Les transporteurs estiment la durée de la pénurie du carburant à presque une année. Toutefois, ils reconnaissent que celle-ci s’est empirée à la mi 2022. Ils déplorent le travail à perte lié non seulement à cette pénurie, mais aussi aux charges liées aux nouvelles taxations. Les distributeurs du carburant, eux, se disent dérangés par le transport du carburant depuis les entrepôts de Gitega jusqu’à Bujumbura
« Quelle chance ! Ou la situation se renormalise », s’exclame Abdu Karikurubu alors qu’il sautait dans un bus de type « Coaster » presque vide de passagers en provenance de Carama et qui prenait la direction du centre-ville de Bujumbura.
C’était le matin de mercredi le 31 août 2022. Habitant le quartier Bukirasazi de la zone Kinama, M.Karikurubu témoigne que cela faisait environ trois mois qu’il ne trouvait pas facilement un moyen de transport à l’arrêt bus de Kanga où il est habitué à embarquer.
Charles Ntirampeba, secrétaire général de l’Association des Transporteurs du Burundi (ATRABU) reconnait que cela fait deux jours que le carburant de type mazout est disponible.
« Par contre, trouver le carburant de type essence est toujours un casse-tête », déplore-t-il.

La pénurie du carburant s’est constatée depuis octobre 2021 et s’est accentuée avec la mi 2022.
Un mal ne vient pas seul
M.Ntirampeba témoigne que la pénurie du carburant s’est constatée depuis octobre 2021 et s’est accentuée avec la mi 2022. Ce qui impacte le travail des transporteurs.
Pour lui, dans les trois derniers mois, un véhicule pouvait passer six à sept jours à la recherche du carburant. « Imaginez un bus de type Coaster qui passait sept jours sans rouler alors qu’il faisait rentrer dans les caisses du propriétaire au moins 150 mille FBu par jour, soit un million 50 mille FBu par semaine. Ce qui est une perte énorme », s’inquiète M.Ntirampeba avant de rappeler que dans ce cas, il est impossible de payer les loyers, d’acheter les pièces de rechange dont le prix est en hausse, de rembourser les crédits, de payer les conducteurs et les rabatteurs…
Par contre, le secrétaire général de l’ATRABU fait remarquer que le transporteur est toujours obligé de remplir son devoir, à savoir : le paiement de l’assurance tous les trois mois, faire le contrôle technique, payer les frais de stationnement, la redevance, rembourser les crédits…
Et d’alarmer : «Avec le budget général, exercice 2022-2023, on vient de réinstaurer la taxe sur le transport rémunéré. Les contribuables œuvrant dans le secteur du transport étant demandés de venir régulariser leur situation avec le fisc au plus tard le 15 octobre 2022. Cela au moment où le secteur est défaillant».
Selon toujours M.Ntirampeba, cette nouvelle taxe trimestrielle réinstaurée prévoit un paiement de 39 mille FBu pour les camions de moins de sept tonnes, 54 mille FBu pour les camions de sept à dix tonnes, 81 mille FBu pour les camions de plus de dix tonnes, 54 mille FBu pour les bus d’une capacité de plus de 35 places, 39 mille FBu pour les bus d’une capacité de plus de 18 places à 35 places, 24 mille FBu pour les bus d’une capacité de 12 à 18 places, 20 mille FBu pour les taxi-voitures et 15 mille FBu pour les tricycles et les motos.
En cas de défaillance, la loi relative aux procédures fiscales et non fiscales stipule que lorsque le montant de l’impôt qui figure dans la déclaration d’impôt ou dans la note d’imposition n’est pas payé dans le délai légal, le contribuable est passible d’une amende égale à 10% du montant de l’impôt dû.
Les distributeurs du carburant réclament
Ally Gaterekwa, conseiller financier de la station Oilex de Nyakabiga informe que cette station s’est approvisionné en carburant dans le stock de la Regideso de Gitega ce mardi 30 août 2022.
Cependant, il se lamente que le coût du transport du carburant de Gitega à Bujumbura est élevé, soit entre 50 FBu et 60 FBu par litre de carburant, ce qui fait une marge bénéficiaire d’entre 10 et 20 FBu par litre. Cela sans considérer d’autres dépenses. Le souhait est que le coût du transport soit revu à la baisse ou qu’on installe des entrepôts à Bujumbura.
« A toutes ces doléances, Jean Albert Manigomba, directeur général de la Regideso tranquillise. Il explique qu’un stock de carburant est en train d’être érigé dès ce mercredi dans le quartier Asiatique en mairie de Bujumbura », lit-on sur le compte twitter de la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB).
Dans un communiqué de la Regideso du 25 août 2022, cette société à 100 % étatique et qui de nature régit l’eau et l’électricité a porté à la connaissance de toutes les stations-services que cette société dispose d’un stock de carburant à vendre au parc pétrolier de Gitega. Les responsables de cette société ont signalé que celle-ci a la capacité d’importer 20 millions de litres de carburant par mois. La quantité nécessaire par mois étant de 25 millions de litres.
On peut donc conclure que dans les conditions normales, la consommation du carburant est estimée à 1 million de litres de carburant par jour, soit 30 millions de litres de carburant par mois, approximativement 6 000 camions citernes. D’où pour faire face à la pénurie du carburant, il faut donc d’abord remplir les entrepôts de tout le pays.
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