Société

La dot est-elle un catalyseur des VBG ?

Aujourd’hui, dans la tradition burundaise, la dot a plusieurs points en commun avec la relation « achat-vente ». Cela fait que la femme soit de plus en plus considérée comme une marchandise acquise par son mari, l’acheteur. Sans qu’on s’en rende compte, la femme devient victime de cette pratique et est ainsi bloquée dans son épanouissement dans sa vie conjugale. L’adaptation de la tradition à la réalité actuelle serait d’une grande nécessité    

Avec le temps et l’évolution de la tradition burundaise, la dot a changé de forme et de sens. Aujourd’hui, la dot au Burundi a plusieurs points en commun avec la relation «achat-vente». Contrairement à la dot d’autrefois qui était constituée de vaches, la dot est aujourd’hui évaluée en argent. Puisqu’elle n’a pas de prix fixe, sa valeur se négocie entre la famille du futur marié et celle de la future mariée. Les prix de la dot tiennent compte de la valeur de la future mariée, entre autre son niveau d’étude.  Cela réduit la future mariée à une vulgaire marchandise et son futur époux à son acquéreur.

Tout comme évolue la culture, la dot devrait elle aussi évoluer.

Un frein à l’épanouissement de la femme Burundaise

Sans qu’on s’en rende compte, la dot peut constituer un frein à l’épanouissement de la femme dans sa vie conjugale comme le précise Madame Frederica Iradukunda, 66 ans qui réside à Kamenge. Selon cette maman, les parents doivent faire attention en négociant la dot pour leurs filles. Ils peuvent induire la future mariée dans les problèmes de vie conjugale sans le savoir. « Si le mari donne tout jusqu’au point de s’endetter pour payer la dot requise par la famille de la fille, celle-ci doit absolument en subir les conséquences », explique-t-elle. 

Selon elle, cette pratique fait que la femme se sente toujours inférieure et redevable envers celui qui a payé des prix exorbitants pour elle. «Nous avons assisté maintes reprises à des cas où le mari prend sa femme comme une esclave sous prétexte qu’il l’a doté cher », témoigne-t-elle. 

Pourquoi tant de négociations ?

 Selon Mme Iradukunda, la dot avait jadis le sens de combler le vide qui va être créé par le départ de la future mariée dans la famille de son époux. Avec raison, car celle-ci allait vivre avec sa belle-famille et constituer une main d’œuvre pour celle-ci. « Je n’ai pas de problème avec la dot si elle a été donnée en commun accord entre les deux familles. Mais je ne comprends pas la raison de négocier la dot aujourd’hui jusqu’au point de créer des malentendus dans les familles ». 

Selon Mme Iradukunda, aujourd’hui, la dot ne peut pas constituer un objet de malentendus entre les deux familles en union. Car, explique-t-elle, aujourd’hui, si la dot est une rémunération pour la famille qui a élevé la fille, même la famille du garçon devrait être récompensé car, aujourd’hui, dans la plupart des cas, les mariés habitent loin de la famille du mari et de la famille de la mariée et s’entraident pour gagner leur vie. Selon cette maman, la tradition doit rester, mais il faut faire en sorte qu’elle ne culpabilise personne.

Tout comme évolue la culture, la dot devrait elle aussi évoluer

Selon le sociologue J.M. Vianney Gatungane, la dot est une tradition que nous avons héritée de nos ancêtres. « Malgré tous les désavantages qu’elle représente pour la fille et les contraintes économiques qu’elle représente pour la famille du garçon, je ne soutiens pas qu’elle disparaisse. Elle fait partie intégrante de notre culture », explique-t-il. Il regrette que la forme actuelle de la dot n’a plus de sens si ce n’est qu’asservir la femme. « Parce qu’actuellement, la dot réduit la femme à une simple marchandise pour laquelle, après négociation sur le prix, l’homme paie et rentre avec « son paquet ». », fait-il savoir. 

Selon lui, tout comme évolue la culture, la dot devrait elle aussi évoluer. Plutôt qu’il revienne à l’homme de payer la dot à la famille de la future mariée, qu’il y ait un échange de cadeaux entre les deux belles-familles et ainsi cette impression que l’homme a acheté sa femme disparaitra.

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A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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