TIC

Pourquoi le coût de l’internet flambe ?

Au moment où les utilisateurs de l’internet s’inquiètent du fait que le coût des mégas augmentent sensiblement, l’ARCT fait remarquer que le coût de l’internet au Burundi  n’est pas élevé par rapport à celui de ce dernier dans les autres pays. Seulement, ils  agissent ainsi, car leur pouvoir d’achat est faible. Cependant, l’Ong «Internet sans frontières» affirme que le coût de l’internet en Afrique en général et au Burundi en particulier est cher    

Ces derniers jours, les sociétés de téléphonie mobile ont revu à la hausse le coût des mégas  destinés à la connexion à l’internet.  A titre illustratif, les mégas  d’un bouquet illimité de 7 jours qui s’achetaient à 1199 FBu s’achètent actuellement à 1999 FBu, soit une augmentation de 800 FBu. Et certains utilisateurs de l’internet qui se sont entretenus avec Burundi Eco  s’inquiètent de cette situation.  Ils indiquent que cela  constitue un handicap majeur pour les utilisateurs de l’internet. Le coût  de la connexion à l’internet est élevé. Ce qui fragilise davantage le pouvoir d’achat de la population.  Depuis qu’on a introduit la fibre optique, ils pensaient que l’accès à l’internet serait facile et moins cher.  Au début, on a même promis l’accès gratuit à l’internet dans les places publiques. Toutefois, cela n’a pas été le cas. Sa valeur ajoutée n’est pas réellement visible, car il s’observe encore des coupures  et une faible connexion à l’internet.

Les taxes, les coûts d’investissement, de maintenance et de licence contribuent à la cherté de l’internet au Burundi.

Les raisons de la cherté de l’internet

Dr Samuel Muhizi, Directeur général de l’ARCT fait savoir que les taxes, les coûts d’investissement, de maintenance et de licence contribuent à la cherté de l’internet au Burundi.  A titre illustratif, il y a des taxes annuelles de 2% appliquées sur le chiffre d’affaire des sociétés de téléphonie mobile qui entrent dans le trésor public. Il y a aussi des taxes de 1% appliquées sur le chiffre d’affaire de ces sociétés qui sont versées dans le fonds  du service universel. Et d’ajouter les taxes  mensuelles de 18% appliquées sur l’internet et celles appliquées sur les fréquences ou les codes que les sociétés de téléphonie mobile utilisent. Un autre facteur qui contribue à la cherté de l’internet est l’inaccessibilité de notre pays à la mer.  Les câbles sous marins de la fibre optique arrivent au Burundi après avoir passé par les autres pays comme la Tanzanie ou le Rwanda.  Dans ce cas, le coût d’investissement devient élevé.  Ce qui influe sur la cherté de l’internet. De surcroît, le taux de pénétration  de l’internet est très bas, car seulement 11% de la population utilise l’internet. Et plus on a moins d’abonnés qui exploitent l’internet, plus le coût flambe. «Nous avons la fibre optique dans toutes les provinces et dans certaines universités et institutions de l’Etat. Néanmoins, elle n’est pas exploitée, car on n’achète pas des mégabits pour se connecter. Ce sont des installations qui sont là comme des statues», s’inquiète- t- il.

Sinon, depuis que la fibre optique a été introduite au Burundi, Muhizi  indique que le coût du mégabit a été revu à la baisse par rapport à celui  pratiqué auparavant. Et, selon lui, le coût de l’internet n’est pas élevé par rapport à celui de ce dernier dans les autres pays. Seulement, selon Muhizi,  les consommateurs de l’internet au Burundi le disent ainsi, car leur pouvoir d’achat est faible. Pour la plupart d’entre eux, acheter des mégas de 1000 FBu n’est pas chose facile compte tenue de leurs sources de revenus.                 

Que dit «Internet sans frontières» sur la cherté de l’internet ?

Qemal Affagan, responsable Afrique de l’Ouest de l’Ong «Internet sans frontières» affirme que sur le continent noir, il se pose une question cruciale pour bon nombre d’Africains. C’est la question liée au prix prohibitif des connexions. Il cite des pays comme la RDC, le Togo, la République centrafricaine, le Burundi, le Bénin, le Mali, le Niger etc où les prix sont encore très élevés. Ce sont des pays où la politique de concurrence n’est pas un fait réel. Quand vous avez des opérateurs par exemple qui ont le quasi-monopole sur les marchés, Qemel Affagan fait remarquer que c’est le consommateur qui paie un lourd tribut. Selon toujours lui, les contrats sont mal négociés dans ces pays. Il y a aussi l’impact démocratique. Souvent, ce sont des pays où la démocratie est défaillante. Pour cela, on a tendance à ne pas opter pour des politiques tarifaires favorables parce que l’internet reste l’un des cas ultimes auxquels les populations recourent pour manifester leur mécontentement par exemple. Et d’ajouter les taxes parce que les gouvernants cherchent maintenant à utiliser Internet pour partir à la quête de cash-flow. Et par conséquent, Affagan précise que ces taxes viennent pénaliser et faire chuter fortement l’effectif des internautes dans le pays.

Quand on compare les utilisateurs d’internet  de ces pays avec un internaute européen ou américain, Affagan dit que les Africains paient beaucoup plus cher encore. En moyenne, c’est autour de deux à trois fois plus cher. Et quand on compare les revenus moyens des pays africains avec ceux des pays  européens ou américains, Affagan  déplore que la situation soit catastrophique. C’est encore un fardeau qui est beaucoup plus lourd à porter pour les internautes africains. Pour cela,  il indique que des efforts pour inverser la tendance sont une nécessité.

Malgré cette situation, Affagan indique que certains pays  sont en train de fournir des efforts pour développer la communication. Les internautes africains se connectent via le téléphone mobile. Dans certains Etats, il y a une forte concurrence qui est en train de s’installer avec aussi les connections satellitaires qui s’établissent, les câbles sous-marins qui, aujourd’hui, connectent un peu l’Afrique de tous les côtés. Donc Affagan affirme qu’on peut espérer que cette tendance s’améliore sur le continent africain.

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A propos de l'auteur

Jean Marie Vianney Niyongabo.

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