La communauté Batwa de la commune et province de Bururi s’est forgé des projets de développement. Après avoir acheté de leurs propres fonds un terrain de 3 hectares, ils y ont construit des maisons en dur. Malgré ces avancées, il y a un long chemin à faire pour assurer la pérennisation de ces projets
Plus de 30 familles de Batwa habitent dans un village situé près de la réserve naturelle forestière de Bururi. Ce village est construit sur un terrain de plus de 3 hectares acheté par ces Batwa de leurs propres fonds. Avant 2017, ce terrain était occupé par des huttes et une population vivant dans une extrême pauvreté. 4 ans après, le mode de vie de cette communauté a changé. Aujourd’hui, ce village est doté de maisons en dur avec des toitures en tôles ondulées. Des portes et des fenêtres de couleur bleue embellissent ces maisons de trois chambres et salon chacune. Les bananeraies, les cannes à sucre et les arbres fruitiers plantés autour de ces maisons témoignent la stabilité de cette population qui était jadis considérée comme une population nomade.
Lorsque nous y sommes arrivés, presque toutes les maisons étaient fermées. Seuls les enfants jouaient dans la cour. Les adultes étaient allés toucher leur salaire mensuel découlant des travaux d’entretien de la réserve naturelle forestière de Bururi.

Joselyne Nsabimana, membre de la communauté Batwa de Bururi : «Aujourd’hui je peux me maquiller. Je porte des habits propres, je n’ai rien de Mutwa. Ce projet a complètement changé ma vie».
Une fierté pour cette communauté
Devant le bureau de Jérôme Nishishikare, conservateur responsable de la réserve forestière de Bururi, ces tâcherons attendaient leur salaire mensuel. Les uns se lamentaient. On leur aurait collé des absences à tort. Les autres attendaient leurs dus tranquillement. Ils nous ont fait part de leur gratitude et de la manière dont ces projets de développement ont changé leurs vies. « Ne dites plus que je fais partie de la communauté Batwa. J’en faisais partie avant. Regarde-moi, aujourd’hui je peux me maquiller. Je porte des habits propres, je n’ai rien de Mutwa. Ce projet a complètement changé ma vie », témoigne Joselyne Nsabimana, avec une fierté qui se lit sur le visage. Avant, cette femme âgée de 28 ans vivait de l’extraction du sable et de la collecte du bois de chauffage dans la réserve naturelle forestière de Bururi. A part que ces travaux n’étaient pas très rémunérateurs, elle devrait chaque fois se cacher pour ne pas se faire attraper par un garde forestier. Sa plus grande fierté est qu’elle a aujourd’hui une propriété foncière propre à elle.
Un projet qui tend vers la faillite
Tout ce développement est le fruit de l’appui du Projet d’Aménagement Durable des Zones Caféicoles (PADZOC) à cette communauté depuis le mois de mars 2016 jusqu’en octobre 2018. Depuis la clôture du PADZOC, le Projet de Restauration et de Résilience des Paysages du Burundi (PRRPB) a assuré la relève. Il a utilisé la même approche que le PADZOC, celle d’impliquer cette population dans son développement. Un seul point qui n’a pas été pris en considération risque de gâcher cette harmonie entre la réserve forestière de Bururi et ses voisins les plus proches qui sont ces Batwa. A l’ère du PADZOC. Après la tâche convenue, chaque personne avait droit à 4000 FBu. De cette somme, 2500 FBu leur était distribué quotidiennement et ils épargnaient 1500 FBu. A l’ère PRRPB, ce revenu qui était jadis distribué quotidiennement est devenu mensuel. Cela constitue une épine dans le pied de cette communauté. Ces personnes qui vivent du jour au jour ont du mal à attendre leur salaire jusqu’à la fin du mois. « Avant, l’argent nous était distribué quotidiennement et on pouvait faire face à la pauvreté tant bien que mal. Actuellement, l’argent nous parvient tardivement étant trop endettés et ne nous sert pas à grand-chose, car nous vivons du jour au jour », regrette Concilie Kankindi, une mère de 6 enfants. Cette situation préoccupe également M. Nishishikare. Il regrette que certains d’entre ces Batwa ont renoncé à ces travaux pour chercher le pain quotidien ailleurs. D’autres commencent à reprendre leurs anciennes habitudes de détruire cette réserve naturelle afin de gagner leur vie quotidiennement.
La pérennisation des projets avant tout
Bien que certains de ces Batwa doutent encore de leur devenir après les projets, Joselyne Nsabimana, elle, y voit clair. De l’argent qu’elle épargne, elle espère acheter des chèvres pour avoir du fumier afin de fertiliser son terroir. Ce bétail pourrait aussi lui servir de capital pour un petit commerce qui pourrait faire tourner sa famille après ces projets.
Selon Nishishikare, comme toutes les autres catégories de la population, les Batwa peuvent se développer une fois fortement impliqués dans leurs projets de développement. Comme il l’explique, le secret est de trouver de bonnes approches. Il regrette que souvent les bailleurs leur octroient une aide qui ne correspond pas nécessairement à leur besoin principal. Ce qui fait que, souvent, le développement des peuples autochtones pose problème.
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