Les récentes mesures prises pour en finir avec la spéculation autour des produits Brarudi restent sans effet. Ces mesures n’ont rien avoir avec la pénurie criante de boissons alcoolisées. Par contre, la hausse des prix des produits Brarudi est intimement liée aux difficultés d’approvisionnement et la rareté des boissons.
La pénurie des boissons produites par Brarudi persiste depuis des mois. De nombreux bars restent fermés pendant plusieurs jours, car leurs propriétaires rencontrent des difficultés pour se réapprovisionner ou ont été sommés de fermer pour spéculation. Dans un contexte de rareté des boissons, les détenteurs des débits de boissons ont du mal à respecter les prix officiels. Ces boissons sont alors vendues à des prix beaucoup plus élevés, même dans de simples bistrots ou boutiques. Malgré cette situation, tout commerçant qui tente d’augmenter les prix des boissons a des ennuis avec l’administration locale ou la police. Pourquoi ? Parce que depuis fin 2024, le gouvernement a intensifié les efforts contre les commerçants spéculateurs.
A titre illustratif, dans un communiqué publié le 15 novembre 2024, le ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, Martin Niteretse, a instruit aux gouverneurs des provinces et au maire de la ville de Bujumbura qu’ils devaient sanctionner tout commerçant qui spécule sur le sucre et les produits Brarudi. Ce n’est pas tout, un autre communiqué sorti le 2 janvier 2025, le bureau chargé de l’information, de la communication et du porte-parolat de la présidence de la République du Burundi a appelé tous les Burundais à protéger l’économie nationale, à dénoncer les spéculateurs, ceux qui cachent des marchandises pour en augmenter les prix et ceux qui se livrent au commerce illégal. Une récompense de 10 % de l’amende infligée à l’auteur du délit sera accordée à toute personne qui dénoncera ceux qui portent atteinte à l’économie nationale.
Une batterie de mesures pour quels effets?
Suite à de telles déclarations, les autorités administratives, tant à Bujumbura qu’à l’intérieur du pays, se sont mobilisées pour s’assurer que la vente des boissons Brarudi respecte bien les prix officiels. Les commerçants pris en flagrant délit ont été sanctionnés et certains ont vu leurs bars fermés définitivement. Par exemple, le 18 décembre 2024, l’administrateur de la commune de Ntahangwa, Ernest Niyonzima a ordonné la fermeture définitive de 33 débits de boisson qui ne respectaient pas les prix fixés par le gouvernement.
Cependant, la majorité de ces bars ont rouvert quelques jours après. Comment cela s’est-il passé ? La mairie de Bujumbura a mis en place une commission chargée du suivi, du contrôle et du respect des prix, et c’est cette commission elle-même qui a donné l’autorisation de réouverture, selon les propos de M. Niyonzima dans une interview accordée à la RTNB le 7 janvier 2025. Cependant, Edouard Mukoko, président de ladite commission a reconnu avoir autorisé la réouverture d’un seul bar. De plus, il a expliqué que la commission se heurte à de nombreux défis notamment le manque de collaboration de certains administratifs qui refusent de dénoncer ou de sanctionner les commerçants spéculateurs.
Quid de la licence d’exploitation des débits de boisson?
De plus, la licence d’exploitation des débits de boissons prête à confusion, car il est parfois difficile de savoir quels commerçants la possèdent. Par conséquent, la hausse des prix des boissons Brarudi est, dans une large mesure, généralisée.
La licence d’exploitation est annuelle et permet d’ajuster les prix des boissons Brarudi en ajoutant certains frais. Les débits de boissons qui respectent les prix officiels paient 50 000 FBu, tandis que ceux qui augmentent le prix d’une bouteille de 200 à 500 FBu doivent payer entre un million et deux millions de FBu. Enfin, le montant atteint entre trois et quatre millions de FBu si l’ajout est de 1 000 FBu ou plus.
Les commerçants expliquent que la hausse des prix des produits Brarudi est liée aux difficultés d’approvisionnement. Les grossistes peinent à approvisionner leurs stocks. Ce qui oblige les tenanciers de bars à acheter les produits auprès de collègues ayant réussi à s’approvisionner à temps, souvent à des prix beaucoup plus élevés. Pour compenser cette hausse des prix, les tenanciers réajustent également leurs prix de vente. Par exemple, la Primus de 72 cl et l’Amstel de 65 cl se vendent autour de 5 000 FBu alors que leurs prix officiels sont respectivement de 2 500 FBu et 3 500 FBu.
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