Alors que les autres marchés réhabilités ont été rouverts, celui de Kanyosha demeure infonctionnel. Plus de deux ans viennent de s’écouler, les travaux continuent, mais les commerçants s’inquiètent alors que la saison pluvieuse pointe à l’horizon. Ils demandent que les stands leur soient attribués pour que leur commerce prospère
A l’intérieur de la grande clôture du nouveau marché en construction de Kanyosha, des toitures en rouge brossent le décor. Tout autour, un semblant de marché composé de petits kiosques en bois et de parasoleils s’y observe. Pourtant, ce marché est en cours de réhabilitation depuis 2017. Dans les prévisions, quelques 799 kiosques métalliques devaient être construits

A l’intérieur du marché de Kanyosha, les travaux sont toujours en cours.
Quand nous sommes arrivés à l’intérieur dudit marché, quatre jeunes manœuvres s’activaient à faire de la soudure pour les tablettes des hangars. Seules deux maisonnettes étaient ouvertes, une qui sert de stock pour les maniocs et une autre qui abrite un moulin. « Les autres locataires du marché sont toujours à l’extérieur. Nous ne savons pas pourquoi, mais certains disent que leurs stands ne sont pas encore prêts », nous révèle une dame trouvée devant l’une des maisonnettes. Selon un des manœuvres, il reste encore une vingtaine de kiosques à assembler pour prévoir l’ouverture du marché.
Des versements payés à temps, mais des travaux qui avancent à pas de tortue
Selon les témoignages des commerçants trouvés tout autour du chantier du marché moderne, ils se sont acquittés des frais de réhabilitation depuis longtemps dans l’espoir de retrouver le marché dans les délais voulus. Mais c’est la déception totale. « Après le paiement de l’avance, j’ai vu les travaux avancer au ralenti. Parfois, il peut passer deux semaines sans qu’aucun travail à l’intérieur du marché ne soit effectué », se désole Solange Ndayikeza, commerçante de condiments. Plus de deux cents commerçants, selon les témoignages, venaient de s’acquitter du montant convenu avec la société et la Mairie de Bujumbura. « Que fait notre argent dans les caisses de la mairie de Bujumbura ?», se demande un autre boutiquier.
Sans emplacement fixe, la clientèle se fait de plus en plus rare
Certains commerçants se sont arrangés pour trouver des parcelles près du marché, mais la clientèle ne vient pas comme avant. Ceux qui exposent des produits sous les parasoleils se lamentent. «La poussière envahit nos produits. Peu de gens viennent vers nous pour acheter quoi que ce soit. Nous avons besoin de retrouver le marché», s’indigne Balthazar, marchand de viandes.
Dans sa quincaillerie, Gad Minani peut passer trois jours sans aucun client. «Difficile d’abandonner mon commerce, sinon, j’aurais fermé depuis belle lurette». Cet après-midi, Gad Minani parle, désespéré, sans aucun espoir de changement : «Alubuco nous a expliqué que les travaux se sont arrêtés, suite au défaut de paiement de la part des commerçants. Pourtant, nous avions déjà versé près de 100 millions de FBu», précise-t-il.
Le commissaire du marché David Ndayisenga fait état d’environ 200 commerçants qui ont déjà payé le montant requis en 2018 sur un effectif de 799 kiosques. Pour lui, il faudrait construire ces kiosques pour lesquels l’argent a été débloqué « Le reste sera construit par après. C’est d’ailleurs ce qui a été fait dans les autres marchés et le contrat était le même ». Pour ce commerçant s’exprimant sous couvert d’anonymat, certains commerçants continuent à déposer leurs frais dans la société qui exécute les travaux au-delà du délai limite. «Par ailleurs, comment se fait-il que des gens s’engagent à construire des marchés alors qu’ils ne disposent pas de capitaux ?», s’interroge-t-il.
Selon le commissaire du marché de Kanyosha, en attendant la fin de la réhabilitation dudit marché, certains commerçants ont dû migrer vers d’autres marchés, d’autres se sont éparpillés ici et là dans les quartiers. Et la plupart d’entre eux ont été délocalisés dans un semblant de marché derrière cette infrastructure dont la réhabilitation est au point mort.
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