Entrepreneuriat

L’entrepreneuriat féminin mis à mal par une opinion publique négative

Une bonne femme est une femme soumise à son mari, apprend-on par la croyance, la culture, mais aussi la société. Toutefois, l’opinion publique estime qu’une femme financièrement autonome ne peut pas être soumise. Cette connotation négative pousse certaines femmes à ne pas viser très haut, mais aussi certaines d’entre elles en sont victimes

Face à l’opinion publique qui dit qu’une femme financièrement indépendante est une femme insoumise, la majorité des filles pensent plutôt au mari qu’à l’argent, au mariage qu’à entreprendre.

   

Des femmes entrepreneures, on les croise et on les voit partout. Elles émergent et réussissent dans des milieux qui, autrefois, étaient occupés par leurs pairs masculins. Leur contribution dans l’économie du pays est incontestable. 

Toutefois, ces héroïnes sont souvent confrontées par les préjugés de la société et sont souvent amenées à choisir entre leur vie d’entrepreneures autonomes et leur vie conjugale. Selon les opinions, la femme ne peut pas réussir les deux à la fois. Les témoignages des femmes qui ont été interdites de travail et contraintes d’être des femmes au foyer, celles dont leurs comptes sont gardés par leurs maris sont nombreux.

Des jeunes filles qui doivent rester dans le célibat contre leur propre gré mais qui sont plutôt victimes de leur réussite financière. Les hommes ont peur d’une femme autonome financièrement. Et ce n’est pas rare d’en croiser. Cette situation fait que la majorité des filles pensent plutôt au mari qu’à l’argent, au mariage qu’à entreprendre. 

Une jalousie incarnée dans la mentalité 

Joseph Mujiji, Président de la Coalition des Hommes contre les Violences faites aux Femmes (CHOVIF) et militant de la masculinité positive explique que les hommes qui disent qu’ils ne peuvent pas épouser des femmes financièrement autonomes sont jaloux. Ils envient leur réussite, ils trouvent que ce sont eux qui devraient être à leur place, dit-il.

Il parle aussi de l’égoïsme de la part des hommes. « Je pense que les maris qui détiennent les comptes de leurs femmes c’est que même dans les autres domaines de la vie du couple, ça ne marche pas. Ce sont des hommes vicieux qui, même dans la vie de tous les jours sont impossibles », explique-t-il.

Il ajoute : « C’est le bon cœur qui bâtit un foyer. Une femme qui a du bon est l’âme d’un foyer et son argent ne vient qu’embellir les choses ». Il est heureux le genre d’homme qui épouse cette femme, dit-il.

La culture est plutôt positive

La femme est celle qui transmet la vie. Le prestige d’une épouse se mesure au nombre d’enfants, et particulièrement au nombre de fils, qu’elle donne au lignage et cela, surtout dans le système patrilinéaire. La fonction de la maternité est celle qui lui est la plus appréciée et sur laquelle aucune tentative de dévalorisation n’est encore menée jusqu’à présent.

Il ne faut pas exagérer outre mesure le pouvoir silencieux des femmes, car contrairement à l’opinion commune, la femme n’était pas tenue à l’écart de la vie tant publique et familiale dans la société traditionnelle.

M Mujiji s’inscrit en faux contre l’opinion qui dit que la culture burundaise exclut la femme. Par contre, elle lui donne plus de valeur. Cette valeur se manifeste à travers les jargons et proverbes burundais. On citera notamment « uwuhusha itunga ahusha umugore » (celui qui rate la richesse, rate une bonne femme, ndlr). Elle est plutôt la source de la richesse d’un foyer. Une femme qui se cherche, une femme travailleuse devrait plutôt être une fierté pour son mari. 

« La culture est très positive. Ce n’est qu’un bouc-émissaire des gens qui construisent leurs principes sur des fantasmes », explique-t-il.

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A propos de l'auteur

Dona Fabiola Ruzagiriza.

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