Santé

La malnutrition continue à sévir

Le ministère de la santé publique fait savoir que plus de 50% des enfants de moins de 5 ans souffrent d’une malnutrition chronique. Ce chiffre est de loin supérieur au seuil critique de l’OMS qui est de 30%. Malgré que les enfants qui souffrent de la malnutrition peuvent être pris en charge et stabilisés, il y en a qui en meurent. Coup de projecteur sur la prise en charge des mal nourris à l’hôpital de Gitega

A l’hôpital de Gitega, 9 enfants sont décédés au service de stabilisation des enfants souffrant de la malnutrition en 2022 et il en avait enregistré 3 jusqu’en octobre 2023.

 

Environ 60 mille enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère doivent être pris en charge chaque année au Burundi. La prévalence de la malnutrition aigüe globale, est proche du seuil d’alerte de 5% fixé par l’OMS. (UNICEF septembre 2022). Cela a été mentionné par la ministre ayant la santé dans ses attributions, lors du forum des femmes leaders. Ces statistiques sont de loin supérieur au seuil critique de l’OMS qui est de 30%.

L’hôpital de Gitega a en son sein le service de stabilisation des enfants souffrant de la malnutrition.  Les chiffres mis à disposition par l’hôpital montrent que le phénomène de la malnutrition est une réalité au Burundi. En 2022, le service a accueilli 227 enfants souffrant de malnutrition sévère. En 2023, jusqu’ ‘en octobre, le service en avait déjà accueilli 173.

La malnutrition est placée en cinquième position sur la liste des causes de la mortalité infantile au monde par l’OMS. A l’hôpital de Gitega, 9 enfants sont décédés au service de stabilisation des enfants souffrants de la malnutrition en 2022, et il en avait enregistré 3 jusqu’en octobre 2023.

Cela étant, la province de Gitega compte 6 structures de santé (hôpital de Gitega, celui de Kibuye, celui de Kibimba, celui de Ntita, celui de Mutaho et celui de Mutoyi) dans lesquelles il existe ce service.

L’insuffisance des denrées alimentaires, la vraie cause

Un apport alimentaire inadéquat et les maladies, en particulier les infections, le paludisme sont les causes immédiates de la malnutrition.  C’est pourquoi le gouvernement du Burundi en collaboration avec ses partenaires a mis l’accent sur l’approche communautaire à travers un programme de Foyer d’Apprentissage et de Réhabilitation Nutritionnelle (FARN). C’est un endroit  de rassemblement dans un ménage de la colline, où s’effectuent des démonstrations culinaires et des sensibilisations sur la bonne nutrition, la santé et l’hygiène.

Les mamans formatrices appelées mamans lumières, et les mamans bénéficiaires cuisinent ensemble des menus équilibrés et nutritifs (préparation des menus composés de 3 groupes d’aliments à base des aliments disponibles localement). Les mamans lumières sont issues des ménages à revenus modestes, mais avec des enfants bien nourris et bien portants

Toutefois, un des prestataires de soins dans le service de stabilisation des enfants souffrant de la malnutrition de l’hôpital de Gitega affirme que ces cas diminuent pendant la période de récolte. Pendant ces temps, les enfants ont de quoi   mangé suffisamment contrairement à d’autres périodes. « Quand les récoltes ont été bonnes dans les champs, nous sommes les premiers à le constater. La salle est déserte ».

La précarité des familles, une des causes de rechute

Les enfants qui y sont admis sont traités au lait F-75 puis au lait F-100. Le lait thérapeutique F-75 est réalisé spécialement pour les enfants en état de malnutrition aiguë sévère, dont l’organisme affaibli ne peut pas supporter les quantités habituelles de protéines, graisses et sodium. Le lait thérapeutique F-100 est destiné aux enfants malnutris ayant recouvré l’appétit, nous explique-t-il.

Une fois retournés à la maison avec leurs parents, les enfants continuent le traitement avec les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE). Ces aliments peuvent être administrés à domicile par les parents de l’enfant et sont utilisés pour traiter les cas de malnutrition aiguë sévère sans complications. Une fiche est donnée à l’enfant afin de pouvoir continuer à s’approvisionner dans lr centre de santé proche.

Mais à cause de la précarité des familles, les parents vendent ces aliments pour pouvoir acheter de quoi nourrir toute la famille. Et l’enfant qui avait suivi le traitement et récupéré fait rechute. Des cas de rechutes, l’hôpital en a accueilli souvent, confie notre source.

Il déplore malheureusement une pénurie récurrente des aliments thérapeutiques qui fait que ces enfants ne sont pas accompagnés comme il faut. Lors de notre reportage (novembre 2023), l’hôpital connaissait une rupture du lait F-100. Et notre source nous affirme : « Même les autres structures de santé proches (citées ci-haut) n’en ont pas. Elles se les cèdent parfois quand l’une d’entre elles n’en a pas et que les autres en ont ».

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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