La production du café est en chute libre. La campagne café 2021-2022 a connu une diminution de la production de plus de 56%. Selon le directeur général de l’Office du Développement du Café (ODECA), cela est dû au relâchement des caféiculteurs. Il évoque cependant les stratégies qui sont mises en place pour renverser la tendance
La campagne café 2021-2022 a connu une production de 6 490,662 tonnes. Pour la campagne café précédente, la quantité globale de café vert produit est de 15 054 tonnes. Une chute de production comparativement à la campagne caféicole de 2018-2019 qui avait enregistré des quantités record dépassant 25 000 tonnes de café vert. Il sied de signaler que sur une prévision de 136 792 tonnes de café cerise, on n’a obtenu que 73 020, 191 tonnes, soit une réalisation de 53,37%.
Le relâchement des caféiculteurs, la cause principale
La faible production de café observée est causée par trois principaux facteurs, explique Emmanuel Niyungeko, le DG de l’ODECA. Le premier facteur est le relâchement des caféiculteurs au profit des cultures vivrières. Ensuite, les générations actuelles ne s’intéressent pas à la culture du café, mais encore la rémunération que procure le café est insuffisante.
Pour ceux qui considèrent la nationalisation du secteur comme motif de cette faible production, le DG s’en lave les mains. « L’Etat s’est réengagé en 2020 alors qu’il y avait des activités en cours. Les résultats qui sont en train d’être enregistrés au niveau de la production sont les résultats des activités d’InterCafé et CENAC-Murima w’Isangi. Les résultats de l’Etat à travers ODECA seront évalués au moins après 5 ans ». Il explique que le travail de l’ODECA est de tout recommencer de l’entretien du sol.
L’ODECA comme modèle pour les caféiculteurs
L’Etat, dans sa politique d’augmentation de la production, a déjà mis en place des blocs industriels propres à lui dans les différentes provinces et l’ODECA a déjà emblavé 96 hectares de plants de caféiers pour augmenter la production et servir de modèle pour les caféiculteurs.
Le café burundais est exporté comme vert. Il est exporté à cet état parce que le café vert est facile à conserver. Il ne se détériore pas facilement, fait savoir M.Niyungeko. Il ajoute que vendre le café sous le label du Burundi est possible, mais que cette possibilité est axée sur l’accès direct au marché. « Nous sommes en train de voir comment l’ODECA peut nouer des partenariats avec les acheteurs potentiels qui pourront venir s’approvisionner directement au Burundi et dans ce cas on saura à qui on a donné notre café ».
Quant au manque d’engrais, les caféiculteurs font face à ce problème comme les autres agriculteurs. Le DG de l’ODECA explique que ce problème émane du contexte mondial d’approvisionnement en engrais. « C’est pourquoi on a conseillé aux caféiculteurs d’avoir du fumier organique tout près de leurs champs. Ainsi les engrais chimiques viendront comme des fertilisants supplémentaires.
Un secteur qui a connu des mutations
Depuis l’introduction du café au Burundi dans les années 1920, le secteur du café a connu beaucoup de mutations. D’abord c’était une filière privée à 100%, ensuite mixte puis nationale vers les années 1980. Après les années 1990 est venue la politique de désengagement de l’Etat pour permettre l’augmentation de la production. L’objectif était de donner la place aux privés pour qu’ils puissent améliorer les différents aspects notamment l’augmentation de la production, des revenus pour les caféiculteurs. Bref la valorisation du secteur. Pendant cette période, il s’est avéré que les résultats escomptés n’ont pas été atteints, indique le DG de l’ODECA. Ils expliquent que les caféiculteurs n’étaient pas rémunérés à juste valeur et que certains d’entre eux commençaient à relâcher cette culture.
Cette abandon a été à l’origine de la chute de la production alors que l’objectif était de l’augmenter. Cette situation a ainsi résonné comme une semaine d’alarme pour l’Etat étant donné que le café était la deuxième source de devises provenant des exportations. Depuis 2018, l’Etat du Burundi a jugé bon de revoir le processus de désengagement du secteur avant de reprendre cette filière avec les différentes résolutions qui pourraient aider au relèvement de cette dernière.
Toutefois, malgré la nationalisation de cette filière, la porte est encore ouverte aux investisseurs privés jouissant des capacités techniques et financières, dit le DG de l’ODECA.
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