L’incompatibilité des rhésus, un danger pour une mère en couche

L’incompatibilité entre les rhésus de la mère et de son bébé peut mener à de lourdes complications s’il n’est pas détecté à temps. Grâce à une injection rhesogamma, les femmes concernées par cette incompatibilité ont l’espoir de pouvoir résister à ses conséquences. Malheureusement, la pénurie de cette injection et l’ignorance dont fait preuve certaines femmes concernées par ce phénomène font que l’effectif des victimes des conséquences néfastes de l’incompatibilité des rhésus augmente

Selon les rapports de l’ISTEEBU (2010-2011), plus d’un tiers des femmes (36 %), ont accouché à la maison. Cela démontre qu’il y a encore des femmes, surtout en milieu rural, qui subissent encore les conséquences de l’incompatibilité des rhésus sans le savoir.

Selon Dr Alexis Hagabimana, Représentant légal suppléant de l’Association des Donneurs Universels de Sang (ADUS), après moult avortements, certaines femmes commencent à croire qu’elles ont été ensorcelées, alors que cela peut être due à l’incompatibilité des rhésus qu’on n’a pas détecté à temps.

Il s’avère donc important de connaître dès le début de la grossesse le groupe sanguin de la femme, de son partenaire et celui du fœtus, car c’est lui qui détermine la compatibilité ou l’incompatibilité des rhésus.

Les groupes sanguins comportent le système A, B et O (défini par la présence ou non des antigènes A et B à la surface des globules rouges) et le système rhésus (défini par la présence ou non d’un facteur rhésus – antigène D – à la surface des globules rouges).

Les futures mamans dont le groupe sanguin est rhésus négatif sont concernées par le problème d’incompatibilité des rhésus, si l’enfant qu’elles portent est de rhésus positif.

Pourquoi connaître son groupe sanguin ?

Le groupe sanguin est déterminé lors d’une prise de sang de routine ou lors des dons de sang. La détermination du groupe et du facteur rhésus est faite à chaque début de grossesse et avant toute intervention chirurgicale. « Normalement, chaque personne devrait savoir son groupe sanguin et son rhésus. Il est conseillé d’avoir sur soi une carte de groupe sanguin en cas d’accident même si la détermination du groupe sanguin a lieu avant chaque transfusion », nous fait savoir Dr Alexis Hagabimana.

Selon la même source, l’importance de connaître son groupe sanguin vient du fait qu’en cas de transfusion, le sang reçu doit être compatible avec le sien. Il ne faut pas que soient mis en contact des anticorps et des antigènes de même type au risque d’engendrer un rejet ou une coagulation du sang qui peut être mortel. Aussi pour les femmes enceintes de rhésus négatif, il y a risque d’iso immunisation fœto-maternelle.

Quand est-ce qu’on parle d’incompatibilité rhésus ?

Après un accouchement ou des hémorragies pendant la grossesse, la transfusion accidentelle de sang Rh positif ou des globules rouges du fœtus peuvent passer en petite quantité dans le sang maternel. Dans tous ces cas, la femme peut alors fabriquer des anticorps anti-rhésus afin de détruire l’antigène D, cette substance étrangère à son corps.

Le problème c’est qu’une fois fabriqués, ces anticorps anti-rhésus peuvent persister indéfiniment dans le corps de la mère. Et lorsqu’une nouvelle grossesse survient par la suite et que cet autre enfant est aussi rhésus positif, les anticorps anti-rhésus contenus dans le sang maternel vont traverser le placenta et s’attaquer aux globules rouges de l’enfant. S’il s’agit du premier enfant rhésus positif, la grossesse ne représente généralement aucun danger. En effet, la mère n’a le plus souvent jamais été auparavant en contact avec le facteur rhésus positif. Il en sera ensuite de même pour la 3^ème grossesse et ainsi de suite.

Ce phénomène peut entraîner l’apparition d’une anémie sévère, qui s’accompagne d’œdème, de jaunisse néo-natale voire de lésions cérébrales et peut exiger une transfusion ou le remplacement du sang de l’enfant ou même provoquer son décès. Il en découle aussi des avortements itératifs.

Quels sont les problèmes auxquels font face les femmes qui ont des rhésus négatifs lors de l’accouchement?

Les futures mamans dont le groupe sanguin est rhésus négatif sont concernées par le problème d’incompatibilité des rhésus, si l’enfant qu’elles portent est de rhésus positif. Dans les 72 heures après l’accouchement, on injecte des anticorps (gammaglobulines portant des anti-D) qui vont neutraliser les globules rouges rhésus positif avant que la mère n’ait eu le temps de développer ses propres défenses immunitaires. En effet, les gamma-globulines sont éliminées quelques semaines après alors que les anticorps fabriqués par la mère persistent indéfiniment. Grâce au vaccin anti-D, la mère peut avoir de nouveaux enfants rhésus positif sans incident. Le problème majeur est que ce médicament est cher et n’est pas accessible à tout le monde.

Le rhesogamma presqu’ introuvable 

Difficilement accessible, le rhesogamma est cher et peut coûter actuellement jusqu’à 250.000 FBu. La barrière financière fait que beaucoup de femmes subissent encore les conséquences néfastes de l’incompatibilité des rhésus.

«Trouver le rhesogamma est un parcours de titan. Plusieurs pharmacies n’acceptent pas de délivrer ce médicament sur l’ordonnance de la mutuelle. J’ai dû promettre que je vais payer 100% et quand j’avais le médicament en main, j’ai présenté l’ordonnance signée   parce que payer le médicament à 100% allait me revenir au moins à 200.000 FBu», témoigne J.M. Vianney qui a cherché le rhésogamma lors de l’accouchement de sa femme.

Selon Mme Fidélie Havyarimana, directrice générale de la Pharmacie du Nord, le Rhesogamma est un médicament rarement sollicité. Il peut facilement atteindre la date de péremption sans toutefois être demandé. Cela fait qu’il ne soit pas disponible dans la plupart des pharmacies de détail. « Je ne l’achète que par commande. Normalement, quand il n’y a pas de rupture de stock sur le marché, 20 minutes suffisent pour le livrer au demandeur », nous fait savoir cette pharmacienne.

S’il est difficile d’accéder à ce médicament dans un milieu urbain, qu’en est-il dans milieux ruraux? ceux qui ont besoin de ce médicament demandent aux autorités sanitaires de le rendre disponible et de le mettre sur la liste des médicaments à bénéficier gratuitement.