La nouvelle administration de la commune Mukaza en mairie de Bujumbura indique qu’elle lui sera difficile de rendre compte aux administrés. Cela parce que cette commune n’est pas encore autonome. Pourtant, Mukaza a besoin de plus de 50 milliards de FBu pour réaliser son Plan Communal de Développement Communautaire (PCDC) sur une période de quatre ans ainsi que des frais pour réaliser les projets connexes. Elle demande une décentralisation effective comme le stipule la loi communale du 19 février 2020
La commune Mukaza se situe en plein centre-ville de la capitale économique Bujumbura. Elle est limitée au Sud par la rivière Muha, au Nord par la rivière Ntahangwa, à l’Ouest par le lac Tanganyika et à l’Est par la commune Kanyosha de la province de Bujumbura dit rural. Nouvellement née, elle est composée par quatre anciennes communes devenues des zones, à savoir : Bwiza, Buyenzi, Nyakabiga et Rohero. Sa population est estimée provisoirement à 350 mille habitants comme le précise Rénovat Sindayihebura, administrateur de la commune Mukaza. Il déclare que le personnel communal est d’environ huit personnes tandis qu’au niveau zonal, il est estimé entre cinq et six. Ce personnel est insuffisant. Ce qui entrave le bon fonctionnement de la commune.
La commune face au manque de fonds
« La commune n’a pas de fonds. Elle n’a pas l’autorisation de collecter les impôts et les taxes », déclare M.Sindayihebura.
Pourtant, rappelle-t-il, l’Office Burundais des Recettes (OBR) rétrocède chaque année 60 % de la somme collectée dans l’impôt locatif aux communes. Ce qui n’est pas le cas pour les communes de la mairie de Bujumbura. Cette somme est rétrocédée à la Mairie. Depuis que l’OBR a commencé à collecter l’impôt locatif, la somme collectée augmente d’année en année. Elle était d’environ 4 milliards 500 millions de FBu en 2017, 5 milliards 500 millions de FBu en 2018 et 6 milliards 800 millions de FBu en 2019. La Mairie de Bujumbura gagne à peu près 4 milliards de FBu chaque année sur la somme collectée (ndlr).

Rénovat Sindayihebura, administrateur de la commune Mukaza : « J’espère que la loi communale sera bientôt appliquée à toutes les communes du pays pour faciliter leur bon fonctionnement »
« Toutefois, la loi organique n° 1 /04 du 19 février 2020 portant modification de certaines dispositions de la loi n° 1/33 du 28 novembre 2014 portant organisation de l’administration communale est claire », fait-il remarquer. Elle définit la commune, continue l’administrateur, comme une entité administrative décentralisée, dotée de la personnalité juridique, de l’autonomie organique et financière.
Le patron de la commune Mukaza déplore que la survie de la commune soit un casse-tête. Toute activité qu’on veut réaliser doit avoir une approbation du Maire de la ville.
« Néanmoins, nous venons de présenter ce 31 août 2020 un Projet Communal de Développement Communautaire (PCDC) au ministère des Finances, du Budget et de la Coopération au Développement Economique », annonce M.Sindayihebura. Selon lui, ce plan est conçu pour être réalisé pendant quatre ans de 2020 à 2024. Les grands projets étant la salubrité et l’assainissement, la construction et la réhabilitation des routes, les projets relatifs à l’électrification de la commune et à l’installation des toilettes publiques sur les grands axes…
« Le budget nécessaire pour mettre en application le PCDC est estimé à 50 milliards 57 millions 400 mille FBu. La commune va débloquer 38, 72 %, les partenaires techniques et financiers 57, 23 %… », fait-il remarquer avant de s’inquiéter de sa faisabilité suite au défaut du budget.
Et d’ajouter : « Nous avons entamé par exemple une campagne de sensibilisation sur l’assainissement et la salubrité. Comme les moyens ne le permettent pas, on se limite à la campagne médiatique. Nous avons même tenté de chercher une voiture insonorisée pour cette sensibilisation, mais en vain », regrette l’administrateur.
Au-delà du PCDC
A part le PCDC, l’administration de la commune Mukaza vient de mettre en place une série de mesures pour le développement de la commune. « Chaque parcelle doit disposer d’une poubelle munie d’un grand couvercle pour collecter les déchets ménagers », explique M.Sindayihebura.
De plus, poursuit-il, les habitants de la commune doivent être sensibilisés sur la construction des toilettes modernes. Une mesure qui concerne également les établissements scolaires, les bars et les restaurants. D’autres mesures prises sont la construction des cuisines dans les parcelles, le curage des caniveaux au quotidien, le pavage des espaces situés entre la parcelle et le caniveau, la signature d’un contrat entre chaque parcelle et les sociétés chargées de collecter les déchets ménagers, relever le niveau de l’éducation, bien aménager les jardins…
La commune Mukaza veut également que les vendeurs ambulants et les garagistes de Buyenzi soient regroupés en coopératives. Cela afin non seulement de travailler dans la légalité, mais aussi de voir comment leur faire bénéficier les 10 millions de FBu que le pays octroie aux associations collinaires. Cela dans l’optique de s’auto-développer. Quant à la sécurité de la commune, chaque parcelle sera sommée d’installer quatre lampadaires sur la clôture pour son éclairage.
M.Sindayihebura indique que la commune va sensibiliser sur l’utilisation des briques cuites dans les constructions et les commerçants à faire assurer leurs marchandises. Dans le but d’empêcher la population de jeter les objets en plastique dans le lac Tanganyika, la commune projette d’installer des barricades au niveau des rivières qui se jettent dans ledit lac…
L’administrateur de la commune Mukaza se demande pourquoi les communes de la mairie sont classées selon les performances. Il espère que la loi communale sera bientôt appliquée même en mairie de Bujumbura ne fût-ce que pour faciliter le bon fonctionnement des communes.
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