Développement

Latrines écologiques : Une nouvelle technologie pour booster la production agricole

Outre la promotion de l’hygiène et de l’assainissement, l’utilisation des toilettes écologiques pourra être un atout pour augmenter la production. Cette nouvelle technologie permet d’avoir du fumier organique. Au niveau de l’AVEDEC, on propose une large vulgarisation de ces types de latrines    

Au Burundi, une nouvelle technologie s’invite. Il s’agit de l’utilisation des toilettes écologiques. Cette technique semble ne pas être adoptée par la population rurale alors qu’elle est multi-avantageuse. L’utilisation des toilettes écologiques pourrait être une solution compensatoire dans la production agricole vu le pouvoir d’achat de la communauté par rapport au coût exorbitant de l’engrais chimique utilisé dans la fertilisation du sol. C’est l’avis de Nestor Mburente, représentant légal de l’Association Villageoise d’Entraide et de Développement Communautaire (AVEDEC), une des organisations promotrices de cette nouvelle technique au Burundi.

Les latrines écologiques sont conçues avec un système direct de collecte à doubles fosses séparées pour récupérer les fèces. Les urines sont directement collectées dans un bac conçu pour les récupérer.

Quid des latrines écologiques ?

Selon Nestor Mburente, les latrines écologiques sont conçues avec un système direct de collecte à doubles fosses séparées pour récupérer les fèces (selles). L’une est utilisée au moment où l’autre est fermée. Lorsqu’une fosse en cours d’utilisation est pleine, on la ferme pendant une période allant de 3 mois à 8 mois selon la température du milieu. Cela pour enfin récupérer les fèces carbonisées. Quant aux urines, elles sont directement collectées dans un bac conçu pour les récupérer. Il doit également y avoir des bidons de puisage et des bacs de stockage. L’utilisation des urines n’est pas immédiate. Après la récupération de l’urine, il faut la stocker dans un bac et le fermer pendant une période allant de 2 à 3 semaines. C’est pour réduire la teneur en azote, fait savoir M. Mburente. Ce fonctionnement évite l’utilisation de l’eau. Après chaque utilisation, il faut ajouter de la cendre pour réduire la teneur en pathogènes.

Au niveau de l’AVEDEC, la vulgarisation des toilettes écologiques est en cours, révèle Nestor Mburente. « Nous avons déjà des sites pilotes dans 4 provinces dont Cankuzo dans la commune de Mishiha, Bubanza dans la commune de Gihanga, Gitega dans la commune de Bugendana et Bujumbura dans la commune Isare. Il précise aussi que d’autres intervenants dans le pays s’activent.

Un business rentable ?

Les expériences ont été déjà faites surtout pour les céréales et les produits maraichers. A Bujumbura rural et à Bubanza, la population a déjà commencé l’utilisation des sous-produits des excréments humains. Les résultats sont satisfaisants, précise le représentant légal de l’AVEDEC.  « Nous-mêmes, nous avons déjà développé des recherches-actions à Bubanza. Sur une superficie de 1 are où un agriculteur produisait 15 kilos de haricots, aujourd’hui avec l’utilisation de la fumure provenant des toilettes écologiques, la production agricole a doublé ou même triplé. Ils arrivent même à avoir 100 kilos de haricots sur la même superficie ». Selon Mburente, l’urine remplace carrément l’urée.

Actuellement, les agriculteurs de gros calibre s’y mettent. Il y en a qui commencent à acheter les urines. Le litre d’urine s’achète à 3 mille FBu au moment où un sac de 20 kilos de selles après hygiènisation s’achète à 5 mille FBu. « Vous comprenez que cela devient un bien économique », explique le représentant légal de l’AVEDEC. Comme au Burundi, nous n’avons pas suffisamment d’espace pour cultiver, l’agriculteur qui produit ce fumier peut le vendre pour acheter d’autres biens familiaux.

Ce fumier organique peut être aussi mélangé avec la fumure naturelle. C’est une solution compensatoire pour un paysan qui n’a pas de moyens pour s’offrir l’engrais organo-minéral.

Des défis de taille

Le gros du problème est lié aux aspects culturels. La population burundaise n’a pas encore compris comment valoriser les excréments humains. Pour adopter le concept des latrines écologiques, il faut partir de quelques principes, considérer les déchets humains comme une ressource financière, économique. Il faut que la population arrive à changer la mentalité dans ce sens, explique M. Mburente.

L’autre défi est que la technique de construction de ces toilettes est coûteuse pour la population rurale. Ce n’est pas aussi adapté pour les petits enfants et les personnes âgées, car c’est difficile d’y accéder.

Une vulgarisation nationale s’impose

Pour M. Mburente, il faut d’abord passer à l’échelle de vulgarisation nationale pour que cette technologie soit connue et soit adoptée par la population.

Il invite les différents intervenants dans le secteur, notamment les ministères de l’Hydraulique, de l’Environnement, de la Santé, les partenaires techniques et financiers à se mettre ensemble pour élaborer un guide national pour la promotion des latrines écologiques. « Ce guide serait transféré à toutes les communes pour sa mise en application ». Il propose également de faciliter la promotion par des visites de champs d’expérience, mais aussi par une éducation par des pairs. La population ayant déjà acquis cette expertise peut former les autres. Les entreprises comme FOMI devraient penser aussi à contacter les paysans ayant déjà les latrines écologiques pour acheter la matière première afin de compléter les composants utilisés dans la fabrication engrais FOMI. Comme cette technologie coûte chère, le gouvernement devrait penser à la subventionner pour une promotion nationale. Ces latrines sont aussi conçues pour la protection de l’environnement et plus particulièrement de la nappe phréatique.

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A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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