Au Burundi, les entreprises dirigées ou appartenant aux femmes participent moins aux compétitions pour les marchés lancés par différentes organisations et aux facilités qu’offre le monde digital, selon le constat du PNUD-Burundi. Cette organisation onusienne veut contribuer à inverser la tendance afin d’assurer le développement intégral et durable de toutes et de tous. Des renforcements de capacités sont organisés aux femmes entrepreneures.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement au Burundi (PNUD-Burundi) a organisé mardi le 23 août 2022 un atelier de formation et de sensibilisation à l’endroit des femmes entrepreneures sur la passation des marchés et la digitalisation entrepreneuriale.
C’était dans l’objectif de renforcer les capacités des femmes entrepreneures sur les techniques et les procédures de passation des marchés et de mieux les doter des derniers outils en matière de digitalisation entrepreneuriale, a informé Taib Diallo, représentant résident a.i du PNUD au Burundi. C’est aussi dans le cadre d’appuyer le gouvernement dans la mise en œuvre du plan national de développement (PND 2018-2027) dans son axe important de transformation structurelle de l’économie nationale. Pour le représentant résident a.i. du PNUD au Burundi, il est question de promouvoir la participation de tous les acteurs à la transformation de cette économie. « Il faut que les femmes soient à mesure d’entrer en compétition dans les processus de soumission aux offres qui émanent des différentes institutions commandeures de services sans oublier celles du PNUD ».

Taib Diallo, représentant résident a.i du PNUD au Burundi : « Contribuer à élever les femmes entrepreneures au même rang que les hommes entrepreneurs est un devoir pour le PNUD-Burundi ».
La prédominance des hommes dans les compétitions se remarque
« Nos observations et analyses ont montré que ce sont les entreprises dirigées ou appartenant aux hommes qui participent le plus aux compétitions pour les marchés que nous lançons », précise Taib Diallo. Et d’ajouter que ce sont également les hommes qui utilisent davantage les facilités qu’offre le monde digital.
Donc, contribuer à élever les femmes entrepreneures au même rang que les hommes entrepreneurs est un devoir pour le PNUD-Burundi, explique Taib Diallo. Cette organisation onusienne a le mandat d’assurer le développement intégral et durable de toutes et tous avec comme viatique, la promotion de l’équité de genre et le respect des droits de chacun et de chacune à atteindre le bien-être auquel il ou elle aspire.
« Conscient qu’un développement neutre renforce les inégalités déjà existantes, le PNUD place donc l’équité de genre au cœur de ses principes fondamentaux pour la construction d’un monde inclusif, durable et résilient », fait-il savoir. C’est pour cette raison que l’intégration du genre suit une approche transversale à travers tous les programmes et opérations du PNUD.
Pour lui, il est fort regrettable que dans les pays en voie de développement dont le Burundi, la femme continue à subir plusieurs formes de discriminations. Ce qui fait qu’elle soit classée parmi les groupes vulnérables. Or, dans les pays qui ont de l’agriculture comme richesse principale, la femme est la base du développement de la famille et de sa communauté. « Représentant 51% de la population burundaise, elles doivent avoir la place qui leur reviennent en tant que pilier du développement.
Le représentant a.i. du PNUD au Burundi souligne que les femmes doivent quitter le cadre familial et sortir de l’engrenage social dans laquelle on les a injustement embourbées afin qu’elles émergent et prennent leur place dans le concert des Nations.

Les femmes d’affaires ont été formées et informées sur les opportunités que présente le PNUD en matière de services et de marchés, les conditions requises et comment postuler aux différentes offres du PNUD.
Où trouve-t-on les opportunités ?
Cela était une préoccupation de presque toutes femmes qui ont participé à l’atelier. Lors de ce rendez-vous qui a duré toute une journée, les femmes d’affaires ont été formées et informées sur les opportunités que présente le PNUD en matière de services et de marchés, les conditions requises et comment postuler aux différentes offres du PNUD. Il leur a été révélé que toutes les opportunités se trouvent sur ses plateformes en ligne, notamment sur son site web. Là, il y a toutes les manifestations d’intérêt disponibles de tous les pays, y compris le Burundi. Ces femmes ont été brièvement briefées sur les formulaires de manifestation d’intérêt, le processus d’application, les critères de sélection, les processus de partenariat, le mode de paiement, comment se conformer à la déontologie de l’organisation et au respect des normes de l’ONU en général en tant que fournisseur ou partenaire du PNUD, les éléments importants qui doivent figurer dans la lettre de manifestation d’intérêt, etc. Il est important pour ces femmes de prendre l’habitude de consulter les pages de cette organisation
Le commerce digital, un autre atout
Durant cet atelier, les femmes ont été appelées à profiter du commerce en ligne grâce à l’émergence des réseaux sociaux. Et cela ne nécessite pas de grosses infrastructures en matière d’outils à utiliser. Selon Lucie Fohle Ifola une des formatrices sur le commerce digital, il suffit d’avoir un smartphone étant donné que la plupart des personnes qui ont un téléphone sont connectés à l’internet et utilisent surtout les réseaux sociaux.
Sur presque 8 milliards de personnes que compte le monde, 4,96 milliards sont connectées à internet et 4,62 milliards sont actifs sur les réseaux sociaux. Au Burundi, sur presque 12 millions de personnes, 7,45 millions possèdent un téléphone avec environ 2 millions connectées à internet et 800 mille qui sont actives sur les réseaux sociaux.
Elle explique que l’entrepreneuriat numérique est un atout de taille pour ces femmes entrepreneures notamment pour leur accès facile aux clients et aux marchés mondiaux, pour l’évolution de l’entreprise. Donc, elles peuvent construire leurs propres plateformes de commerce électronique où elles peuvent vendre sur des plateformes déjà existantes. « Les femmes doivent arrêter de se donner des excuses que le digital est difficile, complexe. Elles doivent avoir ce devoir de se mettre dans le monde actuel et avoir la volonté d’apprendre et différentes sociétés sont là pour leur faciliter la tâche existent », explique Lucie Fohle Ifola.
C’est le cas notamment de Nadine Ndabigengesere, directrice générale de la société Great At Vision Group qui intervient dans l’hygiène et l’assainissement à travers les toilettes mobiles. Elle témoigne que sa société a déjà bénéficié des marchés grâce à la digitalisation de ses services. Le numérique a permis à son entreprise de décrocher des marchés dans la sous-région. « Aujourd’hui, on n’a pas besoin d’opérer traditionnellement. Il faut faire des publicités sur les réseaux sociaux si vous voulez faire des impacts sur le monde ». Elle appelle toutes les femmes entrepreneures à utiliser ces outils incontournables dans le développement des entreprises.
Les bénéficiaires se réjouissent
Ces femmes se réjouissent d’avoir acquis des connaissances suffisantes dans les procédures de manifestation d’intérêt avec le PNUD et de passation des marchés. Ces connaissances vont leur servir dans la préparation de soumission de leurs candidatures non seulement pour les offres du PNUD, mais aussi pour celles des autres organisations des Nations Unies.

Liliane Ngigana, entrepreneure dans l’agri-business : « Maintenant, j’ai compris qu’il y a des marchés auxquels on ne peut pas accéder sans être en ligne ».
Liliane Ngigana, entrepreneure dans l’agri-business (culture de fruits et fleurs) indique qu’elle a beaucoup appris de cet atelier. « Dans notre secteur, parfois on ne met pas beaucoup d’accent sur l’utilisation du numérique. Maintenant, j’ai compris qu’il y a des marchés auxquels on ne peut pas accéder sans être en ligne. Il faut toujours avoir sur soi un outil informatique », explique-t-elle. Et d’ajouter : « Qu’on rejoigne l’évolution actuelle pour utiliser le système digital dans tous les domaines du business ».
Elles se sont engagées à mettre en place un cadre d’échanges pour les femmes entrepreneures du Burundi. Cela va leur permettre d’être au courant de toutes les opportunités qui se présentent.
Pour le représentant -résident a.i du PNUD au Burundi, connaissant les avantages du commerce digital dans le monde actuel : «Le renforcement des capacités pour accéder aux marchés publics et la sensibilisation sur le commerce digital (e-commerce) s’avèrent cruciales». Le PNUD serait ravi de compter parmi ses partenaires beaucoup de femmes entrepreneures, a-t-il conclu.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.