Une délégation de l’Union Européenne (UE) au Burundi composée de l’Ambassadeur de l’UE au Burundi et des ambassadeurs d’Allemagne, de Belgique, de France et des Pays-Bas, a effectué une visite, du 19 au 20 novembre 2020 dans les provinces de Kayanza, Ngozi et Kirundo afin de s’enquérir de l’état des lieux de 7 grands projets financés par l’UE et les Etats membres dans le nord du pays

Claude Boshu, chef de la délégation de l’UE en visite au CDS KABUYE dans le district sanitaire de Kayanza.
Comme l’a fait savoir Claude Bochu, Ambassadeur de l’UE et chef de la délégation, les projets financés par l’UE interviennent dans des secteurs clés comme l’alimentation, le développement rural, la gouvernance locale et la santé. Ils touchent toutes les couches sociales de la population
Selon les témoignages des bénéficiaires directs de ces projets, l’impact est très considérable. « Ils ont touché des secteurs qui nous tiennent à cœur, nous qui vivons principalement du travail des mains. Ces domaines font notre quotidien, et nous étions en mauvaise posture avant l’avènement de ces projets ».
De l’agriculture moderne par la digitalisation grâce à Auxfin Burundi
Sur la colline Nyabihanga en province Kayanza, la délégation des ambassadeurs a rencontré des groupes d’agriculteurs qui utilisent des outils digitaux. Grâce à Auxfin Burundi soutenue par les Pays-Bas, ces groupes contribuent à la vulgarisation des bonnes pratiques agricoles via l’outil Agricoach par la plateforme Seedonline. Agricoach fournit à l’agriculteur les dernières informations de vulgarisation, météorologiques et probabilités de précipitations, les perspectives saisonnières à long terme et indique le début de la saison par rapport aux prévisions de pluie. Quant à l’application Seedonline, elle permet aux agriculteurs d’avoir des informations sur la disponibilité des semences améliorées et de commander ces semences directement sur la plateforme.
Pour Sylvestre Kamwenubusa, agri-éleveur de Nyabihanga, les résultats ont été meilleurs suite à l’accès facile aux semences qui a augmenté la production agricole. “Avant, on avait le problème de trouver des semences car, soit elles étaient trop chères, ou on ne savait pas où les trouver. Avec les tablettes octroyées par Auxfin Burundi, nous avons accès à tout ce qui est en rapport avec les produits agricoles et on trouve facilement le marché d’écoulement”, fait-il savoir.
Selon Yannick Chokola, représentant d’Auxfin Burundi, plus de 20.000 petits exploitants ont accès à Agricoach pour la saison culturale A, plus de 2.000 petits exploitants ont acheté les semences de maïs via la plateforme Seedonline tout comme plus de 100.000 exploitants ont pu acheter les engrais via la plateforme PNSEB (une plateforme qui permet aux agriculteurs de commander les engrais en ligne grâce aux tablettes offertes par Auxfin Burundi).
Dans ses perspectives, ajoute-t-il, Auxfin Burundi veut continuer à étendre des G50 dans les autres provinces du pays pour permettre à toute la population rurale de bénéficier de ces services et de canaliser d’autres services via ce réseau au profit de la population rurale.
La santé reproductive et les qualités des soins ont été améliorées d’une façon significative
“Twiteho Amagara” est le programme de la mesure “Appui à la résilience des populations du Burundi” consacré à la santé. Financé par l’Union Européenne à hauteur de 45 millions d’euros pour une période de trois ans (2019-2021), le projet a permis d’accroître l’accessibilité et la qualité des services de santé, notamment la santé sexuelle et reproductive et de répondre aux besoins spécifiques des populations en situation d’urgence de santé publique.

La délégation de l’UE et les ambassadeurs ont visité un agrieleveur et multiplicateur de semences àSigi en commune Gashikanwa de la province Ngozi.
Le projet Twiteho Amagara, qui est implanté dans les provinces Kayanza et Ngozi et Cibitoke a contribué à accroître l’accessibilité universelle aux services de santé de qualité au centre de santé (CDS) de Kayanza, y compris la santé sexuelle et reproductive, comme l’indique le Dr Célestin Congera, chef de district sanitaire de Kayanza. “Le projet a commencé au mois de juin 2019 avec HealthNet TPO, Pathfinder International, GVC et les autres ONGs partenaires. Avec ce projet, il y a eu renforcement du système de santé, car nous avons pu bénéficier trois ambulances. Avec la santé maternelle, le projet nous a octroyé des équipements médicaux, un appui aux réunions pour le bureau provincial de la santé, mais aussi les différents appuis aux comités provinciaux de vérification de la santé”, a-t-il indiqué.
Du coté des bénéficiaires, Martine Nzinahora a affirmé que c’est grâce au projet Twiteho Amagara qu’elle a appris le planning familial. “Comme les autres femmes de la localité, je ne savais pas comment réguler les naissances et assurer le bien-être familial. Avec Twiteho Amagara, nous avons acquis des connaissances qui nous ont permis de changer de mentalités dans nos ménages, surtout en rapport avec la reproduction et la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles”, a-t-elle souligné.
Les multiplicateurs des semences se réjouissent du projet de promotion de la sécurité alimentaire
Dans les communes Gashikanwa et Ruhororo de la province Ngozi, la délégation de l’UE a visité le centre semencier de Sigi où la promotion du développement rural passe par la multiplication des semences. Ce projet financé à hauteur de plus de 2,5 millions d’euros par BMZ (Allemagne) et mis en œuvre par Welthungerhilfe avec la fondation Stamm, est, comme l’indique Dieter Reinl, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire d’Allemagne au Burundi, un projet pluriannuel pour augmenter la sécurité alimentaire. “Dans tous les projets visités, c’est l’être humain qui est au cœur de toute action, de toutes nos interventions. C’est aussi contribuer à un avenir propice du peuple Burundais”, a-t-il affirmé.
Le projet est, pour Claude Bizimana, un semencier à ce centre, bénéfique du fait qu’avant il pratiquait l’agriculture de façon rudimentaire mais, avec le projet, il la pratique de façon moderne. “Le projet nous a d’abord formé sur les bonnes pratiques agricoles et pastorales. Avec les connaissances acquises, j’ai pu augmenter ma production jusqu’à acheter trois vaches. Maintenant, vu l’état de mes champs, je vois que j’aurai besoin d’étendre les hangars pour la conservation des récoltes”, se réjouit-il avant d’ajouter qu’il a déjà créé six emplois permanents pour l’élevage et une cinquantaine d’emplois temporaires dans les champs.

A Vumbi en province Kirundo, la délégation de l’UE a rencontré les bénéficiaires du projet « Every Voice Counts » de Care Burundi.
Plus au nord encore, sur la colline Rusubije de la commune Ntega en province de Kirundo, la délégation a visité les hangars d’un producteur semencier pour l’usage de la communauté dans le cadre du projet “Tubeho Neza” soutenu par l’Union Européenne. Toujours dans le cadre de ce projet, les ambassadeurs ont ensuite rencontré un groupe de femmes « Mamans Muco » (Mamans Lumières) à Nyakibingo qui font la sensibilisation auprès des autres femmes pour nourrir leurs enfants de façon équilibrée. Spéciose Nemeyimana, une bénéficiaire, fait savoir que, grâce à l’accomplissement des conseils et enseignements tirés de ce projet, ses enfants qui souffraient de malnutrition ont repris du poids et se portent bien.
Les droits des femmes et la gouvernance inclusive renforcés
Au niveau de la bonne gouvernance, le respect des droits de la personne humaine, spécifiquement ceux des femmes, de leur statut social et culturel est réel grâce aux réalisations du projet Mukenyezi Urashoboye (Femme tu es capable) appuyé par l’ambassade de France au Burundi et mis en œuvre au chef-lieu de la commune Gashikanwa à Ngozi. Selon Lydia Mizero, représentante d’Action Santé pour Tous (AST), le projet a permis de contribuer à l’amélioration du respect et de la protection des droits des femmes et améliorer le niveau de représentation de la femme burundaise dans les instances de prise de décision. “ Avec les résultats enregistrés, nous constatons qu’il y a une nette amélioration du taux de participation de la femme dans les instances de prise de décision qui est passé de 17,47 % en 2015 à 20 % en 2020. “Les femmes touchées par le projet se sont faites élire à un bon nombre dans les communes où nous avons travaillé”, a précisé Mme Mizero.
Même constat en commune Vumbi de la province Kirundo où opère le projet “Every Voice Counts de CARE Burundi, financé par les Pays Bas qui vise l’autonomisation des femmes et des filles les plus marginalisées afin de participer de façon effective dans le processus de prise de décision dans leur communauté et dans la gouvernance. Les bénéficiaires saluent les initiatives des donateurs et promettent qu’ils vont assurer la continuité de ces projets vu qu’ils tendent vers la fin.
Pour Claude Bochu, chef de la délégation de l’UE au Burundi, une des caractéristiques des projets de l’UE est la diversité des domaines d’intervention. Ces projets se réalisent en bonne entente avec les autorités. “Après le contact avec les bénéficiaires, on souhaiterait que certains de ces projets-là couvrent davantage de collines, de communes et de provinces. On insiste souvent sur le fait que les autorités locales devraient faciliter les interventions des ONGs locales ou internationales qui, par leur compétence et leur enracinement, sont irremplaçables dans la mise en œuvre de ces projets au bénéfice des populations”, a-t-il conclu.
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