Les effets du changement climatique demeurent une menace réelle pour les infrastructures de transport. La montée des eaux du lac Tanganyika dicte les activités au port de Rumonge Toute la zone portuaire a été complètement inondée, y compris le bloc administratif et les entrepôts. Les autorités portuaires restent pour mobiliser pour s’adapter tant bien que mal aux aléas climatiques. Reportage.
Il est dix heures du matin, une équipe de reporters du journal Burundi Eco débarque au port de Rumonge. L’endroit est noir de monde. Les vendeurs de produits de seconde main étalent leurs articles divers de part et d’autres des voies d’accès a ce port commercial. De part et d’autres des femmes brodent des draps alors que les fameux « vétérinaires » grillent la viande de chèvre et des zingaros à longueur de la journée. Il y a des mouvements de va et vient des engins roulants, surtout des camionnettes et une impressionnante colonne de centaines de taxis vélos qui transportent des sacs de sel vers les centres d’entreposage.
Plus on s’approche, plus l’ampleur des dégâts dus à la montée historique des eaux du lac Tanganyika sautent aux yeux. Stop un agent de sécurité qui garde jalousement la barrière nous fait un signe pour le rejoindre. Nous déclinons notre identité tout en précisant l’objet de notre visite et il nous laisse continuer notre aventure.
Les infrastructures portuaires sous l’eau
Malgré la reprise des activités de manutention, le port commercial reste dans le viseur des effets du changement. Cette infrastructure a été fortement touché par la montée des eaux du lac Tanganyika. Il a fallu attendre la directrice du port qui animait une réunion pour départager deux parties d’ouvriers temporaires en conflit. L’attente a été longue mais la persévérance reste de mise. Vers 11h 35, la directrice de l’autorité portuaire et maritime à Rumonge nous accueille dans une baraque en tôles transformée en bureau. « Les infrastructures portuaires surfent au-dessus des vagues. Regardez autour de vous. Toute la zone portuaire est submergée par les niveaux records de la montée des eaux du lac de l’année passée », s’exclame Mme Agrippine Nduwimana.
La montée des eaux du lac Tanganyika a causé d’énormes dégâts. Les autorités portuaires font reculer leurs installations provisoires au rythme de la progression des vagues. « Tous les bureaux et les espaces de stockage de marchandises ont été inondées. Nous avons érigé ces abris d’urgence pour maintenir à tout prix le port en service », fait-elle savoir.
Un trafic maritime de plus en plus dynamique
Les bateaux qui accostent au port de Rumonge proviennent en grande partie de la Tanzanie et de la RDC. En moyenne, trois bateaux de transport accostent et partent du port de Rumonge chaque jour. En plus des articles divers, les importations du Burundi à partir de la Tanzanie sont composées essentiellement par le ciment, du sel, du poisson frais et fumé de la localité d’Ufipa vers la Zambie.
La RDC fournissait dans le temps du poisson mais, actuellement, il s’observe une carence de ces produits sur le marché. Entre la RDC et le Burundi, la balance commerciale penche plutôt du côté du Burundi. Les données montrent que le Burundi y exporte principalement les produits manufacturés, les matériaux de construction, les articles électroménagers et les denrées alimentaires. L’exportation des produits manufacturés avec les produits Brarudi à la tête du peloton dominent l’ensemble des échanges commerciaux. Un paradoxe dans un contexte de pénurie récurrente des boissons. Durant notre visite, nous avons constaté que les entrepôts étaient pleins à craquer. Les agents de sécurité scrutent jalousement tout mouvement de bateaux. Nous avons eu la chance de pénétrer dans l’enceinte du port pour prendre des images des bateaux dans le quai de chargement. Ce jour-là, au moins 4 camions lourdement chargés de caisses d’Amstel et de Primus attendaient leur déchargement. Selon les informations recueillies au port de Rumonge, L’exportation de toute une gamme de boissons de la Brarudi serait autorisée à l’exception des limonades. Plus de 8 mille tonnes de caisses de bière transitent chaque jour au port de Rumonge.
Quid du projet de réhabilitation du port ?
Le projet de réhabilitation du port de Rumonge prend forme. Ce projet a fait l’objet d’échanges entre l’administrateur communal et une délégation de la Banque Mondiale-qui finance le projet-lors d’une visite du 11 décembre 2024. Le début des travaux est projeté au premier semestre 2025.
La construction du port de Rumonge est l’une des sous-composantes du Projet de Facilitation du Commerce et d’Intégration dans les Grands Lacs « PFCIGL » en cours de réalisation. Sur la partie de l’emprise aquatique, il est prévu la construction de deux digues de protection, un quai avec deux postes un pour marchandises et un autre pour l’accostage des unités de service (vedette, remorqueur, etc.). Sur la partie de l’emprise terrestre, le projet va financer les travaux de construction de deux hangars de stockage des marchandises, un bureau d’immigration doté d’une salle de contrôle médical, d’un local de contrôle phytosanitaire et d’un atelier d’entretien des équipements du port, l’agrandissement de la voie d’accès, etc.
Des initiatives privées pour booster le trafic maritime
Le transport lacustre n’est pas assez développé. Le chantier naval installe à Kabezi au Sud de la capitale économique tente de relever ce défi. Un grand bateau de transport des biens et des personnes est déjà opérationnel.
Le patron de Musumba Holding, le nouvel armateur confirme à nos confrères de la télévision nationale qu’un autre bateau est en cours d’assemblage. Ces deux bateaux assureront le transport des personnes pour substituer l’axe routier Bujumbura-Rumonge menacé par les éboulements et les glissements de terrain.
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