Les déficiences physiques, visuelles, auditives devraient être prises en compte lors de l’élaboration des politiques nationales de développement. Eugène Nsabayezu, coordinateur de la Fédération des Associations des Personnes Handicapées du Burundi (FAPHB) indique que les personnes handicapées devraient être représentées dans les organes de prise de décision pour une participation inclusive de cette catégorie. Le sport en est un aspect éloquent parmi tant d’autres

Eugène Nsabayezu, coordinateur de la Fédération des Associations des Personnes Handicapées du Burundi (FAPHB) : « Il n’y a pas de format en écriture braille ».
Les personnes vivant avec un handicap en général et les jeunes handicapés en particulier ne sont pas représentés dans les organes de prise de décision. Eugène Nsabayezu, coordinateur de la FAPHB indique que cela a des impacts négatifs sur la mise en pratique des projets de développement du pays puisque les jeunes handicapés ne s’y trouvent pas impliqués. Il donne l’exemple des centres-jeunes qui sont implantés dans différentes communes du pays.
Selon lui, leur aménagement et leur équipement ne répondent pas à leurs spécificités. L’accès à ces infrastructures devient difficile si la dimension handicap n’est pas prise en compte.
Pour un handicapé physique qui se déplace dans une chaise roulante, les portes d’entrée sont très petites par rapport à son moyen de déplacement. Souvent les escaliers et les toilettes sont aussi d’autres facteurs d’exclusion.
A chaque déficience, sa spécificité
Pour des personnes à déficience visuelle, les documents qui contiennent les plans de développement pour une période donnée comme les Objectifs de Développement Durable (ODD), le Plan National de Développement (PND), etc. sont rédigés en lettres. Il n’y a pas de format en écriture braille. Cela exclut cette catégorie de personnes de l’accès aux informations relatives au programme de l’Etat et de surcroît de leurs contributions. Les personnes vivant une déficience auditive ne sont pas aussi épargnées. Bien qu’ils puissent accéder aux infrastructures, il leur est difficile de connaître le contenu des documents dont ils n’ont jamais entendu parler. Ils ont besoins d’interprète utilisant les signes. M.Nsabayezu explique que les personnes handicapées ne sont pas consultées dans la mise en place de ces programmes. Ils sont pris dans l’ensemble des vulnérables ignorant la spécificité de chaque catégorie.
En matière d’éducation, les spécificités de chaque handicap ne sont pas prises en compte en matière de supports pédagogiques et de personnel enseignant. A titre illustratif, le coordinateur de la FAPHB explique qu’on attribue aux élèves vivant avec un handicap des points dans le cours de sport sans qu’ils aient fourni l’effort, les considérant comme des inaptes. Pourtant, il y a des sports adaptés à une déficience donnée.
M.Nsabayezu illustre cela par des jeunes qui ont déjà honoré le pays dont Rémy Nikobimeze, champion de 1500 et 5000 m au Maroc qui a été le premier dans le championnat d’athlétisme de mai 2018 et l’équipe Goalball des aveugles qui a gagné la 3ème place au championnat de l’East African Community en Ouganda en février 2018. Il rassure qu’une fois que les jeunes handicapées seraient représentés dans les organes de prise de décision, ils participeraient à l’élaboration des politiques sectorielles qui incluraient des sections spécifiques pour leur intégration.
Equipements sportifs inadaptés

Pélagie Niyonzima de l’équipe de Sitting Volley-Ball de Bujumbura : « Les jeux pour personnes handicapées ne sont pas supportés financièrement ».
Pélagie Niyonzima est joueur dans l’équipe de Sitting Volley-Ball de Bujumbura. Il atteste que les jeux pour personnes handicapées ne sont pas supportés financièrement. Ce qui fait que certains championnats pour personnes vivant avec handicap ne sont pas organisés. Les terrains non adaptés aux déficiences physiques des bénéficiaires constituent aussi un défi. Elle évoque le pavement qui n’est pas lisse pour faciliter leur déplacement, des tribunes en escaliers, des toilettes non adaptés, etc. Un championnat se prépare deux semaines, mais on donne deux jours seulement de préparation aux personnes vivant avec un handicap et il n’y a pas d’éliminatoires qui sont organisés pour elles.
La sensibilisation à ces jeux, un enjeu financier
L’accès aux collines pour sensibiliser la population à différentes déficiences n’est pas possible suite au manque de moyens. Ceux-ci sont indirectement discriminés puisqu’ils ne peuvent pas arriver au lieu de conférence pour apprendre les programmes et projets mis en place par le gouvernement. Mlle Niyonzima explique que leurs préoccupations seraient considérées une fois que les personnes handicapées seraient représentées dans les organes de prise de décision.
La voix serait entendue et soutenue sur les modalités d’accès à cette catégorie de personnes et de surcroît on pourrait débloquer les moyens y afférentes. Ce sont les membres des équipes qui financent leur participation au championnat. Cela décourage les amateurs de sport. Niyonzima demande de considérer la personne vivant avec un handicap au même niveau que les autres.
Pourtant, le respect de la dignité, la non-discrimination, la participation et l’inclusion des personnes vivant avec handicap dans tous les aspects de la société, l’égalité des chances, la reconnaissance des besoins, la protection sociale, sont entre autres les principes de base du projet de loi sur les personnes vivant avec un handicap adopté le 14 décembre 2017 par le parlement. Selon Martin Nivyabandi, ministre de la Solidarité, des Ahffaires Sociales et du Genre, cette loi servira dans l’orientation des actions du gouvernement en leur faveur. Aussi, son application reste décriée par les bénéficiaires.
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