Commerce

Malgré la cherté du sucre, cette denrée reste indisponible sur le marché

La récente révision à la hausse du prix du sucre a été accueillie avec réticence par de nombreux acteurs. Les associations et les syndicats ont fustigé cette mesure. Après que le chef de l’Etat ait exprimé son point de vue là-dessus, aucune action concrète n’a été mise en œuvre. En outre, les initiatives prises pour redynamiser la Sosumo n’ont pas abouti. La population ne sait plus à quel saint se vouer pour avoir accès à ce produit rarisme. Malgré cette hausse fortement décriée, cette denrée stratégique reste indisponible sur le marché.

Malgré la décision de revoir à la hausse le prix du sucre récemment prise par la SOSUMO passant de 3 300 FBu à 8 000 FBu le kilo, Cette denrée stratégique reste indisponible sur le marché.

Lors d’une séance de moralisation tenue jeudi le 19 septembre dans la province de Cankuzo, le Président de la République, Evariste Ndayishimiye, est revenu sur la récente augmentation des prix du sucre. Il a démenti les raisons avancées par le Directeur Général de la Sosumo : « Ils nous ont menti. Ils nous ont dit que le sac était à 400 000 FBu. J’ai découvert qu’il est à 243 000 FBu à Bujumbura, alors que l’importateur s’est approvisionné en devises sur le marché noir. » Il a également indiqué que les cadres de la Sosumo n’ont apporté aucune valeur ajoutée au pays et que, de ce fait, ce sont des commerçants comme tant d’autres. Evariste Ndayishimiye a appelé Mme la ministre en charge du commerce à revoir cette décision qui a été fortement décriée.

Très cher, très rare

Le Burundi fait face à une sévère pénurie de sucre depuis des années. La Société Sucrière de Mosso (SOSUMO), la seule société locale produisant du sucre a du mal à satisfaire sa clientèle, car sa capacité de production évolue de manière sinusoïdale. Dans son communiqué du 27 juillet 2024, ladite société a annoncé une hausse du prix du sucre qui est passé de 2 500 BIF à 3 300 BIF par kg. Les consommateurs ne reçoivent qu’un ou deux kilos de sucre chacun et doivent présenter le cahier de ménage pour être servi. Cependant, la pénurie de cette denrée persiste malgré la décision de revoir à la hausse le prix du sucre récemment prise par la SOSUMO passant de 3 300 FBu à 8 000 FBu le kilo

Désespoir de la population

Après avoir entendu la réaction du Président de la République sur cette décision combien impopulaire, la population s’est réjouie. Pourtant, elle indique qu’aucune action concrète n’a encore été mise en œuvre pour rectifier le tir : « Nous avons entendu que le chef de l’État s’est indigné contre cette mesure de la SOSUMO. C’est une bonne réaction en tant que chef de l’Etat, même s’il n’a pas suspendu cette mesure ni condamné les cadres de la SOSUMO, qu’il a qualifiés de « menteurs ». Jusqu’ aujourd’hui, rien n’a été fait et le prix reste inchangé ».

Et d’ajouter : « Pensez à un enfant qui entre en première maternelle. Il quitte la maison à 7h30 sans avoir pris de thé et revient à 12h et cela à cause de la pénurie du sucre. Nous souhaitons que la SOSUMO revienne sur cette décision, comme l’a ordonné le chef de l’Etat et nous serons ravis de nous rendre dans une boutique où ce produit est vendu à au moins 4 000 FBu le kilo ».

La COSYBU conteste aussi cette mesure

Dans son communiqué de presse du 20 septembre 2024, la Confédération des Syndicats du Burundi (COSYBU) a été surprise de constater que la SOSUMO s’adonne à des spéculations pour rehausser le prix unitaire du sucre. Cela survient alors que le ministère des Finances, du Budget et de la Planification Economique a annoncé la détaxation du sucre pour l’année budgétaire en cours ainsi que des mesures facilitant la commercialisation et l’importation de cette denrée stratégique telles que la suppression de la taxe sur la consommation, de la TVA, et la réduction des droits de douane de 100 % à 25 %.

Elle demande au gouvernement de suspendre cette mesure qui ne fera que plonger un grand nombre de Burundais dans la précarité et de stabiliser et réguler les prix des biens et services de première nécessité tout en assurant la libéralisation pour les produits ou services qui n’ont pas d’impact direct sur les populations les plus vulnérables, surtout les enfants et les personnes âgées.

Où est parti sarrai group ?

Pour redynamiser et booster la production de la SOSUMO, le gouvernement comptait associer la Société Sucrière du Moso (SOSUMO) avec Sarrai Group, une société ougandaise. Lors de l’émission publique animée le 29 décembre 2023, le chef de l’Etat a indiqué avoir visité cette société jugée très performante par laquelle la pénurie de sucre a été maîtrisée en Ouganda, pays qui s’approvisionnait auparavant en sucre au Burundi.

Evariste Ndayishimiye a ainsi affirmé qu’en trois ans, la production atteindra 300 000 tonnes par an et que le personnel pourra compter jusqu’à 12 000 personnes. Dans ce contexte, le pays pourra exporter 200 000 tonnes de sucre par an et ainsi engranger des devises.

Pour rappel, le ministère du Commerce en collaboration avec le ministère des Finances a autorisé la libéralisation du commerce du sucre depuis le 8 août 2024. Ainsi, le prix du sucre serait dicté par la loi de l’offre et de la demande. Par conséquent, toutes les autorisations et exonérations déjà octroyées aux importateurs de sucre ont été annulées et ceux-ci ont été priés d’introduire une nouvelle demande selon les conditions qui seront fixées par le ministère du Commerce.

A propos de l'auteur

Aline Niyibigira.

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