Les devoirs de la femme burundaise en tant que mère exigent parfois sa présence physique permanente auprès de sa famille. Cela constitue un frein à son épanouissement intellectuel. Madame Goreth Ndayikeza, enseignante à l’INSP nous raconte comment elle a pu briser cette barrière
Pour pouvoir entrer en compétition avec ses pairs masculins, la femme burundaise doit avoir un niveau intellectuel supérieur ou égal à celui des hommes. Pour y arriver, le chemin qu’emprunte la femme burundaise est souvent plein d’embûches comparativement à celui emprunté par les hommes. Et cela parce que souvent les devoirs de la femme burundaise en tant que mère de famille exigent sa présence permanente auprès de ses enfants, alors que le développement intellectuel exige parfois le contraire.

La poursuite de ses rêves ne devrait pas tenir compte du genre.
Madame Goreth Ndayikeza est enseignante à l’INSP. Elle a terminé ses études secondaires avec la mention distinction. Cela lui a donné le feu vert d’entrer à l’université du Burundi. Elle a fait la faculté de Chimie. Là aussi elle a terminé sa licence avec la mention distinction. C’est ainsi qu’elle a eu droit à une bourse d’études pour faire le master à l’étranger. Lorsqu’elle a été appelée pour aller poursuivre ses études à l’Université de Laval, elle avait déjà des enfants. L’aînée était en 3 ième année secondaire et la dernière avait 6 mois. « Laisser de côté ma bourse d’études ou laisser un bébé de 6 mois pour aller poursuivre mes études à l’étranger a été le dilemme le plus difficile de ma vie », fait-elle savoir. Ce dilemme a abouti à une décision qui a paru bizarre à pas mal de personnes. Se séparer de ses enfants pour les études. « Personne ne comprenait ce qui me prenait. On a même dit à mon mari que je ne reviendrai pas, que c’est une humiliation de haut niveau, etc. Heureusement que mon mari m’a soutenu », fait-elle savoir.
Le rôle de l’époux est indispensable
Selon Mme Ndayikeza, une telle décision exige la compréhension et l’implication de l’époux. « urugo ni babiri », fait-t-elle savoir. Cela veut dire que l’un est la moitié de l’autre et que ce que l’un peut faire l’autre peut le faire aussi pour le bien de la famille. La recherche des ressources financières pour la famille n’est pas l’apanage des hommes comme c’est souvent le cas dans la tradition burundaise. La femme n’est pas non plus faite pour rester à la maison. Ils doivent s’entraider mutuellement dans la recherche de comment nourrir leur famille. Si l’opportunité se présente chez le mari, tant mieux. Mais aussi si elle se présente chez la femme, celle-ci ne devrait pas normalement être freinée par le fait qu’elle est femme. La poursuite de ses rêves ne devrait pas tenir compte du genre.
Elle appelle toutes les femmes intellectuelles à poursuivre leurs rêves peu importe le prix. Elle déplore cependant le fait que beaucoup de femmes Burundaises comptent uniquement sur les revenus de leurs maris. « La femme Burundaise devrait chercher son autonomie financière », fait-elle savoir. Aux hommes elle les appelle à soutenir leurs femmes dans la poursuite de leurs rêves. « Je me souviens, il y avait beaucoup de femmes avec qui on était ensemble et qui sont rentrés avant la fin de leurs études. Les unes parce qu’elles n’ont pas pu supporter les conditions d’études et les autres ont écourté les études parce que leurs maris n’ont pas pu être à la hauteur de leurs responsabilités familiales », fait-elle savoir.
La fille Burundaise devrait se préparer en conséquence
Même si cette maman a pu terminer ses études, elle avoue que la conciliation des études et de son rôle de mère de famille qu’elle jouait à distance n’a pas toujours été facile. Elle appelle les jeunes filles qui sont toujours au banc de l’école à poursuivre leurs études avec assiduité et à faire le maximum possible d’études avant de se marier.
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