Gouvernance

Projets des formations politiques : rien que des déclarations abstraites

Lors des campagnes électorales, les formations politiques exhibent leurs projets de société, généralement de manière orale, sans documentation écrite. Nombre d’observateurs estiment que cette situation peut conduire à un manque de concrétisation des promesses faites lors des campagnes électorales. La société civile souligne qu’il est impératif que les partis politiques élaborent des projets bien planifiés et rédigés afin d’assurer leur clarté et leur faisabilité.

 Gabriel Rufyiri :« Il est impératif que les partis politiques planifient des projets écrits, raisonnables et en phase avec les préoccupations citoyennes, accompagnés d’indicateurs de résultats clairs ».

« Certains partis politiques ont des projets de société dans leurs dossiers qui devraient normalement orienter leurs programmes lors des campagnes électorales. Malheureusement, rares sont ceux qui intègrent réellement ces projets dans leurs slogans et discours », souligne Hamza Venant Burikukiye, représentant légal de l’Association CAPES+. Selon lui, certains partis semblent opportunistes en se limitant à des slogans ou à des mots tirés de divers contextes, sans véritable substance ni fondement.

M. Burikukiye affirme que l’absence d’écrits clairs et structurés de la part de certains partis est révélatrice d’un manque de maturité de la part de leurs dirigeants. « Ils semblent davantage préoccupés par l’accès aux postes et l’enrichissement personnel que de servir le peuple et le pays. »

Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, abonde dans le même sens.  « Les partis politiques ont tendance à privilégier des slogans percutants visant à toucher les émotions des électeurs. » Pour lui, il faut privilégier des projets écrits, raisonnables et en phase avec les préoccupations citoyennes et accompagnés d’indicateurs de résultats clairs. De son côté, Hamza Venant Burikukiye souligne l’importance pour les partis politiques de présenter des programmes réalistes, loin des idéaux fantasques, tout en mettant en avant une réelle valeur ajoutée par rapport aux initiatives existantes.

Des projets réellement destinés à développer le pays

« De nombreux partis politiques émergents cherchent avant tout à se forger une place sur l’échiquier politique, sans s’attacher à transformer véritablement les choses pour favoriser le développement », fait savoir Faustin Ndikumana, directeur national de Parcem. D’après lui, cette situation entraîne une stagnation presque omniprésente au sein de ces formations politiques.

Il souligne qu’un parti qui se soucie beaucoup plus de son positionnement ne prend jamais le temps de planifier ses projets de société, alors que l’article 29 de la loi du 10 septembre 2011, qui réglemente les partis politiques stipule que ces derniers doivent présenter un projet de société cohérent comportant des objectifs précis dans les domaines politique, économique, social et culturel.

Actuellement, le président de la République évoque la vision 2040-2060 comme étant un projet de société, indique Faustin Ndikumana. « Il ne s’agit pas d’un véritable projet de société, mais plutôt d’une orientation. Un projet de société vise la transformation de la vie des citoyens ainsi qu’à refléter la philosophie et l’identité du parti. »

Il souligne l’urgence d’opérer des changements dans des domaines cruciaux tels que la justice et la gestion économique et que ces évolutions doivent être clairement communiquées aux citoyens. « Malheureusement, cela reste souvent négligé, laissant un vide dans les projets proposés par les partis politiques. »

Une éducation électorale indispensable avant les élections

Pour sensibiliser les citoyens et les inciter à s’engager dans le processus politique, qu’ils soient des fervents militants ou opposants au pouvoir en place, Denis Banshimiyubusa, politologue et professeur d’universités souligne que les partis politiques doivent se mobiliser sur le terrain pour éduquer les électeurs, un processus qu’il appelle « socialisation politique ».

Cependant, le politologue précise qu’il ne suffit pas pour un parti de se concentrer uniquement sur sa propre promotion lors des rencontres avec les électeurs-les meetings. « Il est essentiel qu’il aborde également les enjeux nationaux et explique les lois en vigueur dans le pays ainsi que la constitution, la loi électorale et celle régissant les partis politiques. »

Gabriel Rufyiri trouve qu’il est crucial que les représentants des partis enseignent à leurs membres comment vivre en paix et en harmonie avec ceux qui ne partagent pas les mêmes convictions politiques. « Une éducation électorale est nécessaire pour permettre à chaque citoyen de comprendre son rôle. En parallèle, il revient également à la société civile de former les citoyens sur les comportements appropriés à adopter durant la période électorale. »

Les préoccupations des citoyens avant tout

Dans de nombreux cas, poursuit le président de l’Olucome, les considérations mises en avant par les partis politiques ne reflètent pas les véritables préoccupations des citoyens, qu’elles soient économiques, politiques ou sociales. « Les partis politiques n’abordent jamais les projets de société qui répondent réellement aux besoins des citoyens. »  Gabriel Rufyiri exhorte les responsables des partis à respecter strictement la Constitution ainsi que les principes démocratiques. « Ils doivent mettre en lumière les préoccupations des citoyens et les articuler autour d’indicateurs objectivement vérifiables. Il est également important que les programmes des partis soient clairement rédigés et présentés aux citoyens. »

D’après le président de l’Olucome, le ministère de l’Intérieur, par le biais de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) devrait s’assurer que les programmes des partis politiques soient soigneusement examinés et qu’ils ne se limitent pas à de simples slogans. M. Rufyiri suggère également que ces programmes devraient être évalués avant le début de chaque nouveau mandat pour garantir leur pertinence et leur faisabilité.

A propos de l'auteur

Jonathan Nzoyibonera.

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