Le prix du café cerise vient d’être majoré de 1.420 FBu le kilo, soit plus de 100%, un effort considérable de la part du gouvernement selon les caféiculteurs. Cette augmentation réussira-t-elle à convaincre les caféiculteurs à revenir sur cette culture d’exportation, qui a perdu progressivement son attrait à cause de son faible prix rémunérateur ?

Le prix du café cerise vient d’être majoré de 1.420 FBu.
Le Conseil des ministres, réuni ce mercredi 7 mai 2025, a fixé le prix du café cerise à 2.800 FBu alors qu’il était jusque-là à 1.380 FBu le kilo. Cela signifie qu’il vient de connaître une augmentation de 1.420 FBu, soit plus de100%. Une hausse tant attendue par les caféiculteurs dont la majorité commençait à se décourager et à se tourner vers d’autres cultures, jugées plus rentables.
« Nous n’avons pas encore atteint le prix souhaité par les caféiculteurs, mais je suis ravi par cet effort du gouvernement », confie M. Claver Nzimpora, un caféiculteur de 69 ans habitant à Kayanza. Pour lui, cette hausse du prix du café montre clairement que le gouvernement burundais souhaite redonner un élan à la culture du café et qu’il a entendu les doléances des caféiculteurs.
Un effort, oui, mais encore insuffisant
Selon ce caféiculteur, la culture du café nécessite aujourd’hui des investissements colossaux. « A ce moment-ci, nous sommes en pleine ceuillette et devons payer les journaliers jusqu’à 5.000 FBu chacun du matin jusqu’à midi. De plus, nous devons acheminer le café jusqu’à l’usine située à plus de 5 km de chez nous. Ceux qui le transportent à vélo nous facturent 100 FBu par kilo. Ce qui signifie que pour 100 kg, je dois payer 10.000 FBu. » En y ajoutant d’autres coûts liés à la culture du café, on constate que nous ne gagnons presque rien.
M.Nzimpora suggère qu’au moment de fixer les prix du café, les caféiculteurs soient impliqués dans les discussions afin de prendre en compte les difficultés rencontrées par les producteurs et d’envisager des solutions pour promouvoir cette culture. « Ce sont les agriculteurs qui connaissent le mieux ces réalités. Il est donc essentiel que leurs préoccupations soient prises en compte », explique-t-il. Cette recommandation a d’ailleurs focalisé l’attention du Conseil des ministres. « Comme les caféiculteurs sont en principe regroupés en coopératives, il est recommandé d’organiser des réunions de concertation afin que la fixation des prix du café soit faite en toute transparence » lit-on dans le communiqué sanctionnant cette réunion.
Le Conseil des ministres précise que le calcul du prix d’achat du café tient compte de plusieurs paramètres, notamment la production prévisionnelle, la qualité du café, le rendement moyen de transformation, les coûts de production et autres coûts opérationnels, le niveau de la bourse et le taux de change du dollar américain par rapport au franc burundais. Le Conseil des ministres suggère également la création d’une autorité de régulation pour tous les produits d’exportation.

Vers la résurrection de cette culture ?
En décembre 2023, la Banque centrale a signalé une baisse de 46,1 % de la production de café vert, entraînant une chute de 45 % des recettes d’exportation liées à ce produit. Parmi les causes de cette baisse figurait le désintérêt des caféiculteurs, découragés par des prix au producteur trop bas. Cette situation les a poussés à abandonner la culture du café pour se tourner vers des cultures moins exigeantes en terme d’investissements et plus rentables à court terme. De même, les prix rémunérateurs faibles ont fait qu’il y ait une augmentation exponentielle de la fraude liée au café, qu’il soit sec ou sous forme de cerises. Une partie de la production était exportée illégalement vers les pays voisins où les prix sont plus attractifs. M. Nzimpora reste convaincu que cette hausse du prix du café va encourager fortement les caféiculteurs à revenir sur la culture du café et ainsi augmenter sa production.
Rappelons que le prix d’un kilogramme de café qui vient d’être fixé à 2.800 FBu était à 1.380 FBu en 2024, à 1.200 FBu en 2023, à 850 FBu en 2022 et à 700 FBu en avril 2021.
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