L’état du réseau routier du Burundi laisse, en général, à désirer. L’Agence Routière Burundaise (ARB) reconnait certaines contraintes pour l’entretenir. Les utilisateurs sont mécontents et demandent que ceux qui sont chargés de construire ces routes puissent rendre des comptes
Le trafic transnational est freiné par l’état délabré des routes. Pour certains citoyens, les gouvernements successifs n’y ont pas attaché assez d’importance, surtout au niveau de l’entretien. « Ça fait des années que la route Gitega-Ruyigi a été construite, mais elle n’a duré que le temps de la rosée », s’indigne un habitant de la commune Makebuko. Aujourd’hui, la RN3 (Route Nationale No3) a été partiellement endommagée par les pluies diluviennes depuis plusieurs mois. Les camions poids lourds sont contraints de changer d’itinéraire. Certains doivent emprunter la RN7 et passer par Rutana pour ensuite arriver à Makamba.
Selon les chauffeurs de ces camions, rencontrés sur la RN 7, ils rencontrent plusieurs problèmes. Gérard Ndiho, un de ces chauffeurs, fait état d’une perte de temps pour arriver à Bujumbura. A côté de cela s’ajoute le supplément de carburant et le risque d’accident dû aux routes inappropriées pour les poids lourds. Salum Issa, lui, a peur que le trafic risque un jour de s’arrêter car, «même la RN7 que nous empruntons aujourd’hui commence à se fissurer à quelques endroits». Pour lui, il faut à tout prix accélérer les travaux de réhabilitation de la RN 3.

Une partie de la RN3 dans la localité de Rukonwe s’est affaissée. Les usagers s’inquiètent.
Tous ceux qui se sont exprimés souhaitent que les travaux de réhabilitation des routes fissurées soient entrepris. Mais il faut surtout maintenir voire renforcer les systèmes d’entretien des routes existantes. Ils désirent également que la construction d’autres routes capables de supporter les camions poids lourds soit envisagée dans un proche avenir.
Des routes nationales nouvellement construites, mais délabrées
De la RN5 à la RN15 en passant par la RN18, les routes nationales ne sont pas en bon état. Construite il y a moins de cinq ans, la RN5 Bujumbura-Nyamitanga est jonchée de nids de poules. La réhabilitation de cette route devrait permettre le désenclavement et une meilleure circulation des biens et des personnes tout en facilitant les échanges internationaux.
Comme stipulé dans le contrat, les travaux comprenaient la pose d’enrobés sur la chaussée de 7 m de large, la réalisation des accotements, la réhabilitation de 3 ouvrages d’art et la construction de 61 ouvrages hydrauliques
Les travaux ont démarré en juin 2017 pour une durée de 18 mois et a coûté environ 25,4 millions USD. Ceux qui empruntent cette route témoignent qu’ils doivent faire d’autres manœuvres pour assurer leur sécurité. Selon les chauffeurs qui font le transport vers Cibitoke, les gros camions de la société Burundi Cement Company (Buceco) sont nombreux à prendre cette route. « Parfois, on évite de justesse les accidents puisqu’on doit slalomer pour ne pas endommager nos véhicules », nous révèle Gaston Nimenya, un des chauffeurs de bus qui font le trajet Bujumbura-Cibitoke avant d’ajouter que c’est incompréhensible qu’une route nouvellement construite soit dans cet état. « Il faut que les services habilités suivent de près les constructeurs de ces routes. Les preuves des défaillances sont là. Ils doivent payer des réparations », s’indigne-t-il.
Du côté de la RN3, les travaux de réhabilitation du tronçon Mugina-Mabanda-Nyanza Lac (45 km) ont été finalisés en 2017. La Banque Africaine de Développement (BAD) y a contribué à hauteur de 44 millions USD. Trois ans après la réception de cette route, la partie de Rukonwe commence à s’affaisser. Les balises qui la bordent ont cédé. Les usagers traversent maintenant ce tronçon la peur au ventre.
La situation est telle alors que les autorités du pays en commençant par le Président de la République ont signalé que les cas des routes nouvellement construites qui ne font pas long feu doivent faire objet de poursuites. Quid des sociétés qui exécutent ces travaux et qui continuent à gagner des marchés ?
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