Environnement

Les sciences de l’environnement dès l’école primaire, une nécessité

Au Burundi, la déforestation progressive reste un phénomène inquiétant. Malgré les programmes de reboisement, jusqu’à présent les résultats sur terrain sont mitigés. Pour Jean Damas Yamuremye, spécialiste en gestion de l’environnement, l’éducation environnementale est la clé pour inverser la tendance     

La déforestation prend une allure inquiétante. La dépendance de la population au bois est la cause majeure de la déforestation. Plus de 90% des ressources énergétiques de la population burundaise proviennent du bois.  L’utilisation du bois dans le secteur de la construction, dans les saunas… aggrave la situation. La prolifération des ateliers de menuiserie en mairie de Bujumbura est un indicateur clé du degré de dégradation de l’environnement. Les feux de brousse répétitifs, les défrichements des forêts à des fins agricoles et le surpâturage sont aussi d’autres causes de la disparition des forêts au Burundi.

« Il faut conscientiser la population sur l’importance des arbres, des forets sur l’environnement. Il faut que la population ait la conscience de planter un arbre avant de couper un autre ».

Des statistiques effrayantes

Le bois est la principale source d’énergie pour les ménages ruraux. Les statistiques montrent que 95% de la population burundaise utilisent le bois comme source d’énergie. La carbonisation du bois pour produire du charbon est aussi un véritable fléau. Le charbon de bois est consommé à 77 % par la population urbaine, selon les données tirées du dossier pédagogique de Burundi Eco sur l’Environnement. La consommation annuelle du charbon est estimée respectivement à 56 548 tonnes et 13 552 tonnes pour la population urbaine de Bujumbura et de Gitega. Au niveau national, la consommation du charbon de bois est de 104 718 tonnes. En 2018, le Conseil des ministres de bois a estimé que 30 à 50% des forêts naturelles avaient déjà disparu. La surface couverte par les forêts est passée de 11,3 à 6,7% entre 1990 et 2010, soit une vitesse de déforestation moyenne de 63 km2 par an. En 2000, il ne restait que 189 mille ha. Si ce rythme de déforestation est maintenu, le Burundi n`aura plus de forêts dans 24 ans d’après les estimations publiées dans le Rapport national sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en 2015.

Pas de suivi des arbres plantés

Depuis longtemps, des textes règlementaires, des programmes de reboisement national ont été mis en place. Il en est de même actuellement. Le programme national en cours est «Ewe Burundi Urambaye». Ce projet piloté par le ministère de la Défense vise le reboisement. On rapporte d’ailleurs que des milliers d’arbres sont plantés à travers tout le pays. En plus, un nombre important d’associations intervenant dans la protection de l’environnement notamment dans la multiplication et la plantation des arbres sont à l’œuvre. Malheureusement, les résultats sont mitigés. Les arbres plantés ne sont pas remarquables sur terrains. 

Les activités ne se limitent qu’à la plantation des arbres et personne n’assure le suivi des essences, laissait entendre Albert Mbonerane en 2019 dans les colonnes de Burundi Eco. «En plus des campagnes de plantation, il faudrait qu’il y ait toute une éducation pour accompagner les jeunes plantules durant les deux premières années. Sinon, tous les efforts consentis en matière de recouvrement du sol seraient vains», explique l’ami de la nature.

L’inconscience de la population, premier défi à relever

Selon Jean Damas Yamuremye spécialiste en gestion de l’environnement, le premier défi à relever dans ce domaine est l’inconscience de la population. Pour lui, le réveil de la conscience de la population dans la protection de l’environnement constitue une base pour lutter contre la déforestation. Ce spécialiste en gestion de l’environnement précise que la question de l’environnement a été négligée dans le système éducatif burundais.  « Nous n’avons pas intégré les notions de l’environnement dans les programmes scolaires. Nous avons grandi en sachant que les arbres servent uniquement à la cuisson des aliments et à la construction. C’était là exclusivement notre relation avec les arbres ». 

Jean Damas Yamuremye propose de rectifier le tir. « Il faut conscientiser la population sur l’importance des arbres, des forets sur l’environnement. Il faut que la population ait la conscience de planter un arbre avant de couper un autre ». Il recommande d’intégrer les notions de la protection de l’environnement dans les programmes scolaires dès l’école primaire. « C’est la base de toutes les alternatives. Si ce n’est pas le cas, toutes les solutions proposées vont échouer ».

L’aggravation des effets liés au changement climatique, la dégradation des terres agricoles, l’instabilité l’érosion régimes hydriques, le contrôle des inondations, l’aggravation des érosions, la réduction de l’humidité de l’air, la dégradation des facteurs de production agricoles sont entre autres les conséquences du déboisement selon Dr Jacques Nkengurutse, professeur d’universités.

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A propos de l'auteur

Bruce Habarugira.

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