TIC

Les opérateurs télécoms dans le viseur du gouvernement

Le gouvernement du Burundi met en garde les opérateurs de télécommunications qui fournissent une connexion Internet très instable. La faible connectivité du pays impacte négativement les activités nécessitant une connexion Internet. Un délai de trois mois a été donné aux trois ténors du marché de l’Internet mobile pour améliorer la qualité de leurs services.

Léocadie Ndacayisaba, ministre de la Communication, des Technologies de l’Information et des Médias appelle les opérateurs des télécoms à collaborer avec les gouverneurs des provinces pour s’approvisionner du carburant et trouver les espaces pour installer les antennes relais.    

« Elaborer un plan urgent avec les perspectives envisagées et soumettez-le au ministère sous tutelle pour remédier à l’instabilité de la connexion Internet », telle est la principale recommandation formulée par Martin Niteretse, ministre de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique, lors d’une réunion qu’il a tenue le 28 janvier 2025 avec les représentants des trois opérateurs de télécommunications, Lumitel, Econet Wireless et ONATEL Burundi en presence tous les gouverneurs des provinces. Il était accompagné de Mme Léocadie Ndacayisaba, ministre de la Communication, des Technologies de l’Information et des Médias.

Un délai de trois jours a été accordé à ces trois opérateurs pour soumettre le plan au ministère des TICs, soit au plus tard le 1er  février 2025. Les deux ministres ont émis des critiques virulentes envers les opérateurs télécoms face à la lenteur ou l’absence de connexion offerte. Le ministre Niteretse a remis en cause leurs partenariats avec le gouvernement : « Prouvez que vous êtes vraiment nos partenaires ou si vous avez d’autres intentions », a-t-il insisté, ajoutant que l’instabilité de la connexion ou son absence constitue par ailleurs un problème de sécurité.

Il n’a pas hésité à rappeler que ces opérateurs ont signé des contrats pour assurer la desserte du réseau sur l’échelle nationale. Malheureusement à l’heure actuelle, les trois opérateurs ne couvrent que 20 % du pays.

Une connexion Internet relativement faible

Les problèmes de connexion Internet sont de plus en plus préoccupants dans certains quartiers de la ville de Bujumbura et à l’intérieur du pays. Mme Rosine Guilene Gatoni, porte-parole du chef de l’Etat a indiqué que les usagers d’Internet rencontrent des difficultés pour consulter des contenus en ligne, effectuer des recherches ou publier des informations. « Nous pouvons passer des appels téléphoniques en 2G, mais il est difficile de télécharger un document, une photo ou une illustration encore moins de les transférer. », témoigne-t-elle, avant d’ajouter qu’elle n’était pas du tout d’accord avec les statistiques fournies par ces opérateurs sur la vitesse de la connexion.

Bien que les forfaits Internet soient parfois coûteux, certains utilisateurs n’arrivent pas à en profiter correctement à cause de l’instabilité de la connexion. Les utilisateurs se plaignent régulièrement de la lenteur de la navigation. Les vidéos se chargent très lentement, sans parler des interruptions fréquentes des services en ligne. Ces derniers mois, la situation s’est encore dégradée.

Quid des principales causes ?

Les opérateurs télécoms expliquent que parmi les défis qu’ils rencontrent pour répondre à la demande, figurent la difficulté de s’approvisionner en carburant pour alimenter leurs antennes relais, ainsi que les coupures d’électricité récurrentes dans certains quartiers de la ville de Bujumbura et à l’intérieur du pays. Cependant, ces explications n’ont pas réussi à convaincre par les membres du gouvernement présents à la réunion. La porte-parole du président a précisé que la cause de l’instabilité de la connexion ne se limite pas à la crise des hydrocarbures et à l’électricité. Pour preuve, « la connexion Internet est très lente, même lorsque l’électricité est présente », a insisté Mme Gatoni. Elle a ajouté : « Dans plusieurs quartiers de Bujumbura, l’électricité est disponible, mais elle est instable. »

Le Général-Major Christophe Manirambona, Inspecteur général adjoint de la police, qualifie  non fondées les raisons avancées par les opérateurs. « La distribution du carburant tient compte de la priorisation des besoins dans tous les services provinciaux. Il est trouve illogique que d’autres services soient approvisionnés en carburant, sauf les fournisseurs de la connexion Internet », a-t-il déclaré.

D’autres raisons évoquées par les opérateurs incluent le manque d’espace pour installer les antennes téléphoniques et la pénurie de devises pour l’achat des équipements modernes.

Des solutions pour y remédier

Le ministre Niteretse et son homologue Mme Ndacayisaba ont ordonné aux opérateurs de télécommunications d’établir un plan pour résoudre l’instabilité de la connexion Internet au cours du premier trimestre 2025, sans évoquer la crise des hydrocarbures ni les coupures d’électricité. Selon eux, ces facteurs ne figurent pas dans les termes du contrat.

Concernant le carburant et l’espace pour installer les antennes relais, la ministre Ndacayisaba a encouragé les opérateurs à collaborer avec les gouverneurs des provinces pour faciliter l’approvisionnement en carburant auprès des stations-service situées à l’intérieur du pays et pour identifier les zones moins desservies en connexion pour l’installation de nouveaux  antennes. D’après lui, les gouverneurs des provinces sont à leur disposition et peuvent aussi faciliter les discussions avec la population lorsqu’un opérateur identifie un terrain idéal pour abriter une antenne relais.

Le ministre Niteretse a souligné que la question de la connexion Internet est liée à la sécurité publique et au développement du pays. D’où la nécessité de prendre des mesures urgentes pour rétablir la connexion Internet, faute de quoi les récalcitrants seront sanctionnés.

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A propos de l'auteur

Méchaël Tuyubahe.

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La protection de l’environnement et la promotion de la croissance économique semblent être deux missions contradictoires. La déforestation reste un phénomène très inquiétant malgré les initiatives et les politiques de reforestation en vigueur. Alors que la population actuelle du Burundi est estimée autour de 12 millions d’habitants, les projections démographiques tablent sur une population de 22 millions à l’horizon 2050.

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