Le projet d’appui aux fondations de l’économie numérique au Burundi présenté au conseil des ministres du mardi 22 mars 2022 par la ministre de la Communication, des Technologies de l’Information et des Médias, Léocadie Ndacayisaba, n’a pas été adopté pour diverses raisons. Mais il pourrait l’être dans un proche avenir moyennant certaines modifications
La source de financement du projet d’appui aux fondations de l’économie numérique est un don de la Banque Mondiale d’un montant de 80 millions USD. Cela a été révélé par le secrétaire général et porte-parole de l’Etat Prosper Ntahorwamiye, à travers un communiqué rendu public à l’issu du conseil des ministres du mardi 22 mars 2022. Et cette banque a la possibilité de mobiliser des capitaux privés à hauteur de 11 millions USD destinés à la subvention du secteur privé opérant dans le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC).
Pour assurer la mise en œuvre effective du projet, il y a des conditions préalables qui devront être remplies, notamment la mise en place du cadre légal sur la protection des données. En outre, lors de la mise en œuvre du projet, la compagnie Burundi Backbone System (BBS) sera restructurée vers le modèle Partenariat Public-Privé afin que les secteurs public et privé puissent s’y retrouver.

Bien que le Burundi soit couvert de la fibre optique, la connexion internet est toujours faible.
Le projet n’a pas été adopté
Après avoir longtemps échangé là-dessus, pas mal d’observations et recommandations ont été formulées. Au départ, il y avait un projet d’informatisation de l’administration publique appelé « Burundi Numérique ». Cette appellation a été modifiée sans concertation avec le gouvernement pour devenir « Projet d’appui aux fondations de l’économie numérique au Burundi ». En plus de cela, certaines composantes du projet ne sont pas alignées au Plan National de Développement (PND) et aux priorités du ministère sectoriel. Pour y remédier, il faut les aligner sur les programmes et priorités du gouvernement. Par ailleurs, le Burundi dispose déjà des fondations de l’économie numérique, notamment la fibre optique sur tout le territoire national et d’autres outils.
Selon M. Ntahorwamiye, la lecture du document de ce projet montre qu’il a été rédigé ou influencé par des gens qui y ont des intérêts. Pour ce faire, il faut expurger du document tous les termes jugés « péjoratifs » qui peuvent ternir l’image du pays et d’autres fausses données qui y figurent. Il faut également enlever du texte toutes les conditionnalités posées au gouvernement.
Le conseil des ministres a demandé au ministre en charge des TIC d’adresser une demande d’explication aux cadres qui ont participé à l’élaboration de ce document et qui ont laissé passer des termes dénigrant le pays. Enfin, une commission composée par des techniciens de la Présidence, de la Primature et des ministères ayant les TIC, les finances, l’éducation et la fonction publique dans leurs attributions sera mise en place pour retravailler le document qui sera ramené en conseil des ministres pour être réanalysé. C’est ce document retravaillé qui fera objet d’échange avec la Banque Mondiale. Le conseil des ministres a rappelé également aux ministères d’avoir toujours des projets en attente d’être financés et de ne pas attendre leur préparation lorsque les financements s’annoncent.
Malgré tout, ce projet est d’une importance capitale
Selon toujours M. Ntahorwamiye, l’importance des TIC est aujourd’hui indéniable dans tous les secteurs de la vie du pays. Actuellement, l’objectif fixé par le gouvernement consiste à permettre au Burundi de bénéficier d’un véritable saut technologique susceptible d’améliorer sa croissance économique, en permettant le développement des activités dans un cadre juridique sécurisé, utilisant les technologies de l’information et de la communication.
C’est dans ce cadre que la Banque Mondiale a initié un projet dont le but est d’asseoir les bases de l’économie numérique au Burundi. Ce projet permettra d’augmenter l’accès à l’internet à haut débit, en particulier pour les populations rurales non connectées et le secteur de l’enseignement supérieur et d’améliorer la capacité du gouvernement à fournir des services publics par l’usage du numérique.
Le Burundi a toujours besoin d’être appuyé en matière des TIC
Lors de la première édition du forum national sur le développement du Burundi qui a eu lieu en dates du 18 et 19 novembre 2021 à Bujumbura, les questions relatives aux TIC et à la digitalisation figuraient parmi les thèmes qui ont été développés. Les intervenants qui ont mené des études là-dessus n’y sont pas allés par quatre chemins. Ils ont mis en exergue pas mal d’opportunités qu’offrent les TIC dont l’essor du secteur privé, la contribution à la croissance économique, le partage des informations, l’amélioration des services publics, etc. En vue d’améliorer ce secteur, ils n’ont pas oublié de formuler des recommandations centrées sur le déploiement de l’internet à haut débit.
Certes, depuis 2013, le territoire burundais est couvert par une fibre optique d’une capacité de 800 Mbps. Ladite fibre optique présente plusieurs avantages dont le débit élevé d’internet. Mais une connexion internet digne de son nom laisse à désirer à Bujumbura comme à l’intérieur du pays. Il y a une faible connectivité d’internet dans certains ménages et dans les institutions tant publiques que privées. A ne pas oublier également un manque criant d’outils informatiques dans les services publics, par exemple dans les écoles.
Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur.
La rédaction se réserve le droit de ne pas publier les commentaires enfreignant ces règles et les règles de bonne conduite.