La gestion des déchets solides demeure un véritable casse-tête au Burundi. Le danger est réel pour la santé publique. La décharge de Mubone en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura est un exemple éloquent de pollution de l’environnement
Au Burundi, la gestion des déchets est l’une des problématiques nécessitant une réponse efficace et immédiate. Un simple regard sur Mubone, destination finale des déchets ménagers en provenance de la municipalité de Bujumbura nous en dit long.
Il était à 14 heures passées de quelques minutes quand nous sommes arrivés à cet endroit. La décharge occupe une surface considérable. Le vent léger souffle dans les airs, emportant avec lui une odeur forte de substances inconnues qui brûlent. Pour un non habitué de ce milieu très pollué, il faut faire des efforts pour y rester quelques minutes. Cependant, les enfants, surtout les adolescents, pullulent. Ils se promènent avec de petits sacs et fouillent dans les ordures. « Nous sommes à la recherche des bouteilles en plastique à vendre », réplique un des enfants interrogé. Selon ce petit garçon élève en 3ème année, seules les bouteilles blanches sont vendables à raison de 500 FBu le kg et il peut en ramasser jusqu’à 3 kg par jour. Ainsi, il peut encaisser 45 000 FBu en 30 jours.

La décharge de Mubone constitue une problématique sanitaire, un défi et une source de nuisance pour la population environnante mais aussi pour cette population plus éloignée.
A quelques mètres, un groupe de 5 adolescents ramassent des objets métalliques. Ils se foutent du danger de plonger leurs mains dans les déchets pourris et de respirer un air suffocant. « Nous pouvons ramasser entre cinq et six kg de métaux par jour, mais nous ne pouvons pas passer toute une journée ici. Il indique qu’un kg d’objets métalliques coûte actuellement 600 FBu. Ce qui ferait une bonne affaire pour les enfants des familles défavorisées.
Les riverains ont appris à cohabiter avec cette décharge où la pollution devient plus forte pendant la saison des pluies. Certains viennent même planter des légumes à la périphérie de cette vaste décharge. Il faut des efforts considérables pour éliminer les matières en plastique.
Des conséquences catastrophiques
« La décharge de Mubone constitue une problématique sanitaire, un défi et une source de nuisance pour la population environnante mais aussi pour cette population plus éloignée », souligne Dr Norbert Maniralkiza. Pour cet expert en science de l’environnement et de gestion des déchets solides, les décharges sauvages constituent un danger public. Il indique que les types de contamination sont diversifiés quand on a affaire à de telles décharges. La santé publique est menacée. Il rappelle que la décharge de Mubone recueille des déchets de toutes sortes et que certains d’entre ceux-ci sont des matières très dangereuses pour la santé.
C’est le cas du lixiviat, ce liquide hautement contaminé qui provient de ces déchets pour s’infiltrer dans le sol. Ce liquide dangereusement chargé en contaminants finit sa course dans les rivières, et contamine la nappe phréatique. Pour lui, ce n’est pas uniquement la population environnante qui est exposée. « Même ceux qui sont éloignés du site sont exposés », affirme-t-il. Il donne l’exemple des légumes cultivés à cet endroit pour ensuite être mis sur le marché et être consommés. Cet enseignant d’université répartit les effets de contamination en trois catégories. Pour lui, il doit y avoir des effets à court terme, à moyen terme, mais aussi à long terme. Il évoque également des effets chroniques non cancérigènes et des effets cancérigènes.
Quid des solutions
Dr Manirakiza recommande le tri de déchets et leur valorisation. « Il faut faire le tri de déchets », insiste celui qui a mené une étude sur la décharge de Mubone avant d’ajouter qu’une catégorie de déchets triée constitue plutôt une richesse. Il conseille également la promotion de la valorisation des déchets par la création des centres de recyclage. Pour lui, il n’y a pas d’autres moyens de bien gérer les déchets. Dans ce cas, les déchets non recyclables pourraient être traités de manière spécifique pour les stabiliser. Ce qui permettrait d’éviter les conséquences ultérieures.
Pour les décharges déjà existantes, il recommande la clôture de ces lieux pour empêcher la population d’y vadrouiller. Il rappelle également qu’il est nécessaire de penser déjà à des méthodes de phytoremédiation, une opération consistant à dépolluer les sites contaminés.
c’est vraiment problématique les services publique devraient s’y mettre pour la preservation de l’environnement