Le gouvernement du Burundi a rencontré les représentants des travailleurs et des employeurs jeudi le 12 juillet 2018. L’objectif était de trouver des solutions aux grandes préoccupations des travailleurs et des employeurs pour enfin booster la rentabilité dans les entreprises tant publiques que privées.

Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances, du Budget et de la Coopération au Développement Economique : « J’invite les employeurs et les travailleurs de contribuer à la lutte contre l’économie informelle.»
«Lors de la journée internationale du travail et des travailleurs, nous avons soumis à son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République les grandes préoccupations des travailleurs. C’étaient entre autres celles relatives à la liberté syndicale, à la protection sociale, au dialogue social en milieu du travail, à la justice,…», a indiqué Tharcisse Gahungu, président de la Confédération Syndicale du Burundi (COSYBU). Selon lui, Nkurunziza a recommandé aux ministres concernés par les questions qui ont été soumises de s’asseoir ensemble pour trouver des réponses adéquates. Toutes les préoccupations n’ont pas été répondues favorablement. Mais, ce qui est louable est qu’on s’est convenu de continuer à dialoguer.
Les syndicalistes dans le viseur des employeurs
Cette dialogue se fait au moment où il y a des employeurs et des travailleurs qui se ragardent en chien de faillance à tel point qu’il y a certains syndicalistes qui ont été chassés de leur milieu du travail. Ce sont entre autres ceux de EconetLeo et de Prothem.
Cela se fait au moment où le code du travail accorde aux employeurs et aux travailleurs le privilège de s’organiser afin de lutter pour la protection de leurs droits.
La création d’un syndicat, un droit inaliénable
L’article7 du code du travail stipule que les travailleurs et les employeurs ont le droit de s’organiser librement dans le respect de la charte de l’unité nationale, de la constitution, des lois et règlements pour la défense de leurs intérêts professionnels.
Toute personne peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale. Les syndicats et unions des travailleurs se constituent librement. La libre adhésion aux syndicats est garantie aux travailleurs et aux employeurs. Les membres d’un syndicat élaborent librement ses statuts et élisent leurs représentants. Les syndicats définissent librement leur programme. Article 8 ajoute que la liberté syndicale a pour corollaire la libre détermination des conditions de travail par voie de négociation collective.
Le rôle du syndicat

Tharcisse Gahungu, président de la Confédération Syndicale du Burundi (COSYBU) : «Le code du travail accorde aux employeurs et aux travailleurs le privilège de s’organiser afin de lutter pour la protection de leurs droits»
Un syndicat est une organisation créée librement par les travailleurs pour défendre et promouvoir leurs intérêts. La loi burundaise, le Code du travail tout comme le statut des fonctionnaires donnent le privilège aux syndicats de pouvoir discuter librement de leurs problèmes et aussi surtout de pouvoir négocier avec l’employeur. Gahungu a fait savoir que ce sont les fameuses conventions de 1987 sur la liberté syndicale et de 1988 sur la négociation politique portant sur le rôle des syndicats. Les travailleurs, lorsqu’ils sont au nombre de cinquante peuvent créer une organisation de leur choix, peuvent négocier pour les travailleurs syndiqués et non syndiqués. « Si les fonctionnaires sont regroupés au sein d’un syndicat, c’est que le syndicat a les prérogatives qui lui sont accordées par la loi de pouvoir parler au nom des fonctionnaires ,mais aussi de pouvoir négocier les meilleures conditions de vie et de travail », a informé M. Gahungu.
« L’union fait la force »
M. Gahungu a indiqué que l’individualisme n’avantage personne. Mais, lorsque les fonctionnaires se mettent ensemble, « l’union fait la force » comme le dit un adage français, ils ont le pouvoir de négocier ,mais aussi les forces de pouvoir mettre, en cas de besoin, une certaine pression sur l’employeur public ou privé. Et comme dernier recours, ils ont les prérogatives de faire une grève parce que le droit a la grève est reconnu par la loi, mais une seule personne ne peut pas le faire. « Généralement, les syndicats ont le rôle de défendre les intérêts des travailleurs, mais aussi le rôle de promouvoir la productivité de l’entreprise. C’est-à-dire que ce soit les travailleurs ou les employeurs, ils ont intérêt à ce qu’il y ait un syndicat parce que c’est toujours mieux de discuter », a affirmé M. Gahungu
Pourquoi chasser les syndicalistes ?
Certains employeurs pensent que s’il n’existait pas de syndicats, ils seraient un peu tranquilles. Il n’y aurait pas de revendications. C’est une mauvaise interprétation car, à côté des revendications, les syndicats sont là aussi pour améliorer la rentabilité de l’entreprise. Ce qui constitue l’objectif principal des employeurs. Ce comportement ne devrait pas en principe s’observer car, l’employeur amène son capital et le travailleur sa force. Les bonnes relations entre l’employeur et ses travailleurs améliorent la rentabilité de l’entreprise.
M. Gahungu a demandé à tous les fonctionnaires non syndiqués de se mettre ensemble avec les autres au sein des syndicats pour qu’ils puissent défendre librement leurs droits et leurs intérêts.
Renforcement du dialogue social, une nécessité
Tharcisse Gahungu demande au gouvernement de renforcer le dialogue social. Le comité national de dialogue social devrait avoir des représentants dans toutes les provinces et s’impliquer pour vider tous les différends entre les syndicats, le gouvernement et les employeurs. Il a également indiqué que les recrutements sont obscurs. Selon Gahungu, la commission de recrutement doit s’impliquer pour que les recrutements soient faits dans la transparence et dans l’équité. Concernant la révision du statut général des fonctionnaires,, il demande qu’elle soit faite dans le respect de la loi.
Quand la privatisation des entreprises de l’Etat booste la paupérisation des ménages
En ce qui concerne la privatisation des entreprises de l’Etat, Gahungu indique que ce projet fera perdre de l’emploi à beaucoup de fonctionnaires. Ce qui contribuera à la paupérisation des ménages. Il a suggéré plutôt de les réhabiliter en commençant par l’entreprise ONATEL.
Dans le domaine de la protection sociale, il a demandé le déplafonnement des cotisations pour les affiliés à l’INSS et à l’ONPR et l’augmentation de la rente pour les retraités car, a-t-il dit, leurs cotisations sont valorisées par les intérêts qu’elles génèrent dans les banques. Le représentant de la COSYBU a également demandé à la Mutuelle de faire soigner ses affiliés.
L’harmonisation des salaires, une préoccupation du gouvernement
Martin Nivyabandi, ministre des Droits de l’Homme, des Affaires Sociales et du Genre fait savoir que l’harmonisation des salaires est une affaire qui préoccupe le gouvernement. Selon lui, ceux qui disposent de salaires mirobolants doivent comprendre qu’ils vont d’abord en pâtir pour que ceux qui ont de maigres salaires en profitent. Il y a à titre d’exemple un licencié qui touche 150 000 FBu/mois lorsqu’un détenteur de diplôme de niveau A2 touche 300 000 FBu. C’est à revoir, martèle-t-il.
Selon Pascal Barandagiye, ministre de l’Intérieur et de la Formation Patriotique, les directeurs qui chassent les employés illégalement sont à punir. Ils passent outre la loi. Il demande aux syndicalistes de les dénoncer afin qu’ils soient traduits en justice. Il indique que ceux qui commettent des bavures qui nécessitent des dédommagements contribuent à la dilapidation du trésor public. Selon les représentants des travailleurs, la mise en application de l’action récursoire est une impérieuse nécessité. En droit administratif, l’action récursoire est la possibilité pour l’administration d’exercer une action contre son agent lorsqu’elle a été condamnée au versement de dommages et intérêts en raison d’une faute commise par cet agent.
Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances, du Budget et de la Coopération au Développement Economique invite les employeurs et les travailleurs à contribuer à la lutte contre l’économie informelle.
Quant à Félix Mpozeriniga, ministre de la Fonction Publique, du Travail et de l’Emploi, le gouvernement a pris en main la question de la création de l’emploi pour les jeunes pour pallier au problème de chômage.
Signalons que c’était la première fois qu’une réunion d’échange entre le gouvernement, les employeurs et les travailleurs soit organisée dans l’intention de maximiser les rendements dans les entreprises.
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