A l’issue des élections de 2025, le pays sera administré selon un nouveau découpage administratif. Désormais, le nombre de provinces passe de 18 à 5 alors que les communes ne dépassent pas 42 circonscriptions. Les points de vue divergent sur les retombées positives de cette politique de décentralisation.
La nouvelle loi portant détermination et délimitation des entités administratives fixe le nombre de provinces à 5. Il s’agit de Buhumuza qui regroupe les anciennes provinces de Cankuzo, Ruyigi et Muyinga, de Bujumbura qui regroupe les anciennes provinces de Bujumbura, Bujumbura mairie, Cibitoke et Bubanza, de Burunga qui rassemble les provinces de Makamba, Bururi et Rutana, de Butanyerera qui comprend provinces de Kayanza, Ngozi et Kirundo et de Gitega formée par les anciennes provinces de Gitega, Mwaro, Muramya et Karusi. Le nombre de communes passe de 119 à 42 tandis que le nombre de zones a augmenté passant de 375 à 451. De plus, le nombre de collines et quartiers connaîtra une augmentation, passant de 2 911 à 3 044. Les chefs-lieux des cinq provinces se situent respectivement dans les villes de Cankuzo, Bujumbura, Makamba, Ngozi et Gitega. Avec ce redécoupage, le nombre de sénateurs a chuté drastiquement passant de 39 à 13 sénateurs. Cependant, l’effectif des députés n’a pas été modifié. L’Assemblée nationale compte 122 députés.
Des réformes à faible portée
Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de la lutte contre la corruption et les malversations économiques (OLUCOME) indique que les problèmes de l’administration burundaise ne résident pas dans la réduction des coûts administratifs, mais plutôt dans l’efficacité de l’administration, tant au niveau central qu’au niveau local. « Il est crucial d’organiser des états généraux de l’administration burundaise et de mener une réforme en profondeur de celle-ci », a-t-il suggéré. Selon lui, dans notre pays l’administration souffre de nombreux dysfonctionnements de manière générale et des réformes substantielles sont nécessaires tant au niveau administratif qu’au niveau de l’appareil étatique en entièreté.
M. Rufyiri plaide pour une organisation de l’administration et de l’État inspirée du modèle de l’Office Burundais des Recettes (OBR) actuel, mais avec la participation d’experts indépendants, voire internationaux. « Sans une telle réforme, il sera très difficile pour le pays de progresser avec l’administration telle qu’elle est actuellement organisée» ajoute-t-il.
Redécoupage administratif, une mesure importante
Le nouveau découpage administratif a des avantages comme il peut avoir des inconvénients. Selon Francis Rohero, l’initiateur du mouvement orange au Burundi et candidat indépendant aux présidentielles de 2020, bien que le Burundi soit un petit pays pays, il était nécessaire d’avoir de grands espaces pour la production afin de réduire la lourdeur administrative. « Il est impensable que dans un pays aussi petit que le nôtre, nous ayons autant d’autorités administratives. Si vous souhaitez produire ou entreprendre des activités économiques, vous devez parfois passer par de nombreux responsables qui peuvent, des fois, vous refuser. Réduire le nombre de provinces et de communes est donc une mesure importante pour le Burundi », explique-t-il.
Par contre, Francis Rohero indique que si un pays est vaste sans une bonne collaboration et une administration efficace, des difficultés surgiront toujours. Il donne l’exemple d’une personne vivant à Bukeye : si elle ne trouve pas les services dont elle a besoin dans sa zone, elle sera obligée de se rendre à Gitega pour les obtenir ce qui peut s’avérer donc difficile.
Ainsi, une organisation optimale du découpage exige une efficacité des services administratifs à la base, afin que les citoyens ne soient pas contraints de se déplacer jusqu’au gouverneur. L’avantage d’un tel découpage, affirme-t-il, réside donc dans la possibilité de mieux répartir les tâches et d’améliorer l’efficacité de la production. Toutefois, cela doit s’accompagner de services administratifs de qualité, afin d’éviter que les habitants ne se sentent obligés de quitter leur domicile pour obtenir des services administratifs.
Des retombées économiques, mais…
Sur le plan économique, M. Rohero annonce que la réduction du nombre d’autorités administratives pourrait, en quelque sorte, favoriser la création de richesse car, le fait de devoir rémunérer un grand nombre de gouverneurs et d’administrateurs représentait peut-être une charge importante pour le Burundi. « Réduire ce nombre permettra de limiter les coûts liés à ces fonctions et faciliter les activités économiques. Ce qui pourrait améliorer la situation financière du pays ».
À titre d’exemple, il explique qu’une personne résidant dans la nouvelle province de Butanyerera pourrait traverser la distance allant de Kayanza à Kirundo sans rencontrer autant de fonctionnaires administratifs qui, parfois, freinent son élan ou compliquent ses démarches. Il ajoute que cette simplification permettra également aux acteurs économiques de mieux se concentrer sur leurs activités sans avoir à surmonter des obstacles administratifs excessifs.
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