Agroalimentaire

Plus de 1500 tonnes de maïs collectées à Ruyigi

La province de Ruyigi a collecté plus de 1500 tonnes dans la campagne qui a débuté le 12 avril 2021 et qui devrait se clôturer le 12 juillet 2021. Est-ce un atout pour les agri-éleveurs dont le prix d’un kg de maïs a été fixé à 680 FBu ? Les coopératives collinaires peuvent facilement rembourser les 10 millions de FBu de crédit leur accordé une fois que la récolte est vendue ? La collecte du maïs ne se limite pas à la théorique. Elle a par ailleurs contribué à la création d’emplois 

Plus de 1500 tonnes de maïs valent plus d’un milliard de FBu circulant dans toute la province. Si une bonne gestion est faite, un ménage qui a vendu 200 kg de maïs par exemple peut gagner 136 000 FBu. Sans considérer les dépenses engagées lors de labour, le ménage peut s’acheter facilement un porcelet de 30 mille FBu, des habits, des chaussures, la Carte d’Assurance Maladie (CAM), juste des besoins qui ne sont pas de grande taille, mais de première nécessité.

Pour une coopérative collinaire par exemple qui a produit une tonne de maïs, elle peut gagner 680 000 FBu. Il reste à savoir quelle production faut-il afin de produire une quantité pouvant l’aider à rembourser les 10 millions de FBu qui lui ont été octroyés.

Dans le centre de collecte du maïs pour le stock stratégique et de sécurité alimentaire de Muriza, commune Butaganzwa dans la province de Ruyigi, 186 tonnes de maïs y sont stockées dans les conditions exigées. Cela pour que la production ne se détériore pas.

Une quatrième place parmi 18 provinces

La province de Ruyigi occupe la quatrième place dans la collecte de la production du maïs dans tout le pays. Elle vient après la province de Cankuzo qui occupe la 3ème place, puis la province de Gitega qui occupe la 2ème place et enfin la province de Karusi qui prend les devants.

Selon Clément Sibomana, président du conseil d’administration des coopératives collinaires de la province Ruyigi, le gouvernement a mis en place un stock stratégique de sécurité alimentaire. Cela pour pallier aux problèmes liés à la famine, à la pauvreté et pour promouvoir le développement socio-économique du pays.

« C’est dans ce cadre que le maïs a été collecté dans la province de Ruyigi. Cela avec comme quantité plus de 440 tonnes de maïs dans la commune Gisuru, plus de 200 tonnes de maïs dans la commune Kinyinya, plus de 180 tonnes de maïs dans la commune Butaganzwa, environ 160 tonnes de maïs dans la commune Ruyigi, à peu-près 159 tonnes de maïs dans la commune Nyabitsinda, environ 135 tonnes dans la commune Butezi et 80 tonnes de maïs dans la commune Bweru », annonce-t-il.

Pour M. Sibomana, ce stock va stabiliser le Produit Intérieur Brut (PIB) et stabiliser les prix de vente du maïs en faveur des ménages. Cela avec comme objectif de réduire la pauvreté et la famine. « Autrefois, quand il y avait par exemple une famine à Kirundo, la population fuyait vers la Tanzanie », rappelle-t-il avant d’informer que le jour où il peut survenir l’insuffisance alimentaire dans l’une ou l’autre province, on peut se rabattre sur les stocks stratégiques en vendant le maïs à un prix favorable aux consommateurs.

De plus, explique le président du conseil d’administration des coopératives collinaires dans la province Ruyigi, le stock stratégique contribuera à valoriser la production en la transformant sur place. Et de renchérir : « Dans la province de Ruyigi, nous sommes prêts à transformer le maïs et le manioc en farine, à décortiquer le riz… ».

Le stock stratégique sera également un atout pour rentrer les devises dans le pays. Les ONGs en besoin de produits locaux s’approvisionneront dans les stocks stratégiques. Ce qui n’empêche pas également qu’on peut exporter.

Le stock stratégique a permis la création d’emplois. Sur chaque hangar, au moins 20 jeunes y ont trouvé de l’emploi, soit  2 jeunes pour faciliter l’acheminement des ventes vers le hangar,  15 jeunes pour assurer le séchage, le chargement et le déchargement…

La province de Ruyigi occupe la quatrième place dans la collecte de la production du maïs dans tout le pays. Elle vient après la province de Cankuzo qui occupe la 3ème place, puis la province de Gitega qui occupe la 2ème place et enfin la province de Karusi qui prend les devants.

Un nouveau programme émaillé de quelques défis

La mise en place des stocks stratégiques est un nouveau programme comme le rappelle M.Sibomana. Ce qui fait qu’on s’est heurté à des défis en rapport par exemple avec le conditionnement.

« Les sacs pics et les humidimètres proviennent de l’étranger. Les commandes qu’on fait exigent des procédures. Ce qui prend pas mal de temps pour les avoir », informe-t-il.

A Ruyigi, indique le président du conseil d’administration des coopératives collinaires, il y a une bonne production. Mais les hangars sont insuffisants.

Il déplore par ailleurs que pendant les premiers jours on devait sécher de nouveau les grains de maïs. Et de tranquilliser : « Pour que les grains de maïs ne se détériorent pas, à part que nous les conservons dans les sacs pics, nous avons ajouté des produits phytosanitaires non nuisibles à la santé humaine. Ces sacs sont placés sur des palettes et rangés d’une façon aérée. Ce qui favorise la protection de la production contre l’humidité et les insectes ».

L’industrie, une réponse à la valorisation de la production

Pour que la production puisse être conservée sur une longue période, la transformation s’avère une étape importante. Ce qui facilitera sa conservation et son écoulement.

A Ruyigi, annonce M.Sibomana, les coopératives collinaires sont en train de mettre en place une industrie de transformation de la production.

« Nous avons déjà défini les actions d’une valeur estimée à 1million de FBu pour chaque coopérative. Les actions sont payables par tranche», signale-t-il avant de dire que la province Ruyigi compte 557 coopératives collinaires avec une moyenne de 50 membres chacune.

Et de rassurer : « Lorsque nous avons élaboré les Plans Communaux de Développement Communautaire (PCDC), nous avons planifié de créer une usine de transformation agro-alimentaire. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a promis de nous appuyer en mettant à notre disposition des machines et un transformateur du courant électrique. De notre côté, nous en arrivons à la phase de construction des bâtiments. Des actions sont déjà collectées ».

Des emplois créés

Albéric Ntukiminwe est le gestionnaire-adjoint du centre de collecte de maïs pour stock stratégique et de sécurité alimentaire de Muriza dans la commune Butaganzwa, province Ruyigi.

Pour maximiser les chances d’avoir de l’emploi, après la fin des humanités générales dans la section lettres modernes, il a dû fréquenter l’école normale. Ce qui ne l’a pas empêché de ne pas être engagé pendant 7 ans.

Père d’un enfant et âgé de 29 ans, il témoigne qu’avec la collecte du maïs, il est au moins rémunéré. Cela dure une période d’environ 4 mois.

« Pour le moment, je me rends au travail comme les autres fonctionnaires de l’Etat. La vie a même changé dans mon ménage car, à la fin du mois, je touche un salaire », témoigne-t-il.

La mise en place des stocks stratégiques est un programme du gouvernement à travers l’Agence Nationale de Gestion du Stock de Sécurité Alimentaire (ANAGESSA). Cette agence collabore avec la Coopérative d’Investissement Agropastoral (CIAP) dans l’exécution du programme. La CIAP s’occupe pour le moment de la collecte et de l’achat du maïs. ANAGESSA est chargée de superviser la collecte. Elle disponibilise le budget, vérifie la disponibilité des stocks, protège les stocks…

Bientôt, la CIAP va collecter et acheter le riz et le haricot.

Genèse de la production

Il y a une politique du gouvernement qui montre que la population doit produire à travers les coopératives. La Coopérative d’Investissement Agropastoral (CIAP) a fait recours à l’administration et a mis en place les faitières (union des coopératives « Sangwe » au niveau communal et fédération des coopératives « Sangwe » au niveau provincial »). Il existe d’autres coopératives individuelles. En tout, 557 coopératives sont encadrées dans la province de Ruyigi.

A travers les directives de la CIAP, la fédération des coopératives dans la province de Ruyigi a encadré ces coopératives même dans la gestion des crédits collinaires. Ce qui a boosté la production du maïs.

Les coopératives ont priorisé la culture du maïs et l’élevage des porcs et des chèvres. Toutefois, elles cultivent aussi le riz et le haricot.

Quant au crédit solidaire, il cadre bien avec la priorité du gouvernement d’appuyer les coopératives pour augmenter la production. Les membres de la CIAP, ceux de la fédération des coopératives et les responsables des unions des coopératives « Sangwe » ont facilité la conception des projets pour que les 10 millions de FBu soient bien gérés ? Ils ont commencé à montrer l’importance de la création d’un compte d’exploitation prévisionnel.

Gérer une multitude de membres d’une coopérative n’est pas facile. Au niveau de la province de Ruyigi, on travaille en synergie (administration, fédération, politicien…) pour que les 10 millions de FBu soient bien gérés. Cela bien que tout ne soit pas rose.

A propos de l'auteur

Mélance Maniragaba.

Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.



éditorial

Les ménages en mode inflation

Les ménages en mode inflation

L’inflation rythme le vécu quotidien des ménages. En cette période de soudure, les prix des denrées alimentaires repartent à la hausse. Les céréales, les légumes et les produits carnés sont hors prix. Le prix d’un kilo de viande frôle les 30 000 FBu sur les marchés de la capitale économique. La crise des hydrocarbures induite par la pénurie criante des devises perturbe les chaines d’approvisionnement. Ainsi, par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste.

    Abonnez-vous à notre bulletin

    Journal n° 636

    Dossiers Pédagogiques

    Facebook

  • éditorial

    Les ménages en mode inflation

    Les ménages en mode inflation

    L’inflation rythme le vécu quotidien des ménages. En cette période de soudure, les prix des denrées alimentaires repartent à la hausse. Les céréales, les légumes et les produits carnés sont hors prix. Le prix d’un kilo de viande frôle les 30 000 FBu sur les marchés de la capitale économique. La crise des hydrocarbures induite par la pénurie criante des devises perturbe les chaines d’approvisionnement. Ainsi, par effet de contagion, les produits importés plongent le pays dans une spirale inflationniste.
  • Journal n° 636

  • Dossiers Pédagogiques