TIC

La dactylographie, un métier balayé par les TIC

Au fur et à mesure que l’ordinateur fait son expansion, la dactylographie fait une chute libre. Ce métier est en train de tomber dans l’oubli, car les techniques utilisées par la machine à écrire ne sont pas adaptées à la réalité du moment. Malgré tout, il y a encore des dactylographes qui sont toujours résilients 

Au Burundi comme ailleurs, au 20ème siècle et au début du 21ème siècle, l’écriture non manuscrite a été dominée par la machine à écrire. Les dactylographes ont joué un rôle important et ont constitué un centre d’intérêt, car ils étaient sollicités non seulement par les intellectuels ou les administratifs, mais également par les citoyens lambda qui sont dans le besoin des services administratifs. Tout secrétaire était obligé de se familiariser avec la machine à écrire. Au Burundi, cette belle époque de la machine à écrire a connu le déclin vers 2010 et un peu avant avec la vulgarisation de l’ordinateur, car cette nouvelle technologie n’a pas tardé à substituer la machine à écrire dans les bureaux comme dans des secrétariats publics. Les fonctions d’un ordinateur sont de loin efficaces par rapport à celles d’une machine à écrire. Cette dernière est désormais en train de tomber progressivement dans l’oubli. Malgré tout, certains dactylographes sont toujours résilients.

Bien que l’ordinateur ait détroné la machine à écrire, cette dernière est toujours utile.

Le métier de dactylographe a été une alternative au chômage

Sous couvert d’anonymat, une femme rencontrée devant le bureau de la zone Buyenzi en commune Mukaza (Mairie de Bujumbura) affirme qu’elle exerce le métier de dactylographe depuis bientôt plus de 10 ans. « A la fin de mes études secondaires en 2011, suite au chômage récurrent qui ne date pas d’hier, j’ai embrassé le métier de dactylographe pour subvenir à mes besoins. Depuis lors, je n’ai pas exercé un autre travail. Mais la concurrence des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) est un défi majeur quasiment impossible à relever », affirme-t-elle. Elle fait savoir que dans le temps les dactylographes tapaient toutes sortes de documents tels que les rapports, les mémoires, les livres, etc. Ce qui leur permettait de gagner facilement de l’argent. Pourtant, actuellement, ils ne rédigent que de simples documents administratifs comme des extraits d’acte de naissance, des attestations de résidence, des convocations, etc. avant qu’ils ne soient paraphés par un administratif habilité. Et une page tapée à la machine est taxée entre 500 FBu et 1000 FBu.

Les dactylographes actuels vivent ainsi même si leurs clients sont comptés sur les doigts de la main, car nombreux d’entre eux préfèrent les services offerts par les secrétariats publics qui sont beaucoup plus performants grâce à l’ordinateur. Cette femme se désole qu’elle fait face non seulement au manque de la clientèle, mais que même la politique de la Mairie de Bujumbura qui consiste à démolir tous les kiosques construits anarchiquement l’a sévèrement touchée. « Auparavant, je louais un kiosque tout près de la zone de Buyenzi pour exercer décemment mon métier mais, actuellement cet édifice n’est plus à cause des mesures d’assainissement de la ville. Dans ces derniers jours, je travaille sous un soleil de plomb à l’abri d’un modeste parapluie », se lamente-t-elle.

Les dactylographes de Bwiza subissent le même sort

Cette situation est la même dans la zone Bwiza. À la 6ème avenue, près de l’endroit appelé communément « Bon Accueil », les dactylographes qui s’y trouvent et qui ont accepté de s’exprimer sur le micro de Burundi Eco affirment que le manque de clients est le problème majeur auquel ils font face. Cela est aggravé par le fait que la Mairie de Bujumbura a déménagé ses services du «Bon Accueil» à l’«Hôtel de Ville». Et là, il est difficile d’y trouver un espace pour travailler. C’est pour cette raison que ces dactylographes majoritairement féminins ont été contraints de rester dans leur place traditionnelle. Eux aussi, ils travaillent dans des conditions précaires, car leurs kiosques ont été touché par la politique d’assainissement de la ville. Ils exercent leur fonction en pleine rue et à ciel ouvert.

Bien que l’ordinateur ait déboulonné la machine à écrire, cette dernière a été depuis des années un symbole de la modernité littéraire. Grâce au métier de dactylographe, beaucoup de monde ont bénéficié un travail même s’il n’est plus rentable. Pourtant, à cause du chômage récurrent qui prévaut au Burundi, la résilience joue le jeu pour survivre.

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A propos de l'auteur

Gilbert Nkurunziza.

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