la coopérative Akaranga Gitega pour ne pas toujours leur accorder une assistance mais plutôt pour produire des articles artisanaux. « Nous avons d’abord renforcé leurs capacités en matière de création et de gestion de la coopérative tout en abordant des thématiques transversales essentielles à leur épanouissement, telles que l’entrepreneuriat, la nutrition infantile, la citoyenneté, la résolution pacifique des conflits ainsi que la santé sexuelle et reproductive ».

Les travaux de finissage du centre de développement intégré pour les femmes de la commune de Gitega sont en cours. Le projet est financé à hauteur de plus de 300 000 euros.

Cependant, cette coopérative pilote Akaranga-Gitega a été financée par la commune à hauteur de 15 millions de FBu tout en la fournissant des machines à coudre, de matériels pour la vannerie, pour la broderie, la cordonnerie et la poterie moderne. Ainsi, la commune a inclus une catégorie de femmes Batwa, regroupées également en coopérative. L’administrateur communal de Gitega affirme que ce soutien a contribué à améliorer l’autonomie financière de ces femmes. Forte de cette expérience réussie, l’administration a envisagé de créer un plus grand nombre de coopérative pour les femmes. Actuellement, plus de 800 femmes sont regroupées dans les coopératives

Naissance et financement du centre

« Comme la commune ne pouvait pas financer seule plusieurs coopératives, elle a élaboré un projet intitulé centre de développement intégré pour les femmes de la commune de Gitega. Celui-ci a été conçu à la fois comme un lieu de formation et comme un espace de partage et d’échange d’expériences entre les femmes » dixit M.Nduwimana. Ce projet a été approuvé depuis février 2023 et financé à plus de 300 000 euros par l’Union européenne via le Fonds de coopération de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) pour une durée de deux ans. D’autres partenaires sont entre autres : l’Ong Kazoza, FVS Amade et WorldVision qui a octroyé une vingtaine de machines à coudre.

Ledit projet est composé de trois volets, à savoir : le renforcement des Capacités : Ce volet inclut l’apprentissage des métiers artisanaux. Les formations actuellement en cours portent sur la couture, le tissage, la broderie, la vannerie, la cordonnerie, la bijouterie et la poterie. Le second volet concerne la construction du centre d’accueil, nommé centre de développement intégré pour les femmes, constitué d’une salle polyvalente, 3 ateliers, 2 magasins, 5 bureaux, les sanitaires femmes/hommes, etc. Les travaux de finissage sont en cours. Le troisième volet est l’accès au marché. Il vise à faciliter la commercialisation des produits. Cependant, des échoppes pour l’exposition, la vente et la commercialisation des articles fabriqués ont été construites.

Quid des critères pour être encadré ?

Jacques Nduwimana indique qu’aucun critère n’est exigé. « Le centre est ouvert à toute femme ayant l’ambition d’améliorer ses conditions de vie ou souhaitant collaborer avec d’autres femmes pour le développement de sa famille. De surcroît, chaque coopérative encadrée par le centre doit ouvrir un compte dans une institution financière, qu’il s’agisse d’un compte bancaire ou d’une microfinance ».

Des séances de formation sur l’ouverture d’un compte bancaire et les avantages de disposer d’un tel compte ont été organisées par les responsables des institutions financières à l’endroit de ces femmes. Dans ce sens, certaines d’entre elles ont déjà contractés des crédits et ont réalisé d’autres projets de développement.

Des avancées mais aussi des défis

Malgré les sensibilisations effectuées, de nombreuses femmes souhaitent être encadrées par le centre jeune de Gitega, en attendant que les travaux de construction de leur centre soient terminés. L’administration communale fait savoir qu’actuellement, une vingtaine de coopératives provenant de différentes zones de la commune de Gitega bénéficient d’un accompagnement dudit centre. Ainsi, cela nécessite des ressources importantes, car, en plus des renforcements de capacités qui peuvent être réalisés à moindre coût, des demandes de soutien matériel ou financier sont également formulées par les membres de ces coopératives.  Et d’ajouter : « Nous sommes en train de solliciter d’autres partenaires pour soutenir la réalisation de ce projet. Nous espérons ainsi que, à la fin du projet, les activités du centre seront pérennisées ».

Les bénéficiaires s’en réjouissent

Madame Gisèle Ntirabampa, résidant sur la colline Rutegama, est formatrice en broderie. Cette sexagénaire affirme que ce métier est très avantageux pour elle. « J’exerce ce métier depuis quelques jours et je suis rémunérée. Quand on te paie, tu peux subvenir à tes besoins ».

Quant à Mme Triphine Ndayisaba, membre de la coopérative Akaranga Gitega, âgée de 57 ans et mère de 7 enfants, elle totalise deux ans dans ce métier. Elle souligne que ce travail est très bénéfique pour elle. « Nous avons commencé par être formées à la bonne cohabitation. Avant, nous n’avions pas de quoi mettre sous la dent, mais aujourd’hui, nous bénéficions des frais de déplacement lors des formations organisées. Dans notre coopérative, nous avons reçu des machines à coudre, et certaines d’entre nous se consacrent à la broderie ou à la vannerie. Lorsque nous vendons nos produits, nous partageons l’argent. Celles qui n’avaient pas de vêtements peuvent désormais s’en procurer. »

Ces femmes demandent encore un soutien. « Nous ne sommes pas encore arrivées à ce que nous souhaitons. Lorsque nous partageons l’argent reçu après la vente, chacune ne reçoit que 10 000 FBu ou 20 000 FBu, ce qui est très insuffisant. Nous travaillons seulement les mercredis et les vendredis. Cependant, si nous avions un capital plus élevé, nous pourrions travailler tous les jours. Nous demandons de l’aide pour obtenir des Cartes d’Assurance Maladie (CAM) ».

A propos de l'auteur

Aline Niyibigira.

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