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IFDC : L’utilisation de la dolomie à l’honneur pour corriger l’acidité des sols

Les cartes produites en 2013 et celles qui viennent d’être produites en décembre 2021 avec l’appui de IFDC prouvent que l’acidité des sols est un problème réel et commun pour la majorité des sols du Burundi. Et les conséquences sont fâcheuses. Ce sont entre autres la non-disponibilité et non assimilabilité des éléments nutritifs dont les plantes ont besoin, les pertes de rendement et la dégradation des sols. La correction de cette acidité qui affecte ¾ des sols du Burundi consiste en la promotion de l’utilisation de la dolomie    

Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage par le biais de l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU) et de la Direction de la Fertilisation des Sols en collaboration avec le Centre International pour la fertilité des sols et Développement des agricoles (IFDC) dans son projet PAGRIS (Projet d’appui à la gestion responsable intégrée des sols) a organisé mardi le 25 janvier 2020 un atelier de validation des cartes de fertilité des sols du Burundi, édition 2022 et de restitution du rapport d’étude de faisabilité sur le renforcement de la filière dolomie au Burundi.  De cet atelier est ressorti que ¾ des sols du Burundi sont fortement très acides (pH<5,5) avec comme conséquence la faible assimilabilité des éléments nutritifs dont les plantes ont besoin, la baisse de l’activité microbiologique des sols, et l’augmentation de la toxicité aluminique. Cela a comme effet les pertes de rendement et la dégradation des sols.

Salvator Kaboneka, professeur à l’Université du Burundi : « Cette acidité est due à une déficience en certains éléments qui sont entre autres le Calcium et le Magnésium, présents notamment dans la dolomie ».

Pourquoi cette acidité ?

Selon Salvator Kaboneka, professeur à l’Université du Burundi, cette acidité est due à une déficience en certains éléments qui sont entre autres le Calcium et le Magnésium, présents notamment dans la dolomie. Tous les plateaux centraux et la crête Congo-Nil sont fortement acides (pH< 5,5) sauf certaines parties de la plaine de l’Imbo, des dépressions du Nord et du Kumoso en particulier. Etant donné que la plupart des sols ont un PH inférieur à 5,5, Professeur Kaboneka fait savoir que l’état des lieux de l’acidité des sols est alarmant car, à ce niveau, la majorité des éléments nutritifs essentiels sont déficients. Ce qui signifie que la plante doit mourir de faim, alerte Kaboneka. Et d’ajouter qu’à ce stade la plante est malnutrie.

Il se réjouit que l’Isabu en collaboration avec IFDC a mis à la disposition du pays de nouvelles cartes nationales de fertilité des sols. Ces dernières permettent déjà de fournir des informations utiles sur la teneur des sols en principaux nutriments (macro et micro-nutriments). Il s’agit des cartes pour les éléments majeurs N, P et K par zones agroécologiques du pays. Il y a aussi les cartes pour le Calcium et le Magnésium. Les deux éléments permettent, à travers le rapport Ca/Mg d’appréhender la notion de compétition entre le Ca et le Mg. Ils permettront également de décider si dans telle ou telle autre région, c’est la chaux calcaire ou la chaux dolomitique qui est mieux indiquée selon le niveau de magnésium ou de calcium présent dans le sol. Les autres cartes se rapportent aux rapports C/N et Ca+Mg/K. Le rapport C/N est indispensable dans le sens où il permet de conclure sur la minéralisation de la matière organique du sol.

La dolomie pour corriger l’acidité des sols

Selon Kaboneka, la réponse adéquate pour corriger l’acidité consiste à apporter les éléments qui ont été perdus par l’érosion et par l’exportation. Et ces éléments qui sont très vulnérables sont notamment le Magnésium  et le Calcium, présents dans la dolomie. Selon lui, on doit disponibiliser ces éléments pour combattre l’acidité. Ces derniers chassent l’aluminium et le neutralisent.  Une autre piste de solution est l’utilisation de la matière organique, fait remarquer Kaboneka. Elle neutralise aussi l’aluminium qui est l’agent causal de l’acidité des sols. Selon toujours lui, cela s’ajoute à l’utilisation des engrais et de la mise en œuvre de la politique de lutte anti érosive. Cet expert en agronomie fait savoir que la dolomie qui était auparavant reléguée aux oubliettes doit désormais être la base pour booster la production agricole, car il estime que  la production agricole peut être multipliée par trois. Pour cela, elle doit être le point d’entrée dans le développement du secteur agricole. Au moment où l’Etat dit que l’année 2022 est dédiée à l’agriculture, Kaboneka demande  que cette même année soit celle de la promotion de l’utilisation de la dolomie dans l’optique de booster la production agricole.

Micaël BEUN, représentant pays de IFDC au Burundi : « IFDC opère au Burundi depuis 2007 ».

Quand l’utilisation de la dolomie reste très insuffisante

Néanmoins, l’utilisation de la dolomie reste très insuffisante, s’inquiète IFDC.  Selon les données du PNSEB, les agriculteurs achètent environ 9 000 tonnes de dolomie par an alors que les besoins sont estimés à environ 300 000 tonnes par an  pour l’entretien des sols tandis que les sols très acides nécessitent d’importantes quantités additionnelles de dolomie pour redresser leur niveau de pH.  Cette Organisation précise aussi que beaucoup d’agriculteurs ignorent la gravité du problème d’acidité. Pourtant, le pays possède d’importantes réserves de dolomie.  Elle est concentrée en grandes quantités à Rutana, Cibitoke, Ngozi, etc.  Selon Kaboneka, les dernières statistiques sur lesquelles nous nous basons datent de 1991. Ces gisements dolomitiques sont répartis un peu partout  sur tout le territoire national. Ce qui garantit qu’il serait facile de mettre en place des usines de production de la dolomie partout dans le pays pour permettre à la population qui en a besoin de s’en approvisionner facilement. Et les mêmes études effectuées en 1991 montrent que le Burundi disposait de 600 millions de tonnes de dolomie.  Selon Toujours IFDC, il y a maintenant l’émergence des entrepreneurs producteurs de dolomie qui ont une grande capacité de production.  Il demande alors que tous les maillons de la filière dolomie soient renforcés pour que les agriculteurs accèdent facilement à un produit de bonne qualité et à un prix abordable.

Quid des recommandations pour booster l’utilisation de la dolomie ?

Dans l’objectif de promouvoir le développement de la filière dolomie, pas mal de recommandations ont été formulées.  Joël Le Turioner, Consultant externe pour le compte de RODEVA,  note qu’une large diffusion et une intense sensibilisation et formation sur l’utilisation de la dolomie sont une nécessité. Il demande la mise en place des guides d’utilisation de la dolomie et des parcelles de démonstration. Et, selon toujours lui, le programme pilote devrait se concentrer dans les plateaux centraux et la crête Congo-Nil. Et de renchérir qu’une stratégie de mise en œuvre de ce programme pilote devrait être élaborée.  Il a aussi suggéré de stimuler la demande pour augmenter les quantités de dolomie produites afin de réduire le coût de production, car la plupart des agriculteurs ne sont pas capables de transporter cette masse sur une certaine distance estimée des fois à 5 à 10 km du point de destination. Il demande de passer de l’utilisation des sacs de 50 kg à ceux de 25 kg pour alléger leur souffrance. Et de proposer de conduire une étude de faisabilité de réduction des coûts de transports  conséquente à l’augmentation de la production de la dolomie.

De surcroît, une forte subvention des deux premières années de dose de correction et la mise en œuvre de la normalisation et de contrôle de la qualité sont nécessaires. Et d’ajouter la favorisation de l’émergence d’une interprofession des producteurs de dolomie, l’établissement d’un véritable Partenariat Public-Privé permettant d’utiliser pleinement les capacités de production actuelles, l’adaptation du mode de passation des marchés et la mise en œuvre d’un programme de communication et d’information ambitieux. Mme Maria de REDEVA ajoute la révision du cadre réglementaire.

Avec la mise en œuvre de ces recommandations, Joël espère que la filière dolomie sera développée et que l’impact sur l’économie s’ensuivra. Selon toujours lui, la production agricole va augmenter. Les revenus des agriculteurs et le PIB  vont aussi augmenter. Les échanges commerciaux intérieurs seront développés et des emplois directs et indirects seront créés.

Déo Guide Rurema, ministre ayant l’agriculture dans ses attributions: «L’Etat est préoccupé par l’augmentation de la production agricole pour que chaque bouche ait à manger et que chaque poche ait de l’argent».

Le gouvernement prêt à promouvoir l’utilisation de la dolomie

Déo Guide Rurema a fait savoir que l’Etat est préoccupé par l’augmentation de la production agricole pour que chaque bouche ait à manger et que chaque poche ait de l’argent.  Il précise alors que l’atelier de validation des cartes de fertilité des sols du Burundi ,édition 2022 et de restitution du rapport d’étude de faisabilité sur le renforcement de la filière dolomie au Burundi rentre dans le cadre de passer de l’agriculture de subsistance à l’agriculture de marché. Selon lui, ces études vont permettre d’apporter une fertilisation raisonnée pour intensifier la production agricole afin d’alimenter les industries agroalimentaires et de dégager un surplus destiné à l’exportation. Il remercie donc toutes les parties prenantes en général et IFDC en particulier pour leur appui à l’actualisation des cartes de fertilité des sols et de l’étude de faisabilité sur le renforcement de la filière dolomie au Burundi. Et Rurema demande à IFDC de contribuer à la correction de l’acidité des sols pour atteindre l’objectif de booster la production. Du reste, il a promis de contribuer à la promotion de l’utilisation de la dolomie pour corriger l’acidité des sols.

Notons que Micaël BEUN, représentant pays de IFDC au Burundi fait savoir que IFDC opère au Burundi depuis 2007 et que c’est vers les années 2010 qu’elle s’est préoccupée plus particulièrement de la fertilité des sols. Et sur cette thématique, IFDC en collaboration avec le gouvernement du Burundi a établi l’état des lieux de la fertilité des sols en 2013. Et c’est de cette façon qu’on a constaté que l’acidité des sols tend à se généraliser à cause de l’érosion et de l’intensification agricole. Et c’est pour cela qu’on a senti le besoin de mettre à jour l’état des lieux de l’acidité des sols pour voir l’évolution de la dégradation des sols et analyser ensemble avec toutes les parties prenantes les mesures spécifiques qu’on pourrait prendre pour inverser la tendance, car l’acidité des sols constitue un des facteurs limitant la production agricole de manière durable. C’est pour cela qu’une feuille de route pour trouver une solution adaptée aux besoins des agriculteurs sera formulée.

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Journal Burundi Eco.

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Un commentaire
  • Ir Ernest Ndihokubwayo dit :

    C’est vraiment un bon exemple. Les autres intervenants du secteur agricole devraient faire comme IFDC et appuyer le développement de la filière dolomie au Burundi. Le sol doit être sain pour produire sain.

Les commentaires sont fermés.

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