Environnement

Parc National de la Rusizi : Les environnementalistes crient au secours de sa biodiversité

Le braconnage, la domestication, la pression démographique, …telles sont les menaces qui pèsent sur la biodiversité du Parc National de la Rusizi. Les environnementalistes prédisent une situation catastrophique et appellent les autorités habilitées à faire respecter la loi en vigueur pour inverser la tendance

Le Parc National de la Rusizi se trouve au nord du lac Tanganyika dans la région naturelle de l’Imbo. Il est plutôt connu pour sa biodiversité. On y trouve surtout des hippopotames qui sont des animaux plus importants dans l’équilibre de l’écosystème aquatique. Ce sont des espèces emblèmiques de la région naturelle de l’Imbo. Le parc regorge pas mal de crocodiles, les espèces d’oiseaux migrateurs, les antilopes des forêts claires et ceux des zones marécageuses, détaille M. Jean Claude Ndayishimiye, représentant légal l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages et leurs Milieux de Vie (APRASAMI). Cet environnementaliste alerte sur la dégradation de l’environnement au niveau du parc. Les animaux qui y vivent sont menacés essentiellement par les activités anthropiques.

M. Jean Claude Ndayishimiye, représentant légal de l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages et leurs Milieux de Vie (APRASAMI) : « Les hippopotames et les crocodiles sont les espèces les plus menacées dans le Parc National de la Rusizi »

L’homme, ennemi numéro 1 de la biodiversité

Pour Ndayishimiye est à l’origine du déséquilibre de l’écosystème dans les aires jadis protégées.  Il explique que suite au galop, les hommes envahissent du jour au jour les écosystèmes des animaux sauvages. La pression démographique sur les ressources naturelles est une réalité. Et Ndayishimiye de poursuivre que l’exiguïté des terres poussent les hommes à s’installer dans la zone tampon espaces ou cultiver mais aussi ou ériger des constructions. Malgré la mise en place des lois, les hommes bravent l’interdiction font sourd d’oreille et installent des cultures dans les aires protégées, dans l’habitat des animaux sauvages ou dans les espaces de pâturages herbages, regrette Ndayishimiye.   

En conséquence si leur habitat est menacé, les animaux le sont aussi. Cela est le cas sur le littoral du lac Tanganyika où sont érigées pas mal de maisons. Il en est de même le long des rives de la Rusizi ou des champs y sont observables. Certains animaux abandonnent massivement leur habitat et vers d’autres milieux. D’autres animaux périssent par braconnage et d’autres encore sont gardés en captivité par des particuliers alors que la loi n’autorise pas une personne tierce la domestication des animaux sauvages, dénonce-t-il.

La biodiversité en voie de disparition

La biodiversité du Parc National de la Rusizi est en voie d’extinction. L’environnementaliste cite quelques de figures des animaux qui n’résistent plus dans le Parc. Ce sont notamment les éléphants, le dernier éléphant a été vu pour la dernière fois à Rukoko en 2002.

Il y avait une colonie de phacochères qui n’existent plus suite au braconnage. Les buffles, les girafes, les panthères de même que les lions ont déjà disparues. Il ne reste que leur histoire et si rien n’est fait les reptiles comme les crocodiles ou les hippopotames pourront disparaître, prévient-il. Les futures générations apprendront qu’il existait des hippopotames et des crocodiles dans le parc comme actuellement on raconte qu’il y avait des fauves dans le temps.

L’errance des hippopotames, un danger public

Le vagabondage des hippopotames inquiète plus d’un. Ces derniers jours, les hippopotames sortent de l’eau du lac et circulent en pleine journée dans les quartiers riverains du lac Tanganyika. L’environnementaliste tente de donner une explication à ce phénomène. Les hippopotames ne cessent pas se multiplier même si leur habitat est menacé. Tout simplement leur espace de pâturage se rétrécit et s’aventurent à la recherche des herbes en peu partout. Leur espace de pâturage est occupé actuellement par des maisons ou des champs.

Le Parc National de la Rusizi est riche en biodiversité. Pourtant certaines espèces comme les lions, les panthères, les girafes ou encore les éléphants n’existent plus.

Ndayishimiye fait savoir que les conséquences de ce déséquilibre écologique ne manquent pas. « Il y a trois semaines, la circulation sur la route Gatumba- Bujumbura a été perturbée par deux hippopotames qui siégeaient dans la chaussée. Si les hippopotames broutent la journée ce n’est pas dans leur habitude mais c’est parce qu’ils n’ont pas été satisfaits la nuit », rappelle-t-il. Les hippopotames s’en prennent aussi à des personnes. On enregistre entre 10 et 20 deces chaque année dus aux hippopotames. Le fait donc de s’attaquer aux personnes ou d’envahir les habitations est en effet une manifestation de mécontentement des animaux vis-à-vis de la vie qu’ils mènent. Les hippopotames sont actuellement menacés par les pièges des braconniers ou des agriculteurs. A titre illustratif, rien qu’en 2014, 30 hippopotames ont péri, déplore-t-il.

Que faire pour redresser la situation ?

Premièrement, il faut respecter la mise en œuvre des lois en vigueur. Le pays dispose d’un cadre légal adéquat mais qui n’est pas malheureusement respecté. La zone tampon doit être scrupuleusement respectée. Il a été démontré le respect de cette zone est efficace pour préserver les aires protégées. A titre illustratif la distance qui va du pont de la Rusizi jusqu’à Kajaga les hippopotames ont un espace de pâturage assez élargi, ils n’envahissent pas les habitations, rassure-t-il.

La population devrait être sensibilisée à protéger les biens communautaires en particulier les animaux. Il est inacceptable qu’un hippopotame d’une durée de vie de 50 ans ou un crocodile pouvant vivre 85 ans soient tués ou gardées en captivité alors qu’ils pourraient aider à accroître les recettes de l’Etat. Il appelle les autorités administratives à mobiliser des moyens pour entretenir les aires protégées sans oublier d’apporter des soins aux animaux en état de santé fragile. Il recommande également des recherches pour gérer la biodiversité par rapport à la disponibilité des aliments. Les ONG locales et internationales doivent conjuguer les efforts pour protéger la biodiversité qui est actuellement menacée.

L’économie du pays en pâtit

L’environnementaliste Ndayishimiye affirme que le pays enregistre d’énormes pertes liées à la dégradation de l’environnement. Les animaux qui peuplent les aires protégées attirent les touristes étrangers. Ces derniers amènent les devises dont le pays a tant besoin. Il compare celui qui participe à la dégradation de l’environnement à celui qui coupe la branche sur laquelle il est assis. Cet environnementaliste craint qu’il n’y aura plus de touristes car ils ne viennent que pour contempler les animaux sauvages. « Les touristes demandent toujours quelles sortes d’animaux vont-ils côtoyer dans le parc. S’ils ne les trouvent pas ils reboursent le chemin », signale-t-il   

Un combat de tout un chacun

Tout le monde devrait s’impliquer pour préserver les ressources naturelles. D’après Ndayishimiye, chacun en ce qui le concerne doit tout faire pour ramener les espèces garder en captivité dans le parc, combattre le braconnage et surtout respecter la zone tampon. En travaillant en synergie, il espère qu’on peut inverser la tendance avant qu’il ne soit pas tard. De cette manière le pays et les citoyens pourront tirer profit de la protection de l’environnement.

A propos de l'auteur

Benjamin Kuriyo.

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