Les PME font face à un manque de financement de la part des banques qui imposent des taux d’intérêt très élevés. D’une part, cela est dû au fait que le secteur bancaire est fragilisé par le manque de réserves de change pour le financement des projets

Le Burundi et l’IFC sont intéressés par le financement des PME.
La situation macroéconomique de 2020 révèle que le crédit intérieur fournit au secteur privé ne représentait que 22% du PIB alors que la moyenne pour l’Afrique subsaharienne était d’environ 38%. En outre, le rapport sur l’inclusion financière montre que seulement 15% des Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont obtenu un crédit. L’encours total des crédits des PME représente 34% par rapport à l’encours total des crédits à l’économie.
En 2021, le rapport annuel de supervision a montré que certains secteurs non productifs sont privilégiés par rapport à ceux qui sont productifs. Par exemple, les crédits accordés à l’agriculture représentent seulement 7% du portefeuille « crédit » tandis que le commerce et l’habitat occupent respectivement la première et la deuxième place avec des cotes de 31% et 18% dans le financement global.
Cela a été révélé dans un atelier d’échange organisé par le ministère des Finances, du Budget et de la Planification Economique en collaboration avec la Société Financière Internationale (IFC) mardi le 05 septembre 2023 à Bujumbura sous le thème : « Promouvoir le financement des Petites et Moyennes Entreprises au Burundi : enjeux, défis et solutions. »
Malgré tout, le secteur privé reste important
« Nul n’ignore le rôle que jouent le secteur privé en général et les PME en particulier dans le système socio-économique de notre pays par leurs aptitudes à créer de la richesse et des emplois », indique Audace Niyonzima, ministre en charge des finances. Il affirme que le secteur privé contribue au développement du pays et à la réduction de la pauvreté. Il emploie une proportion plus importante de la main-d’œuvre généralement plus défavorisée constituée de jeunes, de femmes et de personnes provenant des milieux populaires. Il est parfois le seul pourvoyeur des emplois dans les milieux ruraux.
La principale source de financement du secteur privé est principalement l’autofinancement, donc les fonds propres et, dans une moindre mesure, il recourt à l’emprunt auprès des banques ou des institutions de microfinance. Or, la source de financement la plus importante pour ce secteur devrait être l’emprunt bancaire. Mais, selon M. Niyonzima, les conditions d’octroi des crédits demeure problématique et impacte la compétitivité des investisseurs burundais.
Les contraintes auxquelles font face les PME sont multiples
A titre d’exemple, selon M. Niyonzima, le secteur privé et plus particulièrement les PME fait face à plusieurs contraintes liées notamment au taux d’intérêt débiteur très élevé appliqué par les banques et les institutions de microfinance. A cela s’ajoute l’accès très limité aux financements, les faibles revenus, l’incapacité de mobilisation de l’épargne de long terme, l’inflation galopante, l’insuffisance d’infrastructures adéquates, le manque de ressources humaines, qualifiées et compétentes, etc.
Pour Denis Nshimirimana, secrétaire général de la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCIB), la problématique du financement des PME est que les banques et les institutions de microfinance n’ont pas de ressources suffisantes. En plus, elles imposent des taux d’intérêt « à deux chiffres ». A ne pas ignorer que les financiers tiennent beaucoup plus à la garantie qu’à la solidité du business plan. Or, dans la plupart des cas, les plans d’affaires des PME sont mal élaborés. Rarement, ils sont innovants et originaux. De surcroît, la pénurie des devises est aussi un défi à relever.
D’autres intervenants sont persuadés que les PME font face à l’absence d’un véritable programme d’éducation financière. Les mesures fiscales orientées vers la surtaxation du secteur financier mettent le bâton dans les roues des PME. L’absence d’un organe d’arbitrage fait qu’en cas de litige entre les banques et leurs clients, les tribunaux soient le premier recours. Or, les procédures judiciaires prennent beaucoup de temps. Ce qui est défavorable aux affaires. En plus, il y a un manque d’instruments de financement et de garantie pour permettre aux établissements de crédit d’élargir la gamme des produits afin de financer les secteurs clés comme l’agriculture et l’entrepreneuriat.
Les recommandations formulées sont intéressantes une fois prises en compte
Pour développer les PME, les participants à l’atelier sont tombés d’accord que l’élaboration d’une politique de promotion des PME est une nécessité. Les établissements de crédit et les institutions de microfinance doivent s’engager dans le financement de la production des biens et des services afin de promouvoir les exportations. Il faut aussi accélérer l’élaboration des textes d’application de la loi régissant les activités bancaires, particulièrement sur les points concernant les garanties et le processus de recouvrement.
Le marché boursier a besoin d’être opérationnalisé pour permettre aux établissements de crédit, aux institutions de microfinance et aux investisseurs potentiels de mobiliser les ressources. Il faut créer des chambres spécialisées ou mettre en place des organes chargés de traiter les litiges commerciaux. Il vaut mieux élaborer un programme national agricole pour stimuler les financements de ce secteur en vue de promouvoir l’exportation des produits agricoles. La liste des recommandations n’est pas exhaustive.
Comprendre les PME
Selon la nomenclature de l’Office Burundais des Recettes (OBR), une petite entreprise a un chiffre d’affaires d’au plus 100 millions de FBu. Une moyenne entreprise (moyen contribuable) a un chiffre d’affaires compris entre 100 et 700 millions de FBu. Enfin, les grandes entreprises (grands contribuables) ont un chiffre d’affaires supérieur à 700 millions de FBu.
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