A la veille de la promulgation de la loi des finances publiques qui prévoit notamment la réfection des routes, peu sont les chaussées de la Mairie de Bujumbura qui ne nécessitent aucun retapage. Pour certaines d’entre elles, elles sont tellement endommagées que le retapage ne servira pas à grand-chose. Les usagers de la route demandent que l’argent destiné à cette réfection ne soit pas affecté dans d’autres domaines comme cela se passe souvent
Nous sommes mercredi le 2 juin 2021, sur le Boulevard Lt Gnl Adolphe Nshimirimana dans la zone de Ngagara de la commune Ntahangwa en Mairie de Bujumbura. Le trafic est intense. Complètement détruite, cette route est aujourd’hui loin de ressembler à un boulevard digne de ce nom. Des graviers, des sables, on dirait une rivière asséchée. Depuis l’Eglise du Bon berger se trouvant sur ce boulevard, jusque loin à Mutakura, l’inimaginable serait de voir une trace de goudron dans cette route qui était jadis totalement goudronnée.
Des voitures, des motos, des vélos, des tuk-tuks s’entrecroisent dans cette route qui devient de plus en plus étroite à cause des nids-de-poule qui s’y observent. Chacun des chauffeurs cherchent un coin de léger mieux pour éviter d’endommager son véhicule. Ce reflexe étant partagé par tous les usagers de cette route, tout le monde se retrouve sur ce coin de léger mieux. La petite vitesse s’impose sur le long tronçon endommagé de cette route. Pas de bousculades, pas de pressions. La priorité et le code de la route importent peu. Les chauffeurs suivent un code routier propre à eux imposée par l’état de cette chaussée. Une voiture passe facilement de l’extrémité gauche à l’extrémité droite à la recherche d’une zone encore intacte. Curieusement, les chauffeurs s’entendent bien pour se laisser le passage.

Les nids-de-poule s’agrandissent progressivement lorsqu’ils ne sont pas bouchés à temps.
Ce boulevard n’a plus de trottoirs pour les piétons. Ceux-ci se créent d’autres chemins dans les herbes se trouvant au bord de cette route. Une alternative qui n’est pas sûr non plus, car les motos et les vélos se rabattent sur ces raccourcis créés par les piétons pour éviter les véhicules. Un taxi-vélo rencontré sur les lieux déplore l’état de ce boulevard. « Même à l’intérieur du pays, il n’y a plus de telles routes. C’est une honte pour un capital économique d’un pays comme le Burundi », regrette –t-il. Pour le prochain projet de zéro nid-de-poule, il répond qu’il n’est pas sûr que cela va servir à quelque chose pour un boulevard trop endommagé comme celui-là.
Un chauffeur de tuk-tuk, nous a fait savoir que cette route a été endommagé lors de la crise de 2015. Il regrette que rien n’ait été fait pour retaper cette route avant qu’il ne soit pas trop tard. « Au début, les nids-de-poule sont presqu’invisibles. Ils s’agrandissent progressivement. Plus ils s’agrandissent, plus le coût de retapage s’élève. Malheureusement, ce n’est que lorsque l’état des routes devient alarmant qu’on pense au bouchage de ces nids de poules », se désole ce chauffeur.
Le phénomène est le même un peu partout
L’état de l’avenue de la Santé de la zone Buyenzi de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura est déplorable. Depuis sa jonction avec le Boulevard Melchior Ndadaye jusqu’à sa jonction avec le Boulevard du peuple Murundi, pas mal de nids-de-poule s’observent un peu partout. Les chauffeurs rencontrés sur les lieux soutiennent la promulgation de la loi des finances publiques qui prévoit la réfection des routes. Ils demandent que l’argent destiné à cette réfection ne soit pas affecté dans d’autres domaines comme cela se passe souvent.
Au sud de la capitale économique, beaucoup de nids-de-poule se remarquent ici et là sur la Route Nationale numéro 3 communément appelée Route Rumonge. A quelques mètres avant d’arriver sur le pont Kizingwe, il y a un tronçon qui n’a même plus de traces de goudron. Les usagers de cette unique route reliant les quartiers de Nyabugete et Ruziba au centre-ville, demandent au gouvernement de leur venir en aide avant qu’il ne soit pas trop tard.
Une loi en attente la promulgation
L’exposé des motifs du projet de loi portant fixation du budget général de la République du Burundi pour l’exercice 2021-2022 stipule qu’il est créé dans le but d’assurer un financement durable et soutenable de l’entretien du réseau routier national actuellement en situation alarmante un fonds d’entretien des routes qui sera logé au ministère ayant les finances dans ses attributions. Ceci à l’instar du fonds de soutien à l’éducation afin de financer la campagne d’entretien du réseau routier « zéro nids-de-poule ».
Avec la mise en place de ce fonds, le budget alloué à l’entretien des routes passera de 8,2 milliards de FBu à environ 28 milliards de FBu. A cet effet, le projet de budget 2021-2022 propose d’alimenter ce fonds par les redevances (recettes) préalablement affectées au financement des dépenses d’entretien des routes. Les modalités de financement proposées sont l’institutionnalisation d’une taxation de la téléphonie mobile via les méga bytes à partir de 1GB (c’est-à-dire inférieur à 1GB gratuit et supérieur à 1GB imposé à 18% du coût d’achat) et d’une redevance annuelle routière forfaitaire.
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