Des essaims de criquets d’une ampleur historique, totalisant plusieurs milliards d’insectes, dévastent depuis plusieurs semaines de larges zones d’Afrique de l’Est. Ces criquets affamés se sont répandus depuis l’Ethiopie et la Somalie jusqu’au Kenya, où l’Agence des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) a estimé qu’un seul de ces essaims couvrait une surface de 2 400 km², un phénomène qui serait dû aux variations climatiques extrêmes et qui pourrait s’avérer catastrophique
Comme le rapporte le journal « Jeune Afrique », un essaim contiendrait quelque 200 milliards de criquets, et chacun dévore chaque jour l’équivalent de son propre poids (deux grammes), soit un total de 400.000 tonnes de nourriture. Il est capable de parcourir 150 kilomètres par jour et de ravager les moyens d’existence des populations rurales dans leur course effrénée pour se nourrir et se reproduire.

Dr Déo Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage : « Le Gouvernement est au courant de ce ravageur et des précautions nécessaires ont déjà été prises afin de prévenir et de se préparer à la lutte contre ce ravageur »
La genèse de ce criquet ravageur
Dans son étude intitulée «Prévention des invasions de criquets pèlerins: analyse socio-technique d’un dispositif de gestion du risque (2008)», Antoine Doré, professeur à l’Institut National Agronomique Paris Grignon explique que le criquet pèlerin est un ravageur migrateur majeur des régions désertiques et semi-désertiques et intertropicales du globe. Cet insecte appartient au groupe des locustes (ou acridiens grégariaptes) qui ont la capacité de se présenter sous deux phases – solitaire ou grégaire –selon les conditions écologiques. En phase de rémission, les populations solitaires sont dispersées en très faibles effectifs dans les zones désertiques, loin des régions les plus peuplées et cultivées. Certaines années, des séquences d’événements météorologiques favorables relativement bien connus peuvent amorcer une dynamique de grégarisation et les populations de criquets pèlerins vont alors progressivement entrer dans des phases de résurgence, de recrudescence, puis, si les conditions favorables se maintiennent, d’invasion. L’aire de répartition des populations grégaires s’étend alors aux régions subsahariennes et méditerranéennes que les essaims parcourent sur de très grandes distances profitant, dans les différents pays de la région, de la complémentarité saisonnière des zones de pluies favorables à la reproduction et à l’alimentation des criquets. Ces mouvements spectaculaires d’essaims provoquent des dommages importants aux productions agro-sylvo-pastorales et peuvent alors conduire à des perturbations socio-économiques graves.
« Le Burundi est prêt à riposter contre l’invasion de ces ravageurs »
Selon Dr Déo Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, le Gouvernement est au courant de ce ravageur et des précautions nécessaires ont déjà été prises afin de prévenir et de se préparer à la lutte contre ce ravageur. Différentes activités de prévention et de lutte sont en train d’être planifiées, entre autres la mise en place d’une commission multisectorielle pour coordonner les interventions contre ce ravageur, composée par les hauts cadres du ministère et les partenaires activement impliqués dans le domaine agricole, la mise sur pied d’un comité technique de surveillance, d’alerte et de lutte contre les criquets nomades et pèlerins, un plan de contingence pour la lutte contre les criquets nomades et pèlerins, la création d’un système d’alerte précoce pour la communication sur les invasions éventuelles sur desdits criquets et la sensibilisation des agriculteurs sur les méthodes de lutte, y compris l’utilisation des plantes phytopesticides comme le Neem, le ramassage pour l’alimentation humaine et animale.
En cas d’attaque, la pulvérisation à grande échelle est nécessaire, mais pas très privilégiée
Le ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage a déjà identifié quelques méthodes de lutte, notamment la lutte mécanique par le ramassage, la lutte chimique en utilisant les produits phytosanitaires. Cependant, la lutte chimique n’est pas privilégiée. «Dans la plupart des cas, elle exige la pulvérisation à grande échelle utilisant même des avions. Ce qui peut occasionner l’intoxication humaine sans oublier la pollution de l’environnement et surtout de l’eau et de l’air», indique Dr Rurema avant d’ajouter que les insectes tués sont des proies des oiseaux même des hommes.
Ainsi comme ces insectes contiennent des résidus des pesticides, ils peuvent provoquer la mort de leurs consommateurs humains ou animaux. Pour mieux préparer la riposte contre ce ravageur, Dr Rurema invite les partenaires activement impliqués dans le domaine agricole de s’impliquer dans la mise en place et l’exécution du plan de contingence contre ce ravageur.
Même si ce genre de criquet n’est pas encore arrivé sur le territoire national à l’heure actuelle, le ministre Rurema invite tous les services techniques en la matière ainsi que la population burundaise à rester vigilants et rapporter toute attaque aux services du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage les plus proches.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.