Gouvernance

Les fonctionnaires corrompus dans le collimateur du Chef de l’Etat

Lors de la célébration de la fête de l’indépendance, le Président de la République a mis en garde contre les détournements des fonds publics qui sont devenus monnaie courante pendant la période pré-électorale. Après cette annonce, les réactions sont mitigées. Les organisations de la société civile restent sceptiques quant à la concrétisation de ce message alors que les pouvoirs publics confirment que des stratégies ont été arrêtées pour juguler le phénomène de la corruption et d’autres infractions connexes

Dans son discours à la Nation lors de la célébration du 56ème anniversaire de l’indépendance ; le Chef de l’Etat Pierre Nkurunziza a rassuré que le Burundi dispose de potentialités pour garantir son indépendance économique. Ce sont entre autres des terres fertiles, un riche réseau hydraulique, un bon climat où il pleut neuf mois successifs et des minerais ainsi que d’autres richesses.

Toutefois, l’indépendance économique véritable ne pourrait pas s’acquérir si les crimes financiers persistent. Pour ce faire, Nkurunziza met en garde les dirigeants qui, selon lui, à l’approche des élections ou pendant la période électorale, dilapident les deniers publics. Le numéro un Burundais a exhorté les responsables administratifs à prendre des dispositions pour mettre fin à ces pratiques criminelles, à se montrer exemplaires.

A cet effet, ils doivent présenter un rapport mensuel inhérent à cela. « Celui qui ne le fera pas aura montré sa complicité et s’exposera à des sanctions », a averti Pierre Nkurunziza.  Il a rappelé que  l’année 2018 a été déclarée une année  de prise de décision. Donc quiconque se rendra coupable d’une quelconque dilapidation de biens publics sera sérieusement réprimandé.

La lutte contre la corruption est un processus

Jean Damascène Nkeshimana, Commissaire Général de la Brigade Spéciale Anti-Corruption : « La lutte contre la corruption est un processus continu. Or, les gens veulent des résultats immédiats et palpables »

Le Commissaire Général de la Brigade Spéciale Anti-corruption, M. Jean Damascène Nkeshimana indique que les institutions qui luttent contre la corruption et les infractions connexes sont à l’œuvre pour juguler ce phénomène. Il se félicite d’ailleurs de la mise en œuvre d’une politique  nationale de lutte contre la corruption et d’autres infractions connexes. « Il y a quand même une évolution en matière de répression des crimes économiques comme la corruption et les malversations économiques.  Les  gens arrivent à dénoncer. Et la lutte contre la corruption nécessite qu’il y ait des dénonciateurs », indique-t-il.

Il se réjouit que le législateur ait mis en place un cadre réglementaire pour réprimer ces crimes financiers et espère que la récente révision du code pénale et du code des marchés publics  va apporter une valeur ajoutée. Nkeshimana rappelle que personne n’est au-dessus de la loi. « La loi ne favorise aucun corrupteur ou corrompu, a-t-il insisté.

Nous continuons à sensibiliser et à réprimander si nécessaire sans exception.  Ce qu’il faut retenir c’est que la lutte contre la corruption est un processus continu. Or, les gens veulent des résultats immédiats et palpables. C’est une question de temps, phénomène de corruption va diminuer progressivement. Il faut continuer la sensibilisation et montrer aux gens que c’est un fléau très nuisible au développement du pays ». A-t-il dit. 

La société civile reste plutôt pessimiste

M. Gabriel Rufyiri, président de l’OLUCOME salue la mise en garde donnée encore une fois aux personnes impliquées dans la corruption et le détournement des deniers publics. Il trouve cependant qu’il est grand temps que les discours soient suivis des actions concrètes afin que ceux qui sont impliqués dans la corruption puissent être punis.

« C’est une bonne chose, car il y a des présidents qui n’ont jamais prononcé ce genre de discours. Les messages ne suffisent pas. Ils doivent être accompagnés par des actes concrets. Et ceci se traduit par la mise en place des textes clairs. Les corrompus sont devenus plus forts. C’est pour cela que le Président de la République prononce des discours qui ne sont malheureusement pas suivis par des actes concrets » a déclaré Gabriel Rufyiri sur les ondes de la Radio Isanganiro.

Pour Faustin Ndikumana, la lutte de la corruption et les malversations économiques devraient se faire du sommet à la base. La loi anticorruption et la Constitution exigent à tous les membres du gouvernement et aux autres dignitaires de déclarer leurs biens avant d’entrer en fonction. Pour lui, si cela n’est pas fait, cette déclaration n’est que du saupoudrage. De plus, les institutions qui luttent contre la corruption n’ont pas la liberté et l’indépendance voulues. Les pouvoirs publics exercent une pression sur ces dernières de peur d’être visés. Et de conclure qu’on ne peut pas lutter contre la corruption en s’acharnant sur les petits corrupteurs alors que les gros poissons continuent à jouir de l’impunité. 

La malversation économique est une réalité

Selon des sources concordantes, certains fonctionnaires de l’Etat pillent les biens publics. Burundi Eco revient sur quelques cas de figure de détournement des biens publics. En juin dernier, la justice a condamné à 5 ans de servitude pénale M. Onesphore Nkunzimana, agent de la Regideso pour complicité dans le détournement du matériel de la Regideso d’une valeur de 11 millions de FBu.

A la même période, la police anti-corruption a saisi 8 tonnes d’engrais chimiques frauduleux dans les stocks de la société Alchem. Au cours des dix dernières années (entre 2007 et 2017), la cour anti-corruption et son parquet général ont recouvré plus de 3, 5 milliards de FBu.   

Pour rappel, le récent classement établi par Transparency International sur l’indice de perception de la corruption classe le Burundi la 157ème place sur 180 pays en 2017.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.





éditorial

Chaque jour compte

Chaque jour compte

Les cours du troisième trimestre de l’année scolaire 2024-2025 débutent lundi le 28 avril 2025 pour les niveaux maternel, fondamental et post-fondamental. Les étudiants des établissements universitaires officiels, quant à eux, sont déjà au début de leur quatrième trimestre de l’année académique 2023-2024.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 658

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook




  • éditorial

    Chaque jour compte

    Chaque jour compte

    Les cours du troisième trimestre de l’année scolaire 2024-2025 débutent lundi le 28 avril 2025 pour les niveaux maternel, fondamental et post-fondamental. Les étudiants des établissements universitaires officiels, quant à eux, sont déjà au début de leur quatrième trimestre de l’année académique 2023-2024.
  • Journal n° 658

  • Dossiers Pédagogiques