La propagation des ondes électromagnétiques constituent un danger méconnu. Les antennes relais installées dans nos quartiers émettent des ondes qui seraient nuisibles à la santé humaine. Il a été établi qu’une exposition prolongée à ces ondes est à l’origine des maladies chroniques dont le cancer. Le gouvernement recommande l’installation de ces équipements hors des quartiers résidentiels
Pour faciliter l’échange des informations, les sociétés de télécoms, les stations de radio ou de télévision implantent des antennes de relais un peu partout. Pourtant, ces équipements constituent un réel danger pour les habitants. La rédaction a fait un tour dans les quartiers résidentiels ; le constat est amer. Des pylônes servant de supports pour les antennes sont érigés à proximité des quartiers résidentiels. Ils sont équipés de gros émetteurs-récepteurs de signaux radioélectriques pour les communications mobiles qui convertissent les signaux électriques en ondes électromagnétiques. Les habitants ignorent les dangers que représentent les radiations émises par les antennes relais « Nous vivons dans cet endroit depuis bientôt cinq ans, mais nous n’avons éprouvé aucun souci. Pendant la nuit ou en cas de coupure d’électricité, les agents de sécurité actionnent les groupes électrogènes insonorisés », raconte une femme rencontrée au quartier Cibitoke.
Une employée dans une société de gardiennage doute pour sa santé. «Je sais que ces antennes présentent un danger pour la santé humaine, mais je n’ai pas de choix. Je reste longtemps assise sous les antennes de relais», se désole-t-elle.

Les antennes relais doivent être installées en dehors des quartiers résidentiels.
L’intérêt général à la place des intérêts égoïstes
Le Code d’hygiène et assainissement au Burundi promulgué en 2018 en son article 171 indique que les installations électriques à haute tension, les antennes de téléphonie mobile et fixe doivent être installées en dehors des zones résidentielles. En février dernier, le ministre en charge de l’environnement, Dr Déo Guide Rurema a annoncé aux députés qu’aucune antenne relais des télécoms ne sera plus installée dans les quartiers résidentiels au Burundi sans le consentement des résidents. Cela dans le souci de protéger leur santé et d’éviter l’anarchie dans les installations.
Il souligne qu’un bâtiment érigé dans un lieu insalubre sera démoli, peu importe le statut de son propriétaire. Il faisait allusion aux industries implantées dans les quartiers résidentiels, en l’occurrence la cimenterie BUCECO de Cibitoke. Le ministre Rurema invite les propriétaires de parcelles à privilégier l’intérêt général au lieu de se comporter en égoïste. « Céder sa parcelle à un prix exorbitant pour l’installation d’une antenne de téléphonie mobile est un non-sens. C’est aussi un manque de responsabilité que d’octroyer des parcelles soi-disant à des amis dans des quartiers insalubres », a-t-il martelé.
Quels dangers pour la santé humaine ?
Dans un entretien accordé à notre rédaction en avril 2018, Pr Pierre Célestin Karangwa explique que la pollution électromagnétique arrive quand plusieurs antennes sont installées les unes à proximité des autres. Il indique que lorsque les antennes sont rapprochées, elles provoquent des effets d’interférences et de battements qui sont nusibles à la santé. Cela en fonction de la dose et de l’énergie rayonnée. Il explique que les rayonnements agissent sur les tissus cellulaires composés essentiellement de l’eau qu’il s’agisse des électrons, des rayons X ou des rayons Gama. Il a indiqué que leurs effets sur la matière vivante sont l’ionisation (on parle de rayonnements ionisants), c’est-à-dire un harnachement d’électrons ou l’excitation ou un changement d’état interne qui agissent sur les tissus et qui provoquent l’ionisation, l’excitation et le changement d’état de la matière.
Effets biologiques des radiations ionisantes
« Plus vous êtes proches de l’antenne, plus l’intensité rayonnée est très grande. Plus vous êtes éloigné, plus le rayon tend vers plus l’infini et la force tend vers zéro. Où que vous soyez, vous êtes à chaque fois en interaction avec le rayonnement en présence dans les lieux où vous vous trouvez », indique Pr Karangwa. Il note que les conséquences en cas de radiations dépendent des doses.
Si donc des antennes-relais sont installées dans un milieu d’isolation, cela suppose que les habitants sont continuellement exposés à des radiations, affirme Pr Karangwa. Il annonce que si la dose est en dessous de 200 millisievert (mSv), il n’y a pas d’excès de cancer mais, s’il est au-dessus de 500 mSv, la fréquence du cancer augmente avec la dose. En moyenne, il faut deux à trois ans pour qu’apparaissent les leucémies et cinq à 30 ans pour qu’apparaissent d’autres types de cancers, fait-il remarquer.
Que faire ?
Pr Karangwa indique qu’on a affaire à un rayonnement électromagnétique à partir du moment où les charges se mettent en mouvement. Ces dernières, précise-t-il, induisent un champ magnétique et, par voie de conséquence, il y a un champ électromagnétique qui se propage et qui libère de l’énergie. C’est le cas des postes radio, des postes téléviseurs, des téléphones cellulaires.
« Avant d’installer une antenne-relais, il faut tenir compte de la dose et de la nature du rayonnement, du temps d’exposition, du débit de la dose, du fractionnement de la dose, du sigle cellulaire et de l’effet peroxyde dans le cas de la radiolyse de l’eau », conclut Pr Karangwa.
Vers la protection de la population
Dans ses missions, l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT) assure la gestion et l’assignation des fréquences radioélectriques ainsi que la surveillance des conditions d’utilisation. L’ARCT octroie également les autorisations d’exploitation de liaisons, de réseaux privés indépendants, de services à valeur ajoutée fournis par des opérateurs publics et privés, apprend-on du rapport annuel de l’ARCT.
Dans le souci de protéger les consommateurs des TIC, l’ARCT est en voie d’acquisition d’un équipement mesureur du champ électromagnétique. Ce dernier fonctionne comme un testeur des radiations non ionisantes. Il est utile dans la mesure et le contrôle des rayonnements émis par les antennes des opérateurs de la téléphonie et des radiodiffusions. Il vérifie également s’ils sont conformes aux normes internationales, lit-on sur le compte Twitter de cette agence.
Le sievert de symbole : Sv est l’unité utilisée pour donner une évaluation de l’impact des rayonnements sur l’homme. Plus précisément, c’est l’unité dérivée du Système international utilisée pour mesurer une dose équivalente, une dose efficace ou un débit de dose radioactive (Sv/s, Sv/h ou Sv/an), c’est-à-dire pour évaluer quantitativement l’impact biologique d’une exposition humaine à des rayonnements ionisants. Le sievert ne peut donc pas être utilisé pour quantifier l’exposition reçue par des animaux de laboratoire, et est remplacé par le gray.
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