Genre

Les femmes migrantes exposées à tous les maux

 Les migrations des jeunes de la province de Ngozi vers la Tanzanie n’excluent pas les femmes et les filles. Cette aventure étant une tragédie pour les migrants masculins, à fortiori elle l’est pour leurs pairs féminins. Elles sont exposées à toutes sortes de violences. Une d’entre elles nous raconte son sort .

C.U « Aller travailler dans l’illégalité à l’étranger, pour une fille, n’est que risquer sa vie inutilement ».

Sur la colline Mubira, commune Ruhororo de la province de Ngozi, nous avons rencontré C.U.  Cette jeune femme de 38 ans portait son bébé de 10 mois sur le dos. Un enfant qu’elle qualifie de fruit de sa migration vers la Tanzanie. Rempli de chagrin, elle nous raconte son calvaire. A 36 ans, elle a pris connaissance d’un homme qui œuvrait en Tanzanie. Celui-ci lui a fait tant de promesses, entre autres celle de la marier et de l’amener en Tanzanie pour lui trouver du travail. Une requête qu’elle a accueillie avec joie. « Je lui ai tellement fait confiance que je n’écoutais pas ceux qui me conseillaient de ne pas y aller. Si au moins j’avais une idée du sort qui m’était réservé », témoigne-t-elle.

L’homme en question est venu la prendre sur sa colline natale et a payé tous les frais nécessaires pour le voyage. Toute joyeuse, elle allait découvrir la Tanzanie, cet eldorado où « l’argent est jeté par la fenêtre » selon ses rêves. Comme la plupart des migrants de cette région, elle est partie sans aucun papier administratif. Ensemble, ils se sont mis en route depuis la colline Mubira  jusqu’à la rivière Malagarazi séparant le Burundi et la Tanzanie. Comme elle l’explique, le reste du trajet depuis la frontière entre le Burundi et la Tanzanie a été fait à pied « des kilomètres et des kilomètres au milieu des forêts », se souvient-elle. Cette aventure qui était plutôt terrifiante ne l’a pas effrayé. Elle était avec le futur homme de sa vie.

Son monde à l’envers

Comme la plupart des migrants Burundais, C.U et son amant gagnaient leur vie en travaillant dans les champs des Tanzaniens. Un travail fatiguant selon cette dame. Ils vivaient dans une cabane construite au milieu de la forêt. « Faire cette aventure étant une femme c’est vraiment de la folie. On est exposé à tous les dangers », nous confie-t-elle. « Nous avions de quoi manger sans aucun problème, mais ma préoccupation était que m’inquiétais de ce qui pouvait m’arriver en tant que femme dans cette cabane construite au milieu de nulle part qui était effrayante même pour les hommes », ajoute-t-elle.

Quelques jours après son arrivée à sa nouvelle adresse, elle a découvert le revers de cette médaille. Elle a découvert que son mari ne traînait avec pas mal d’autres filles qu’il exportait du Burundi comme cela a été le cas pour notre interlocuteur. « Je ne pouvais rien faire face à cette situation. Je ne connaissais personne là-bas. Je ne savais même pas le chemin menant chez moi », témoigne-t-elle.

Après un certain temps, C.U s’est retrouvé enceinte. Cette situation a empiré sa misère. Pour vivre, elle devait continuer à travailler malgré sa grossesse. Sa situation sanitaire exigeait des soins appropriés, ce qui n’était pas toujours évident vu qu’elle était sans papiers. Comme l’ont signalé les autres jeunes de son entourage qui, comme elle avait migré vers la Tanzanie, l’accès aux soins de santé est incertain pour ces migrants illégaux. Après l’accouchement dans des conditions précaires, son mari a décidé de la ramener chez elle avec son nourrisson. Elle est rentré mains vides, mais avec honte et désespoir.

Comme elle l’a confirmée, même si les effectifs ne sont pas si importants comme ceux des hommes, les filles et les femmes migrent aussi vers la Tanzanie. Elle appelle les jeunes filles de cette région à ne pas tenter cette aventure comme elle l’a fait. « Aller travailler dans l’illégalité à l’étranger, pour une fille, n’est que risquer sa vie inutilement », trouve-t-elle.

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A propos de l'auteur

Florence Inyabuntu.

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