Les cornes de vaches jadis considérées comme des objets sans valeur sont au cœur du commerce des objets d’art à Kayanza. Les membres de la coopérative « Dushaze mw’ihembe » transforment les cornes de vaches en articles ménagers (les assiettes, sous tasses, gobelets etc..), les bijoux (les boucles d’oreilles, les bagues, les bracelets, …) ou encore des objets d’ornement. C’est un business qui s’est développé à partir des matériaux locaux délaissés

Dans le Burundi traditionnel, les cornes de vaches étaient utilisées pour puiser de l’eau ou conserver des objets de grande valeur comme les pièces de monnaie. Avec la modernité, l’utilisation des cornes a cédé la place aux autres matériaux et moyens sophistiqués de conservation. Après l’abattage des vaches, les bouchers rassemblent les cornes pour ensuite les enfouir ou les brûler. Dans la plupart des cas, on les laisse pourrir dans la nature se décomposer dans la nature.
La coopérative « Dushaze mw’ihembe » change la donne. M. Innocent Nyabenda, un ex- couturier reconverti en artiste parle de la genèse de ladite coopérative et de ses principales activités. Tout débute avec un projet du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui ciblait les groupes de personnes vulnérables et je faisais partie de ceux qui devaient bénéficier d’une formation sur divers métiers. J’ai appris comment fabriquer les obejts à partir des cornes de vaches. A l’issue de la formation, nous avons bénéficié des équipements pour démarrer une activité génératrice de revenus, se rappelle M. Nyabenda. Il a initié la coopérative «Dushaze mw’ihembe» qui compte 26 membres dont 20 femmes et 6 hommes. Pour le moment, la chambre sectorielle de l’art et de l’artisanat (CHASAA) de la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi encadre ces jeunes entrepreneurs
Une gamme d’objets d’art en cornes
Le processus de transformation des cornes de vaches en objets d’art est un travail fastidieux. Il exige de la patience et une précision irréprochable. Les équipements utilisés sont importés du Kenya et coûtent énormément chers, souligne M. Nyabenda. Ce sont surtout les machines utilisées pour suivre le tracé d’une corne et polir la face extérieure des objets d’arts, les scies électriques spécialisées. Le président de la coopérative révèle que les objets fabriqués sont les gobelets, les assiettes, les sous stasse, les porte-clés, les bracelets, les boucles d’oreilles, les colliers, les ouvres bouteilles, les bagues, les vases et d’autres objets d’ornement.

Les matières premières sont essentiellement composées de cornes et d’ossements de vaches collectés dans les abattoirs. Même si les cornes sont dispersées partout dans le pays, leur accessibilité est souvent difficile. La coopérative « Dushaze mw’ihembe » n’est pas la seule à s’approvisionner sur le marché local. Les artisans de la sous-région comme ceux de l’Ouganda ou du Kenya viennent s’approvisionner au Burundi. En conséquence, une paire de cornes de vaches est passée de 2.000 à 6.000 FBu. Les bouchers les vendent au plus offrant.
Les foires, une occasion de se faire connaître
La médiatisation des activités de la coopérative a permis de faire connaître les différents objets d’art qu’elle fabrique. Les objets d’art s’écoulent vite et les recettes mensuelles de la coopérative oscillent autour de 25.000 FBu. Tout juste de quoi payer le loyer ou faire d’autres investissements si nécessaires, s’émerveille Nyabenda. Il confirme que les objets d’art fabriqués à Kayanza ont été exposés dans des foires régionales en Ouganda comme au Kenya. Cela présente un double avantage : la coopérative gagne en termes de visibilité en même temps que ses membres acquièrent une expérience professionnelle via les échanges avec les artistes chevronnés.
Le manque de financement, un défi majeur
Toute entreprise en phase de démarrage se heurte à un problème de manque de financement. La coopérative « Dushaze mw’ihembe » ne fait pas exception. Ses membres souhaitent augmenter le capital pour accroître le chiffre d’affaires. Pour Nyabenda, des investissements additionnels sont nécessaires pour acheter des équipements de pointe, constituer des stocks de matières premières afin d’exécuter les commandes de grande envergure. Par exemple, la coopérative a besoin de machines pour imprimer sur les objets d’art fabriqués, indique-t-il.
L’autre défi est que la plupart des équipements sont en panne ou déclassés. Ils doivent être remplacés, indique M. Nyabenda. Il demande aux autorités habilitées de leur octroyer une parcelle pour y installer leur site de production. Ce qui leur permettra d’épargner les frais de loyer et de les affecter à d’autres activités.
Nyabenda conseille aux autres jeunes de s’intéresser aux métiers car, dit-il, les temps sont révolus. Le métier sert de bouclier au chômage qui hante la jeunesse burundaise. Ceux qui exercent différents métiers arrivent à subvenir à leurs besoins. Chacun doit mettre à l’épreuve ses talents pour réussir. La meilleure façon de faire face au chômage et de pallier à la pauvreté est de se regrouper en des associations pour ceux qui prestent dans un même secteur d’activité.
Bonjour, je suis très intéressé et j’aimerai prendre contact avec ces artistes pour une éventuelle coopération d’un sens ou un autre.
Mon adresse e-mail est demsfaizi@gmail.com.
Bonjour,
C’est une bonne initiative, ces jeunes méritent d’être soutenus. Vous pouvez contacter directement le responsable de la coopérative au +257 79 524 866 ou encore sur WhatsApp +257 69 630 550. L’adresse électronique de la coopérative est : coopdushazemwihembe@gmail.com
Merci.